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Accusés de privilégier l'esthétique, les dermatos se défendent : "Cela représente moins de 10% de l'activité"

Le Syndicat national des dermatologues-vénérologues (SNDV) n'a pas digéré l'émission Capital diffusée le 2 février dernier. Dans un contexte de difficultés d'accès aux dermatologues, il est reproché aux spécialistes de prioriser les activités esthétiques, jugées plus rentables. Un "préjugé" qui "nuit à l'image" de la profession.

05/03/2025 Par Aveline Marques
Médecine esthétique
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Consacrée aux "abus", au gaspillage et plus largement au "business" de la santé, l'émission du magazine Capital diffusée sur M6 le 2 février dernier a fait réagir les spectateurs… et bondir les dermatologues. Ces derniers y sont en effet accusés de prioriser, pour des raisons de rentabilité, les consultations de médecine esthétique. On y voit ainsi un même cabinet, joint par téléphone par deux journalistes, proposer un rendez-vous à un an pour une consultation médicale "classique", contre seulement 10 jours pour une injection d'acide hyaluronique. "Si je veux faire des injections de botox j'ai un rendez-vous demain", se désespère ainsi une patiente, qui ne parvient pas à trouver de dermatologue pour faire traiter sa jambe.

Dans un communiqué du 24 février, le SNDV dénonce "un procès d'intention contre les dermatologues" et "un préjugé qui nuit à l'image et au crédit de l'ensemble de la profession". "Aujourd’hui, un certain nombre de Français pensent qu’il est de plus en plus difficile d’obtenir un rendez-vous en dermatologie parce que les dermatologues privilégieraient les soins esthétiques alors qu’en réalité cette conséquence est due à une pénurie de ces professionnels depuis plusieurs années", corrige le Dr Luc Sulimovic, président du syndicat. En réalité, avance le SNDV, l'activité esthétique "ne représente qu'à peine moins de 10% de l'activité totale pour l'ensemble de ces professionnels de santé spécialisés, y compris à l'hôpital".

Les médecins généralistes sont de plus en plus nombreux à faire de la médecine esthétique sans qualification reconnue alors que nous sommes en pénurie de médecin traitant

Le président du syndicat rappelle néanmoins que les dermatologues "sont des experts qualifiés en médecine esthétique". Et que "les médecins généralistes sont de plus en plus nombreux à faire de la médecine esthétique sans qualification reconnue alors que nous sommes en pénurie de médecin traitant"…

Alors que la moitié des dermatologues en exercice ont plus de 55 ans, le syndicat se bat pour augmenter le nombre de postes d'internat, et œuvre au développement des équipes de soins spécialisées et de la télé-expertise, qui permet aux généralistes d'avoir un "diagnostic rapide". Enfin, il réclame la suppression de l'obligation de la primo-prescription hospitalière de "médicaments majeurs dans les maladies chroniques inflammatoires dermatologiques permettant ainsi une prise en charge plus efficace des patients nécessitant ce type de thérapeutique par les dermatologues libéraux".

