Troubles bipolaires : l’enjeu du diagnostic précoce

29/03/2017 Par Dr Philippe Massol
Psychiatrie

Avec un risque de suicide multiplié par 15, les troubles bipolaires sont la pathologie psychiatrique la plus suicidogène. De plus, le risque de mortalité naturelle prématurée est doublé par rapport à celui de la population générale. Et pourtant, cette pathologie reste mal connue. À l'occasion de la 3e Journée mondiale qui lui est consacrée, jeudi 30 mars, l’association Argos 2001 et la Fondation FondaMental organisent à Paris et en région des manifestations sur le thème "Troubles bipolaires : osons la prévention!".

La maladie bipolaire est grave, avec une souffrance morale considérable : 25% de tentatives de suicide, dont 15% sont fatales. Elle est fréquente : 650.000 à 1,6 million de personnes en sont atteintes en France. Entre un premier épisode et la mise en place d’un traitement régulateur de l’humeur, il s’écoule environ 10 ans, ce qui laisse les patients dans l'errance et retarde la prise en charge. Et ces patients ont 10 à 20 ans d’espérance de vie en moins par rapport à la population générale, en raison principalement du retard au dépistage et au traitement des comorbidités cardio-vasculaires. 30% à 40% des personnes atteintes de troubles bipolaires souffrent en effet d’un syndrome métabolique, d’HTA, d’obésité, de diabète, etc., soit deux fois plus qu’en population générale, et  deux tiers d’entre eux ne reçoivent    pas de traitement pour ces pathologies. Le repérage en médecine générale est crucial. Seuls un diagnostic précoce et une thérapeutique adaptée permettront d’améliorer le pronostic. Mais, la prise en charge des patients atteints de troubles bipolaires est complexe "du fait de lʼimportante hétérogénéité de leur expression clinique, des comorbidités et de lʼutilisation, qui doit rester prudente, des antidépresseurs et du maniement difficile des thymorégulateurs", écrivait en 2011 le Dr Christian Gay, en avant-propos d’un dossier toujours d’actualité (Concours Médical, 2011, n°7, 519-540). "De plus, le relais du médecin généraliste au spécialiste est loin dʼêtre bien codifié et le partenariat entre les deux le plus souvent inexistant." Le handicap généré par la maladie (familial, social, professionnel) est majeur. Une étude récente chez 1 300 patients montre que seulement un tiers des bipolaires sont employés à plein temps. Sur le plan affectif, ils sont le plus souvent célibataires ou divorcés. Ces conséquences psychosociales sont liées aux épisodes de décompensation de la maladie mais aussi aux symptômes résiduels, qui impactent le fonctionnement du patient au-delà des périodes de déséquilibre thymique : fonctionnement cognitif altéré, persistance d’abus/dépendance de substances, voire état dysthymique qui ne remplit pas les critères d’un épisode majeur constitué. Déployée en France dès 2015 par Argos 2001, une association d’aide aux patients et à leurs proches, la Journée mondiale des troubles bipolaires a lieu chaque année le 30 mars, date anniversaire de la naissance de Vincent Van Gogh. A l’occasion de la 3ème édition de cette journée, Argos 2001 et la Fondation FondaMental s’associent et organisent des manifestations sur le thème "Troubles bipolaires : osons la prévention !" les 29 et 30 mars 2017 à Paris, Bayonne, Clermont-Ferrand, Grenoble, Limoges, Metz, Nancy, Poitiers. Ces journées de conférences ont pour ambition d’apporter une information de qualité aux familles concernées, aux professionnels de santé ainsi qu’aux médias sur une maladie encore insuffisamment connue. Cette édition traitera de l’enjeu de la prévention, depuis le diagnostic précoce jusqu’à la prise en charge des épisodes intercritiques, en abordant également la prévention des ruptures familiales, sociales et professionnelles. La manifestation parisienne se tiendra à  l’auditorium de la Cité des sciences et de l’industrie. Cette journée du 30 mars marquera aussi le lancement par la Fondation de la première campagne digitale de sensibilisation grand public aux troubles bipolaires. Une campagne choc qui proposera aux internautes de vivre une expérience immersive unique à travers un spot vidéo pour mieux comprendre le quotidien des malades.

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