Mac Gyver, bébé arrosé et détournement de train : florilège de vos sauvetages de vacances

Témoignage
"Pas moyen d'échapper à ce métier!". