Radiologie, anatomopathologie, biologie, dialyse… La Cnam veut s'attaquer aux "rentes économiques"

Dans son rapport Charges et produits pour 2026, l'Assurance maladie publie des analyses "inédites" de rentabilité des secteurs de l’anatomopathologie, de l’audioprothèse, de la dialyse, de la radiologie, de la biologie, de la médecine nucléaire et de la radiothérapie. La caisse appelle à des mesures de régulation économique.

01/07/2025 Par Aveline Marques

L'Assurance maladie n'a pas "vocation à financer des rentes économiques", affirme la Cnam dans son dernier rapport Charges et produits, qui présente cette année des "analyses inédites" sur la rentabilité, considérée comme trop élevée, de plusieurs "offreurs de soins".  

"En 2022, tous les secteurs de soins étudiés présentent une rentabilité opérationnelle (ratio EBE/CA) moyenne supérieure à 15 %, soit le double de la rentabilité moyenne des entreprises marchandes non agricoles et non financières françaises", pointe la Cnam. C'est le cas de la biologie (23.7%), de la radiothérapie (27.2%), de l'audioprothèse (15.8%), de la dialyse (15.5%), de la médecine nucléaire (16.6%), de la radiologie (16%) ou encore de l'anatomopathologie (16%). "Le chiffre d'affaires moyen des entreprises du secteur de l’anatomopathologie est passé de 3,3 millions d’euros en 2018 à 7,6 millions d’euros en 2022, représentant une hausse de 129 % sur la période, soit la plus forte parmi les secteurs étudiés", relève encore le rapport.

Ces "rentes économiques", que l'Assurance maladie définit comme des "situations dans lesquelles on observe un écart anormalement élevé entre la tarification d'une activité de soins et le coût moyen de réalisation de cette activité", ne sont pas "nécessairement illégitimes", concède la caisse nationale : "Les offreurs de soins se comportent de manière rationnelle en cherchant à être efficients dans leur pratique."  

Mais elles nécessitent une attention particulière, insiste la Cnam, qui propose ainsi la mise en place d'un "Observatoire des niveaux de rentabilité et d'endettement". "Les rentes sont générées à partir de financement très majoritairement public, issu des cotisations sociales, qui n’est pas destiné à être investi en dehors du système de soins au-delà d’une « juste » rémunération du capital investi", justifie la Cnam. "Des niveaux de rentabilité élevés peuvent favoriser des mouvements financiers dont les excès peuvent être nuisibles au système de santé", argumente encore la Cnam, redoutant les pratiques d'"optimisation financière" : focalisation sur les actes les plus rentables, sélection de patients, réduction de la qualité des soins ou de la qualité du matériel utilisé, développement de l’offre de soins dans des zones attractives, ou encore optimisation de la facturation pouvant aller jusqu’à l’adoption de pratiques frauduleuses…

"Les médecins « rentiers » toucheraient donc de l'État des revenus sans produire un travail proportionné à ces revenus", s'offusque l'UFML

Dans un "contexte de déficit important et structurel de la branche maladie, l’Assurance Maladie considère que de tels niveaux de rentabilité nécessitent de mener des actions de régulation économique", autrement dit de procéder à des "baisses de tarif". Dans le secteur de la radiologie, elles devraient s'élever à 300 millions d'euros.

Un discours "politisé" vivement dénoncé par l'UFML dans un communiqué, diffusé ce mardi 1er juillet. "Les médecins « rentiers » toucheraient donc de l'État des revenus sans produire un travail proportionné à ces revenus", s'offusque le syndicat du Dr Jérôme Marty, dénonçant des propos "insultants pour toute la profession". Et de rappeler au directeur de la Cnam que les médecins ne sont "pas payés par la Cnam" et que cette dernière "se contente de rembourser les patients".  

Les radiologues travaillent "jusqu'à 70 heures par semaine" et investissent "de leur poche dans des machines coûtant des millions d'euros, dans des locaux, du personnel et des charges qui n'ont fait qu'augmenter ces dernières années", défend le syndicat. "Si la définition d'une rente économique est un travail payé à une valeur ne correspondant pas à la réalité : entre une profession qui a fait douze ans d’études, qui s’endette une vie pour exercer, dont chaque acte, chaque décision relève d’une responsabilité immense et des professions qui ne soignent pas, mais se développent sur la médecine, qui ne relèvent pas d’une formation permanente et continue, au cursus universitaire bien plus court et dont les responsabilités et les horaires sont moindres et les salaires assurés, qui sont les rentiers?", interpelle l'UFML. 

Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?

Claire FAUCHERY

Claire FAUCHERY

Oui

Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus

Photo de profil de Pat Bourgpat
2 k points
Débatteur Passionné
il y a 5 mois
Les rentiers à la base c’était les nobles. Et le théâtre classique français est remplis de ces nobles rentiers usant de leur titre pour ne pas payer les sommes dues ou les contrats réalisés. Cette noblesse fauchée jouant à paraître tout en ne payant pas ses factures courantes. L’usurpation du terme de rentier par cette nouvelle noblesse d’État que sont les hauts fonctionnaires qui vivent en parasite sur un Etat en déficit et qui se targuent des turpitudes des anciens nobles en ne respectant pas leur parole et les contrats signé est assez intéressante dans la façon de modifier le sens de la langue.
Photo de profil de L. K.
2,4 k points
Débatteur Passionné
Aide Médicale Urgente
il y a 5 mois
La CNAM veut que les médecins bossent gratuitement et ne lui coûtent rien, et est prête à leur pourrir la vie pour obtenir gain de cause. Pas besoin d'épiloguer, c'est un tableau Excel qui veut maximiser les recettes et diminuer les dépenses. Il n'y aura jamais de répit, elle n'en aura jamais assez, car les besoins ne feront que s'accroître alors que la part d'actif surtaxés ne fera que diminuer. S'attendre à mieux c'est prolonger une lente agonie dans d'effroyables tourments.
Photo de profil de MICHAEL FINAUD
4,1 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 5 mois
Les vrais rentiers de la CNAMT, ne sont-ils-pas ses Directeurs , Directeurs Adjoints , Directeurs de CPAM, leurs Adjoints , Directeurs de Missions, Chargés de Missions, Conseillers Chefs , et tous les petits Chefs inutiles et coùteux et leurs adjoints payés sur 14 mois ? Ils pourraient tous être remplaçés par des IA. Et le Médecin Conseil National et les 27 Médecins Conseils Régionaux et les Adjoints mieux payés que les Ministres qui passent une fois par an un calvaire avec leurs femmes et secrétaires, voitures de fonction, voyage en avion de première classe pour leurs bilans annuels , souvent en Département d'Outre-Mer et qui bénéficient du Comité d'Entreprise le plus riche de France ? Tous ces personnanges qui haïssent les médecins et les soignants libéraux et qui partagent la responsabilité du déficit attendu de 41 milliards d'€ et qui auront des retraites en or et seront décorés ? C'est un peu fort de taper sur les libéraux qui investissent et qui bossent et qui n'ont pas droit ni aux accidents de travail ni aux congés payés !...
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2