
"Vous avez dégoûté l'un d'entre nous" : ces médecins des Côtes-d'Armor crient leur colère à la CPAM après le départ d'un jeune généraliste
Les 119 médecins membres du Comeli 22 ont écrit une lettre ouverte à la directrice de la Caisse primaire d'Assurance maladie de leur département, lui reprochant d'avoir précipité le départ d'un jeune confrère. Ce dernier avait été mis en cause pour ses prescriptions d'arrêts maladie.

Ils ont pris leur plume pour crier leur rage et leur désespoir. "Madame, nous sommes en deuil", lancent les membres du Comeli 22 à la directrice de la CPAM, dans une lettre transmise à la presse. "Un confrère nous a quitté le 31 décembre 2024, il a abandonné la médecine libérale et nous ne vous remercions pas." Ce jeune généraliste s'était installé trois ans plus tôt dans un désert médical en centre Bretagne, "parce qu'il avait le soin dans le sang, parce qu'il rêvait depuis longtemps de devenir médecin de famille", soulignent les 119 praticiens signataires.
Comme tout jeune installé, le généraliste a logiquement été amené à prendre en charge un grand nombre de soins non programmés. Des consultations de "jeunes actifs qui aboutissent souvent à des arrêts de travail", pointent ses confrères. Pour ses prescriptions d'indemnités journalières, jugées trop nombreuses, le jeune généraliste a été convoqué par l'Assurance maladie. Il a finalement échappé à la mise sous objectifs (MSO), mais "il a reçu plusieurs fois, depuis un an, la visite d’un médecin conseil lui faisant savoir qu’il était dans le collimateur de la CPAM 22 et que l’idée d’une MSO était toujours en suspens, comme une épée de Damoclès", déplorent les membres du Comeli. "Malgré une pratique irréprochable, il ne rentrait pas dans vos statistiques", chargent-ils.
Pour ces derniers, il ne fait nul doute que c'est "cette cabale absurde" qui a précipité son départ, laissant 1 000 patients sur le carreau dans un désert. Ces "procédures administratives [...] incompréhensibles et insensées" découragent "les jeunes médecins thésés et les internes en médecine générale qui nous font comprendre qu'ils ne s'installeront pas dans ces conditions et se dirigeront vers le salariat", reprochent les médecins du Comeli à la CPAM. "Si c’est la mort de la médecine générale libérale que vous souhaitiez, alors elle est déjà consommée."
En 2023, 5 000 généralistes ont été ciblés pour leurs prescriptions d'arrêts de travail partout en France. A l'issue de 3 534 entretiens confraternels, 416 ont été mis sous objectifs et 204 sous accord préalable (MSAP), un nombre record.
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