
Liberté d'installation, santé mentale… En direct du 25ème congrès des internes de médecine générale
Les internes de médecine générale ont débuté, ce jeudi 6 février à Lille, la 25ème édition du congrès de l'Isnar-IMG. L'événement, qui doit réunir près de 900 futurs généralistes, est consacré cette année à la thématique de la santé globale. D'autres sujets brûlants seront aussi abordés, comme la réforme de la quatrième année de médecine ou la coercition. "Nous devons penser différemment. Au lieu de contraindre, nous devons encourager", a tenu à rappeler le président du syndicat, Bastien Bailleul, en ouverture du congrès.

"La santé globale est un thème qui dépasse les frontières de nos cabinets et qui reflète les enjeux auxquels nous faisons face en tant que soignantes et soignants dans un monde en constants évolution." C'est sur ces mots que Bastien Bailleul, président de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), a ouvert ce jeudi 6 février la 25ème édition du congrès du syndicat. En 2024, plus de 700 internes de médecine générale s'étaient réunis à Rouen. Cette année, ils sont près de 900 attendus au Grand Palais de Lille pour échanger sur la thématique de la santé globale.
Intitulé "D'humain à monde, tissons le soin", ce congrès annuel abordera plusieurs questions, notamment sur les discriminations au cabinet, l'écologie, la santé mentale des soignants et des étudiants, ainsi que sur la quatrième année de médecine, l'accès aux soins et la coercition.
Pointant les dégâts causés par l'instauration du numerus clausus en 1971 – remplacé par le numerus apertus en 2021 -, qui "nous a fait prendre 50 ans de retard", Bastien Bailleul a dénoncé le manque criant de médecins en France. "Si les effectifs des autres spécialités augmentent, [ceux] des généralistes diminuent inexorablement. Entre 2012 et 2021, leur effectif a chuté de 5,6%, et la tendance est loin de s'inverser ", a-t-il souligné.
Face à la pénurie médicale qui se creuse, des mesures coercitives ne sont pas une solution, rappelle le représentant syndical. Au contraire, "elles démotivent les médecins et les détournent de la médecine générale ambulatoire", soutient Bastien Bailleul, se basant sur les exemples de l'Allemagne et du Québec qui en ont fait l'expérience.
Alors que plusieurs récents travaux parlementaires ont relancé la crainte d'une régulation à l'installation des praticiens, "nous devons penser différemment". "Au lieu de contraindre, nous devons encourager. Au lieu de d'imposer, nous devons accompagner", insiste le président de l'Isnar-IMG, rappelant les priorités des futurs et jeunes généralistes : prime à l'installation, revalorisation de la rémunération des médecins exerçant en zones sous-denses, aides financières pour les locaux et le matériel, aide au recrutement d'assistants médicaux…
"Le Concours Lépine de la coercition"
"Je suis atterré d'entendre ce qu'il se passe [ces derniers temps, ndlr] à l'Assemblée et au Sénat. C'est le Concours Lépine de la coercition", a, de son côté, lancé le Dr Jean-Philippe Platel, président du conseil départemental de l'Ordre des médecins du Nord, invité à s'exprimer.
Le praticien a, par ailleurs, salué l'engagement des internes présents ce jeudi, déplorant un trop grand "manque d'engagement des professionnels de santé", selon lui, en particulier "dans certains domaines, comme les élections ordinales […], les URPS et les syndicats". Les syndicats de médecins sont nombreux, mais "trop morcelés" et avec trop "peu d'adhérents", a estimé le président du conseil départemental de l'Ordre.
Surtout, le praticien s'est montré favorable à la proposition avancée début janvier par le Pr Didier Gosset, doyen honoraire de la faculté de médecine de Lille, de réduire de deux ans les études de médecine. Cette sortie n'avait pas manqué de faire réagir ; le Dr Platel, lui, l'a défendue : "J'aime bien le côté iconoclaste de [cette] dernière proposition […] Je pense que l'une des réponses à l'accès aux soins est plutôt de réduire [la durée des études médicales, ndlr] que de l'augmenter. Ce n'est pas la dernière année qu'il faut enlever, mais ce sont parmi les premières."
Au-delà de ces sujets brûlants, la ville d'accueil de cette 25ème édition du congrès de l'Isnar-IMG n'a pas été oubliée. Lille, et l'ensemble de son territoire, sont "une grande région médicale, avec un réseau de médecins extrêmement important pour notre région Nord-de-Pas-de-Calais et Nord-Picardie, qui commence à connaitre des tensions sur le plan démographique. On n'y échappe pas, en particulier en Picardie", a reconnu Jacques Richir, adjoint à la mairie de Lille et médecin généraliste.
"Mais en même temps, on a une santé bien vivante", a-t-il ajouté : "On a dans cette région un profond attachement à la médecine générale […] Le généraliste garde une image très forte auprès de la population."
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Nathalie Hanseler Corréard
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Retraitée depuis la Covid. Mon vécu : ayant fait des semaines de 70H (5,5 J/sem) près de BX avec 4 gardes par an, puis déménagé à ... Lire plus