Il plaque sa carrière de prof et de guide de montagne pour devenir généraliste dans un désert : "La médecine devrait être un service public"

A 46 ans, Christophe est un hyperactif. Initialement professeur des écoles, il est devenu guide de haute montagne, professeur d’escalade… et est désormais futur médecin généraliste. Le Lorrain, qui habite près de Saint-Dié-des-Vosges, s’est lancé le pari fou de reprendre les études de médecine en 2016, alors qu’il était déjà à la tête d’une entreprise, lancée après plusieurs années d’enseignement, et père de deux enfants. S’il avait déjà pensé à faire médecine après son baccalauréat, il ne s’était jamais lancé, “trop flemmard même si bon élève”, à l’époque, préférant les études de mathématiques.
C’est un double concours de circonstances qui a poussé Christophe à retourner sur les bancs de l’université, à commencer par le fait d’être touché de plein fouet par le phénomène de désertification médicale près de son domicile. “La commune avait pourtant construit une maison médicale et elle avait réussi à regrouper une infirmière, une sage-femme, un kiné mais pas de médecin”, précise-t-il. Le second, c’est d’avoir frôlé la mort en 2014, lors d’une expédition dans la montagne. “J’ai vraiment failli avoir un très gros accident et j’ai décidé de tout arrêter. Un bloc de pierre de la taille d’un frigo est passé à 30 centimètres de moi. Ça a été un moment très difficile et j’ai décidé de ne plus remettre les pieds dans des terrains montagneux aussi difficiles”, se souvient-il.
“Vous feriez mieux de faire kiné”
Avant de redevenir un étudiant, Christophe a eu plusieurs vies. En 1999, il devient professeur des écoles et commence l’enseignement à la rentrée 2000. Après à peine trois mois de cours, il est appelé pour faire son service militaire. “Mais mon cas est particulier, car j'ai fait ce qu’on appelle une objection de conscience, c’est-à-dire que je ne voulais pas porter d’armes. À l'époque, le service militaire était de dix mois et c’était le double pour les objecteurs de conscience.” Déjà très sportif, il est affecté au Club alpin. “J’ai encadré des gens à l’escalade, en spéléologie, en alpinisme. J’en ai profité pour passer des diplômes d’État”. A son retour du service militaire, il enseigne une petite dizaine d’années mais rêve de devenir guide haute montagne à part entière. En 2009, il prend donc une disponibilité de l’éducation nationale et part travailler partout dans le monde, en France bien sûr mais aussi en Slovénie, en Iran, en Suisse… En parallèle, il a passé plusieurs autres diplômes, pour encadrer du VTT et du tir à l’arc notamment. Il travaille aussi dans la formation. “J’avais une entreprise qui tournait bien avec l’encadrement de la clientèle en haute montagne. Je faisais aussi de la formation professionnelle dans la pathologie du sport et de l’altitude et également de l'ingénierie de la formation, je travaillais notamment avec les ministères”, explique Christophe.
Après l’incident survenu en haute montagne en 2014, il vit une grande période de remise en question. “J’allais avoir 40 ans et j’avais encore la pêche. Je ne voulais plus bosser dans la montagne difficile mais mon entreprise marchait très bien.” Sa femme à l’époque, lui suggère de retourner à son projet initial : médecine. Il prend un an et demi de réflexion et se lance, à la rentrée 2016.
Son inscription n’a pas été un long fleuve tranquille. Pour justifier de sa réelle envie de devenir médecin, il doit remplir un gros dossier, fournir des lettres de recommandations, de motivation. “J’ai fini par décrocher un entretien où on m’a demandé pourquoi je voulais faire médecine. On m’a aussi prévenu que ça allait être difficile, que ce serait peut-être mieux de devenir kiné… ils apprécieront ! Moi, j’avais envie de raisonnement clinique.” Son projet est même très précis : il veut être généraliste, dans une zone sous-dotée, en exercice libéral. Ses efforts paient, l’ancien enseignant est inscrit et le voilà prêt à retourner étudier ! “Terminer mes études tard ne m’a pas fait peur. J’ai toujours aimé apprendre”, assure aujourd’hui l’interne.
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