
Suppression du numerus apertus : les doyens des facultés de médecine craignent une dégradation de la formation
Alors que les sénateurs doivent examiner, ce mardi 17 juin, la proposition de loi Neuder visant à augmenter substantiellement le nombre de carabins, les doyens des facultés de médecine alertent sur des mesures qui, "sans moyens supplémentaires", pourraient s'écarter de l'effet escompté et aggraver la situation.

"Aujourd'hui, force est de constater que nos facultés de médecine manquent cruellement d'enseignants, de personnels de scolarité, de locaux. Beaucoup de lieux de stage sont également arrivés à saturation", rappelle la Conférence des doyennes et des doyens, ce mardi 17 juin, dans un communiqué de presse.
Alors que doit être examinée, ce mardi après-midi, au Sénat, la proposition de loi Neuder qui vise à augmenter de façon substantielle le nombre d'étudiants en médecine, l'institution craint que les mesures contenues dans le texte ne viennent compromettre l'objectif affiché, qui est d'améliorer l'accès aux soins sur l'ensemble du territoire.
La PPL déposée par le ministre chargé de la Santé lorsqu'il était député prévoit notamment de supprimer le numerus apertus, qui a remplacé le numerus clausus instauré au début des années 1970, jugé encore trop restrictif. Le texte entend faire en sorte que les capacités d'accueil en 2e et 3e années de premier cycle des études de médecine prennent mieux en compte les besoins de santé des territoires.
Les agences régionales de santé et conseils territoriaux de santé (CTS) pourront appeler une université à accroître ses capacités d'accueil, "lorsque celles-ci ne correspondent pas aux objectifs pluriannuels qu'elle a arrêtés", lit-on dans la PPL.
Afin d'éviter la "fuite des cerveaux", Yannick Neuder veut également faciliter la réintégration des jeunes partis suivre des études de médecine dans d'autres pays européens (Roumanie, Belgique…) au cursus de formation français. Un autre article de cette proposition de loi propose, en outre, de "consolider le dispositif des passerelles pour favoriser une reconversion réussie des professionnels paramédicaux désireux de s'engager dans les études de médecine.
Une stratégie "graduée" pour répondre aux besoins de santé
Si la Conférence des doyennes et des doyens se dit "très préoccupée par le sujet des déserts médicaux et par l'inégalité d'accès aux soins", l'augmentation du nombre d'étudiants en médecine voulue par le ministre chargé de la Santé lui paraît, pour l'heure, difficilement applicable. "Sans moyens supplémentaires, continuer à augmenter le nombre d'étudiants en médecine aggraverait encore cette situation et dégraderait la formation de nos futurs médecins", met-elle en garde.
La Conférence rappelle en effet l'augmentation "rapide" du nombre d'étudiants admis en 2e année depuis dix ans : "Il est passé de 8 000 à 12 000 par an entre 2014 et 2024, soit une augmentation de 50% en 10 ans." Il a même "triplé entre 1995 et 2024". "Cette augmentation rapide du nombre d’étudiants s'est faite à moyens constants et s'est nettement accélérée depuis 2010", souligne la CDD.
La réintégration "précoce" des jeunes Français partis étudier en Roumanie, en Belgique ou en Espagne, "aura pour effet le dépassement des capacités de formation de nos facultés", alerte également l'institution, "sans parler de l'iniquité (y compris financière) qu'engendrerait la réintégration d'étudiants partis dans des pays où il n'existe souvent pas de sélection à l'entrée des études de médecine".
Pour la Conférence, ces mesures ne tiennent, par ailleurs, pas compte de la durée des études de médecine. "Il faut au moins 10 ans pour former un médecin et les décisions d'aujourd'hui n'auront d'effet qu'en 2035", rappelle-t-elle.
Conscients de l'urgence, les doyens suggèrent une "stratégie graduée et rapidement opérationnelle" pour répondre aux besoins actuels des Français qui serait fondée sur la création, "dès 2025", de postes d'assistants territoriaux, "accompagnée de mesures d'attractivité" ; sur l'accélération de la territorialisation des stages des internes et étudiants en deuxième cycle "pour les inciter à découvrir les territoires et à s'installer en dehors des grandes métropoles" ; ou encore, la promotion de la pratique avancée des paramédicaux.
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