Généraliste accusé d'euthanasie : "Je suis en arrêt pour burn out et mon assurance refuse de me payer"

10/02/2020 Par Sandy Bonin
Assurance maladie / Mutuelles
C'est ce lundi 10 février que le Dr Jean Méheut doit être auditionné par un juge d'instruction pour avoir prescrit et administré du midazolam à des patients en fin de vie. Hasard du calendrier ou pas, la HAS a publié ce lundi des recommandations visant à faciliter la dispensation du midazolam aux médecins généralistes de ville. Interdit d'exercer depuis deux mois, le Dr Méheut se confie à Egora sur "son combat" qui l'aide à tenir dans ce moment difficile tant sur le plan psychologique que financier.

"Quand vous entendez la première fois qu'un journaliste veut vous parler, ça met un coup dans l'estomac. Finalement ça me fait du bien de leur parler. Les journalistes sont dans l'écoute. Je ne ressens pas non plus le besoin de voir un psy. On se soutient beaucoup avec ma femme. Elle me dit que si je n'allais pas bien, elle se serait effondrée. Mais jamais nous nous sommes dit que nous n'aurions pas dû. C'est le combat qui me fait tenir. Je sais ce qu'ont dit les ténors interrogés dans le cadre des recos de la HAS. Et je bois du petit lait. C'est ce qui m'a sauvé. Je ressens même de la joie pour mes confrères. On va enfin remettre la médecine générale au centre du soin.

Avant je travaillais 100 heures par semaine pour éviter le burn out. Maintenant que je n'exerce plus, je suis en plein dedans ! Mon cardiologue m'a d’ailleurs prescrit un arrêt de travail pour ce motif. Mon assurance refuse de me payer...

les 90 jours de carence alors que je cotise depuis 40 ans. Elle refuse aussi de me payer mes frais d'avocat parce qu'il s'agit d'actes délibérés. Et comme j'ai plus de 65 ans mon assurance perte d'exploitation ne me verse que la moitié de ce que je devrais toucher Je me sers de la SCI comme d'un banquier, mais de toutes façons je vais devoir la renflouer. Je viens de revendre mon 4x4 et encaisser un peu d'argent. Ça m'a couté de vendre cette voiture, mais je relativise. Je suis croyant. La religion m'aide à avoir le regard au-dessus de l'horizon. Je vois le positif, c'est la providence. La foi et l'espérance sont liées. Je ne vis pas dans l'eau bénite mais ça m'aide. Une telle affaire rend plus sensible aux autres. Je pense que j'étais prêt pour ce combat. C'est deux mois d'arrêt qui ont été très durs m'ont permis de réfléchir. Je me suis rendu compte que mon cabinet, c'est toute ma vie. Ce que j'ai vécu de pire est derrière moi. J'ai dû signer une rupture conventionnelle avec ma secrétaire et une infirmière avec laquelle je travaillais. Si je reprends mon exercice je devrais faire tout, tout seul. L'enjeu pour moi, c'est d'être encore plus humble."

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