"On n'a pas à supporter ça" : le coup de gueule d'un médecin de garde

08/11/2018 Par Aveline Marques

Posté sur Facebook, le message d'une patiente qui se plaignait d'avoir attendu en vain un médecin a été la goutte de trop. Lassés d'être les boucs-émissaires de la désertification médicale, les médecins qui assurent la permanence des soins à la maison médicale de garde de Loudéac (Côtes-d'Armor) menacent de jeter l'éponge.

  La scène se déroule le 18 octobre, en soirée. Une jeune mère se présente devant la maison médicale de garde de Loudéac : son "petit" a plus de 39 de fièvre. Elle n'est pas seule : "une petite dizaine d'autres personnes" seraient également venus consulter. Las, la maison médicale reste porte close et le centre 15 ne parvient pas à joindre le médecin de garde. Après avoir attendu 1h30 "dehors dans le froid", la jeune maman se résout à rentrer chez elle avec son fils "sans avoir vu de médecin". Mais elle ne veut pas en rester là. En colère, elle décide de raconter sa mésaventure sur la page Facebook des habitants de Loudéac, qualifiant le comportement des médecins de garde de "honteux".

Le sang du Dr François Lozach, l'un des médecins en question, ne fait qu'un tour. "On n'a pas à supporter ça", s'emporte ce généraliste, installé à Plémet, dans la presse locale. "Nous travaillons 12h par jour ; nous assurons une permanence des soins sur la base du volontariat au travers la maison médicale de garde, quand la maison de santé est fermée, et ce à tour de rôle", rappelle-t-il, s'exprimant au nom de ses confrères. "Il ne devrait pas y avoir de gens à attendre dehors. Ils doivent être régulés par le 15. Ont-ils seulement appelé ce numéro avant de venir à la maison médicale de garde ?", interroge-t-il. "Nous ne pouvons garantir que nous serons à l’heure à la maison de garde. Il est probable que ce soir-là, le collègue de service avait une intervention en cours, ce qui explique son retard." Et d'alerter : "Quand nous avons commencé ces permanences, nous étions 40 médecins. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que 22 et l’an prochain nous descendrons sous la barre des vingt." Las d'être les boucs-émissaires de la désertification médicale, "situation contre laquelle nous avons mis en garde les autorités sanitaires depuis vingt ans", les médecins "pourraient bien envisager de mettre un terme à la permanence des soins au sein de la maison médicale de garde", prévient le Dr Lozach. [avec Le Courrier indépendant]

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Claire FAUCHERY

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