Les trajectoires de taille et d’indice de masse corporelle des enfants d’âge scolaire et des adolescents varient considérablement d’un pays à un autre

19/11/2020 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Les données globales, comparables en termes de santé et de nutrition concernant les enfants d’âge scolaire et les adolescents, sont peu nombreuses. Ceci a conduit un consortium d’épidémiologistes (Non-Communicable Disease Risk Factor Collaboration) à estimer en fonction des données disponibles dans la littérature, les trajectoires de croissance et leur évolution dans le temps, en particulier dans le but d’évaluer les variations des prises de poids au-delà de ce qui est attendu pour les gains de taille chez les enfants et les adolescents.

  Cette analyse poolée a utilisé la base de données des facteurs de risque cardio-métaboliques colligées par le groupe NCD Risk Factor Collaboration. L’estimation des tendances entre 1985 et 2019 pour la taille moyenne et l’IMC moyen dans chaque groupe d’âge entre 5 et 19 ans était appréciée par un modèle Bayesien hiérarchique. Les données ont été obtenues à partir de 2 181 études de population qui avaient mesuré la taille et le poids de 65 millions de participants dans 200 pays et territoires. En 2019, les auteurs ont estimé que la différence dans la taille moyenne des adolescents de 19 ans dépassait 20 cm entre certains pays et d’autres, par exemple, entre les populations les plus grandes (Pays-Bas, Monténégro, Estonie et Bosnie Herzégovine pour les garçons ; Pays-Bas, Monténégro, Danemark et Islande pour les filles) et les populations les plus petites (Timor, Laos, Iles Salomon, Papouasie, Nouvelle Guinée pour les garçons ; Guatemala, Bengladesh, Népal et Timor pour les filles). Toujours à 19 ans, la différence entre les IMC moyens les plus élevés (Iles Pacifique, Koweït, Bahreïn, Bahamas, Chili, Etats-Unis et Nouvelle Zélande pour les garçons et les filles ; Afrique du Sud pour les filles) et les IMC moyens les plus bas (en Inde, au Bengladesh, au Timor, en Ethiopie et au Tchad pour les garçons et les filles ; au Japon et en Roumanie pour les filles) atteignait environ 9 à 10 kg/m2. Dans certains pays, les enfants à l’âge de 5 ans démarraient avec une taille et un IMC plus « sains » que la médiane globale (et dans certains cas aussi sains que les pays les plus performants) mais ils devenaient de moins en moins « sains » en grandissant en comparaison d’autres pays car ils restaient plus petits (par exemple les garçons en Autriche et aux Iles Barbade et les filles en Belgique et à Porto Rico) ou car ils prenaient trop de poids pour leur taille (par exemple les filles et les garçons au Koweït, à Bahreïn, aux Fidji, en Jamaïque ou au Mexique et les filles en Afrique du Sud et en Nouvelle Zélande). Dans d’autres pays, les enfants dépassaient la taille des autres pays (par exemple République Tchèque, Maroc et Iran) ou courbaient leur prise de poids (par exemple Italie, France et Croatie) au moment de l’adolescence. Lorsque les variations, à la fois de la taille et de l’IMC, étaient prises en considération, les filles en Corée du Sud, au Vietnam, en Arabie Saoudite, en Turquie et dans certains pays d’Asie Centrale comme l’Arménie ou l’Azerbaïdjan et les garçons en Europe Centrale et en Europe de l’Ouest (par exemple au Portugal, au Danemark, en Pologne et au Monténégro) ont eu les changements les plus « sains » en termes de statut anthropométrique au cours des 35 dernières années parce qu’en comparaison des enfants et des adolescents d’autres pays, leur gain statural était plus important que leur gain de poids. Les variations moins bonnes pour la santé, c’est-à-dire prendre peu au plan statural ou prendre trop de poids pour la taille en comparaison avec les enfants des autres pays, survenaient dans de nombreux pays d’Afrique Sub-Saharienne, en Nouvelle Zélande et aux Etats Unis chez les garçons et les filles, en Malaisie et dans certaines îles Pacifiques chez les garçons et au Mexique chez les filles. En conclusion, les trajectoires de taille et d’IMC en fonction de l’âge et du temps sont très variables d’un pays à l’autre, ce qui indique une qualité nutritionnelle hétérogène et prédispose à des pronostics très différents en termes de santé.

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