Trois médecins belges aux assises pour une euthanasie non conforme

22/01/2020 Par L. C.
Ethique
La justice belge s'apprête à juger trois médecins accusés de ne pas avoir respecté les conditions légales d'euthanasie d'une femme qui souffrait de lourds problèmes psychiatriques. Un procès inédit depuis que cet acte a été dépénalisé en 2002.

  Le procès devant la cour d'assises de Gand, qui doit durer jusqu'à la fin janvier, porte sur des faits remontant à 2010, lorsque Tine Nys, une Belge néerlandophone de 38 ans, avait souhaité mourir. Dans le box vont comparaître le médecin qui lui a administré la perfusion mortelle et deux autres professionnels ayant donné leur feu vert à l'euthanasie, un généraliste et un psychiatre. Ils sont poursuivis par les deux sœurs de Tine Nys qui ont porté plainte. Elles leur reprochent une décision hâtive. Les trois médecins sont accusés d'empoisonnement et encourent en théorie la réclusion à perpétuité. "Dans l'échelle des crimes c'est difficile de trouver plus grave, on est dans le même chapitre du code pénal que l'assassinat", souligne à l'AFP une source proche du dossier. Depuis la dépénalisation de l'euthanasie en Belgique par une loi de 2002, c'est la première fois que des médecins sont jugés pour des présumés écarts par rapport au cadre légal. Dans ce procès inédit va se poser la question de l'aspect incurable du mal dont souffrait Tine Nys, alors que les euthanasies pratiquées pour des maladies psychiatriques représentent une part infime du total. Selon ses sœurs, tout n'a pas été tenté pour la soigner après que le diagnostic d'autisme a été posé sur ses souffrances, "deux mois avant sa mort". Toutefois selon les spécialistes qui ont eu connaissance du cas, "le lourd passé psychiatrique" de la malade, conjugué à une demande de mourir "réitérée, réfléchie, sans pression extérieure", laisse peu de place au doute. Les médecins mis en cause contestent les faits et assurent s'être conformés à la loi.   "Manquements" "La demande de Tine Nys était réelle, plus volontaire que cette demande on ne trouvera pas", affirme à l'AFP la juriste Jacqueline Herremans, qui préside l'Association belge pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). A 38 ans, elle souffrait de problèmes psychiatriques depuis "certainement une vingtaine d'années, avec des tentatives de suicide". "Il faut voir tout ce qu'elle avait déjà connu comme traitements. Était-il raisonnable de lui en demander encore un nouveau ?", interroge cette experte, qui siège dans la commission fédérale de contrôle et d'évaluation de l'euthanasie. En Belgique, l'euthanasie active est autorisée depuis 2002 pour les patients souffrant d'un mal incurable et dont la demande a été formée "de manière volontaire, réfléchie et répétée". Ce droit a été étendu aux mineurs en 2014, dans un cadre légal également très strict. Autre aspect du procès, le médecin ayant pratiqué l'euthanasie se voit reprocher son attitude pendant l'acte. Formé depuis peu à la pratique de cet acte, il aurait fait preuve d'un certain "amateurisme" selon les temoignages. Il aurait notamment demandé au père de Tine de tenir l'aiguille dans le bras de sa fille pour l'aider. "Des manquements professionnels incontestables", selon la source proche du dossier. "Tine n'est pas morte de manière décente. C'était l'intention initiale, mais ça a très mal tourné", a déploré sa soeur Sophie à la barre mardi 22 janvier. Selon les derniers chiffres officiels disponibles, 2.357 déclarations d'euthanasie ont été enregistrées en 2018 en Belgique par la commission fédérale compétente. Le dernier cas médiatisé est le décès en octobre dernier à 40 ans de l'athlète paralympique Marieke Vervoort, qui avait annoncé son intention de recourir à l'euthanasie pour mettre fin à ses souffrances. [avec AFP]

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