"Nous avons voulu tourner le dos à l’immobilisme et au corporatisme" : le président de l'Ordre des médecins fait le bilan

"Nous avons voulu délibérément tourner le dos à l’immobilisme et au corporatisme. Nous écoutons la société et essayons de comprendre de quelle façon les médecins doivent modifier leur exercice pour accompagner les patients et la société", s'est félicité le Dr François Arnault, lors de la traditionnelle cérémonie des vœux pour 2025. Le président, qui achève un mandat de trois ans, a rappelé ses combats et ses engagements à la tête de l'institution ordinale.

Le président a réaffirmé "sa détermination pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes", avec l'objectif d'une "tolérance zéro". "Il n’y a pas de place pour les médecins auteurs de crimes et notamment de crimes sexuels dans l’exercice de la médecine", a-t-il insisté.

Il a également abordé le sujet de la baisse de la démographie médicale, estimant que "l’amélioration passera inévitablement par l’augmentation du nombre de médecins et par l’organisation des équipes de soins territoriales autour des médecins". Une volonté appuyée par le ministre de la Santé, qui s'est prononcé en faveur de la fin du numerus clausus.

"Les attentes sont immenses. Les tensions démographiques, les inégalités territoriales et la fragilisation de l’exercice de la médecine sont autant de symptômes d’un système de santé qui vacille. Plus l’offre de premier recours s’effondre, plus le système ploie sous la demande, au détriment de tous, noyant le système hospitalier par un afflux de patients inadapté. Face à cette urgence, seule l’idée de la coercition à l’installation ressort des projets des partis politiques ! Fausse bonne idée qui ne fera qu’aggraver le manque d’attractivité de cet exercice médical", a martelé le Dr François Arnault.

Aux côtés de la Conférence des doyens, de l'Anemf et de l'Isni, l'Ordre s'est prononcé en faveur de la création d'un poste d'assistanat territorial dans les territoires en tension qui "permettrait à ces médecins juste thésés d’obtenir des avantages comparables à ceux des anciens assistants des hôpitaux pour ceux qui choisiraient l’exercice libéral et des gains d’échelons pour ceux qui se destineraient à un exercice hospitalier".

"L'IA ne remplacera pas le médecin"

Autre cheval de bataille du président de l'Ordre : l'encadrement de la médecine esthétique qui est "un véritable aspirateur qui détourne les diplômes pour les raisons que nous connaissons tous", a-t-il pointé, déplorant ne pas parvenir "à obtenir les décisions nécessaires". Sur ce point, le conseil national a été rassuré par le ministre.

François Arnault s'est également exprimé sur l'intelligence artificielle qui "va impacter fortement l’exercice de la médecine". "Les logiciels de consultation en sont le premier exemple spectaculaire, et je pense que c’est quelque chose de nouveau qui va révolutionner l'activité du médecin dans son cabinet", a estimé le président. Pour autant, "l’IA ne remplacera pas le médecin", a-t-il rassuré.