
Les médecins libéraux ont-ils un intérêt financier à utiliser des chèques-vacances ?
Tout dépend du régime fiscal choisi, répond notre expert. Pour les médecins au régime réel, l'utilisation de ce titre de paiement peut avoir de vrais avantages.

Article modifié le 11 mars 2025
Véritables titres de paiement, utilisables tout au long de l'année auprès d’un large réseau de professionnels du tourisme (hébergement, voyages et transports, restauration, loisirs sportifs, arts et culture), les chèques vacances étaient historiquement réservés aux seuls salariés. Accessibles grâce à une contribution partagée entre l’employeur et le salarié, ils participent à la politique sociale de l'entreprise qui bénéficie pour ce faire d'exonérations sociales.
Dans un souci d'équité, l'ordonnance du 26 mars 2015 a ouvert aux travailleurs indépendants, et donc aux médecins libéraux, la possibilité d'acquérir auprès de l'ANCV ces mêmes chèques vacances. Mais ont-ils pour autant un intérêt financier à utiliser ce mode de paiement? La réponse dépend de leur régime fiscal.
Dans le cadre d'un régime réel, le médecin libéral pourra avoir un avantage fiscal à acquérir ces chèques vacances. Si leur acquisition entraine des frais d'adhésion au dispositif (80€), des frais d'envoi (19,80€), des frais de commissions (1% de la commande) et la CSG/RDS à hauteur de 9,7%, ces dépenses seront déductibles dans les charges de l'entreprise. Surtout, le montant des chèques vacances diminuera d'autant le revenu imposable du médecin (dans la limite de 1801,80€ pour 2025).
Malheureusement, pour beaucoup, il sera inutile d'aller jusqu'à ce dernier chiffre, puisque si l'acquisition de chèques vacances bénéficie également d’une exonération de cotisations sociales, cette exonération est plafonnée à 30 % du Smic mensuel (540€ pour 2025). D'où le conseil classique de limiter votre acquisition à 540€ de chèques. Au-delà, la taxation sociale viendra fortement limiter les économies fiscales.
La technique de comptabilisation des chèques vacances peut varier selon votre conseil. En général, on "neutralise" l'achat des chèques dans le poste "prélèvement personnel". On diminue ensuite directement dans sa déclaration 2042 le bénéfice du montant des chèques acquis. Il y a donc une différence entre le montant du bénéfice sur la 2035 et sur la 2042. Pas d'inquiétude, c'est normal! Quant au calcul des charges Urssaf, le volet social PAMC intégré dans votre déclaration 2042 permet désormais de traiter cette question.
Si le médecin exerce son activité sous le régime microBNC, il faudra s'assurer auprès de son service des impôts de la possibilité de déduire le montant des chèques vacances de son revenu imposable. Le sujet prête en effet à discussion. Dans tous les cas, l'intérêt du dispositif sera plus limité puisque le médecin ne peut ici déduire les frais liés à l'acquisition. Si un médecin génère 70000€ d'honoraires en microBNC et achète pour 540€ de chèques vacances, il pourrait diminuer son revenu imposable de 7025€ à 6863€, soit une diminution de son impôt de 162€. Sauf que les frais d'acquisition s'élève au moins pour la première année à 157€… Comme on dit en rugby, "le chat est maigre"!
A vos calculs et à vos futures vacances.
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