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5 débatteurs en ligne5 en ligne
Photo de profil de Raphael Besnier
20 points
Dermatologie et vénérologie
il y a 9 mois
Bonjour, Dermatologue en secteur I ne pratiquant aucun soin esthétique, je ne pense pas que le cœur du problème réside dans la pratique d'actes esthétiques par une partie des dermatologues. Le véritable problème, c'est la pénurie organisée, pensée et structurée depuis des décennies par nos gouvernants. Nous, dermatologues, sommes 3,4 pour 100 000 habitants. Pour garantir un accès correct aux soins, il en faudrait 5 pour 100 000. Pour maintenir les effectifs de la profession face aux départs à la retraite à venir, il faudrait autoriser 125 internes à suivre le cursus de dermatologie chaque année. Or, ils ne sont que 94... (à titre d'exemple, 44 % des dermatologues avaient plus de 60 ans en décembre 2023 !). Il faut arrêter de blâmer les dermatologues qui font ce qu'ils peuvent en s'organisant en réseaux de télé-expertise en plus de leur activité quotidienne déjà bien chargée. Ensuite, on peut poser la question de l'activité esthétique au détriment de l'activité de soins. Oui, mais ce serait malhonnête de ne pas soulever également la question de la valorisation des actes médicaux, notamment les consultations. Comme pour les médecins généralistes, la dermatologie reste une spécialité clinique où la consultation, mal valorisée, constitue l'acte de base. Pour rappel, une consultation chez un spécialiste était facturée 110 francs en 1982. En tenant compte uniquement de l'inflation, cette consultation devrait coûter aujourd'hui 48 €. Pourtant, elle est actuellement fixée à 31,50 €, soit une perte de plus de 52 % ! Comment s'étonner que certains délaissent les soins pour se tourner vers l'esthétique ? De plus l'activité esthétique ne l'est pas toujours, si l'on prend les patientes atteintes d'hirsutisme sur pathologies endocrinos, les cicatrices après accidents (tatouages accidentels par inclusion de corps étrangers, etc..) j'en passe, les patients sont pris en charge par nos confreres, consoeurs ayant cette compétence pour réparer ces altérations, ces blessures de la vie. Il ne faut pas dénigrer cette compétence et ne réduire cette pratique qu'à du mercantilisme. Et que dire de nos conditions d'exercice : sous pression perpétuelle, soumis à des critiques incessantes, avec des heures et des heures de travail, journées sans fin, consacrées à des pathologies lourdes comme la cancérologie ou les maladies inflammatoires nécessitant des compétences pointues (biothérapies, etc.)... tout cela pour 31,50 € ! Plutôt que de blâmer les médecins, il faudrait poser les bonnes questions et chercher à comprendre d'où viennent ces problèmes : pénurie organisée de professionnels et non-valorisation des actes médicaux à leur juste valeur. Ceci est simplement l'opinion d'un dermatologue en secteur I.
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2,6 k points
Débatteur Passionné
Autre spécialité médicale
il y a 9 mois
Il y a une dizaine d'années, ma dermato a pris une associée . Je n'étais pas prévenu. Suivi pour une dermatose (qui a tué mon père), pour un contrôle post opératoire, je me présente à la porte de sa toute petite salle d'attente. Bondée ! Que des femmes ! j'étais le seul homme. Des dames d'age moyen. Trés soignées, bronzées, coiffées, élégantes, finement maquillées,. Genre "nos propres belles femmes de médecins"... Je sens que les jupes sont rectifiées, les jambes se croisent , les dos se raidissent, les nez se pinçent, les lèvres se crispent.. Et surtout je sens les regards. Qui ce type ? cherchez l'erreur, que fait-il ici au milieu de la gens féminine ? Un pervers venu lorgner les cuisses bronzées ? S'agissant d'un cabinet de dermato-vénérologie, elles ont dû se dire que je venais pour une maladie dégoutante du zizi... En fait l'associée était bien dermato, mais ne faisait que de l'esthétique . Elle est partie s'installer en zone franche (là où l'on est exonéré d'impôts). En voilà une qui avait tout compris ! J'ai raconté ça à ma femme dont la seule réaction a été "comment elle s'appelle?"
Photo de profil de Sylvie B.
8 points
Dermatologie et vénérologie
il y a 9 mois
.Je suis dermatologue, 55 ans (la plus jeune liberale dans ma ville pourtant universitaire) et je vois depuis 20 ans mes collègues partir à la retraite (méritée) sans être remplacés. Je ne fais plus d'esthétique depuis 20 ans (par goût) et une grande partie de mon exercice s'est transformée bon gré mal gré en oncologie dermatologique (priorité oblige, pas vraiment un choix). Ayant planté le décor, je précise que bon nombre de patients à qui je diagnostique des lésions bénignes, sont demandeurs et insistent pour qu'on traite ou qu'on enlève ces lésions et n'entendent rien au fait que je leur dise de vivre avec. Si l'esthétique a le vent en poupe, c'est aussi parce qu'il y a une demande importante, dans ce monde narcissique rempli d'écrans.
 
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