
Ces praticiens appellent à reconnaître la médecine de l'adolescence comme une spécialité à part entière
Une vingtaine de médecins appellent, dans une tribune publiée dans Le Monde, à "reconnaître la médecine de l'adolescence comme une spécialité médicale à part entière", à la croisée de plusieurs spécialités. Ils plaident pour une approche "globale" afin d'"accompagner au mieux la jeunesse".

"Afin de garantir un accès à la santé clair et équitable pour tous les adolescents", il est "essentiel" de "promouvoir" et de "reconnaître la médecine de l'adolescence comme une spécialité médicale à part entière", appelle un collectif d'une vingtaine de soignants – essentiellement pédiatres, ce vendredi 16 mai, dans une tribune publiée dans Le Monde. Cette spécialité devrait se situer "à la croisée de la médecine générale, de la pédiatrie et des autres disciplines médicales et chirurgicales", pour une "approche globale" de l'adolescence.
"La médecine de l'adolescence, discipline encore en plein essor en France, se définit comme une clinique du changement", rappellent les signataires de ce texte. Or, "si ce changement s'opère sur plusieurs plans – biologique, psychologique et social –, notre culture occidentale met au premier plan les remaniements psychiques". "L'imaginaire collectif façonne ainsi la 'crise d'adolescence', un processus pourtant souvent fluide qui orchestre les transformations du corps, de la pensée et des relations aux autres."
Pour ces soignants spécialisés dans la prise en charge des adolescents, "ce soin de l'individu en transformation ne peut pas être vu simplement comme une juxtaposition de spécialités médicales et psychiatriques, car l'adolescence n'est pas un remaniement graduel et compartimenté des dimensions physiques et psychiques de la personne". "Il ne peut être pensé que comme une dynamique globale nécessitant une coordination des professionnels adaptée et ciblée sur l'adolescent", estiment-ils, appelant à faire une place grande place au corps, "véritable outil d’expression des adolescents", et qui "doit devenir une porte d’entrée vers un parcours de soins global".
Un bilan de santé complet
Alors que l'offre de soins pour la jeunesse "s'est développée progressivement dans les services d'hospitalisation et de consultations hospitalières à partir des années 1980", puis "dans les maisons des adolescents (MDA), dans les espaces santé jeunes, avec les médecins généralistes et les pédiatres, libéraux et hospitaliers, ainsi qu'en santé scolaire", le modèle nécessite d'être amélioré. Les signataires jugent qu'une "offre unifiée en soins primaires" est "possible", grâce à l'appui des pouvoirs publics et en concertation avec l'ensemble des acteurs qui exercent dans ces structures.
Ils appellent, en outre, à généraliser les consultations de premier recours, "gratuites, confidentielles et accessibles sans condition", comme celles proposées par les MDA. "Chaque adolescent devrait bénéficier d'un bilan de santé complet, réalisé par un professionnel formé et distinct, si possible, du médecin traitant des parents", dans le cadre de la consultation obligatoire des 11-13 ans, à l'entrée du collège. "Une valorisation financière de ces consultations approfondies serait essentielle pour l’activité libérale", considèrent les auteurs.
Ces derniers plaident par ailleurs pour un renforcement du positionnement de la médecine de l'adolescence dans la formation et de la recherche universitaire. "Cette formation professionnelle devrait être plus accessible, voire obligatoire, pour tous les étudiants en médecine", pensent-ils. Elle pourrait aussi se développer via la formation médicale continue. "L'exercice pourrait bénéficier de références médicales opposables [le schéma thérapeutique] en matière de consultations adolescentes", qui seraient "élaborées sous l’égide de la Haute Autorité de santé", avancent-ils encore.
Enfin, les signataires proposent une "labellisation sur cahier des charges" par la Direction générale de la santé, ce qui permettrait "d'identifier des unités départementales référentes de médecine de l’adolescence et des professionnels formés et affectés à cette activité dans les grands services de pédiatrie ne disposant pas d’unité spécifique".
Et de conclure : "ce suivi médical référencé et complémentaire permettrait d’accompagner au mieux la jeunesse, en prévenant efficacement les comportements à risque et l'apparition de pathologies, pour faire en sorte que ces jeunes deviennent les acteurs de leur santé de demain".
[avec Le Monde]
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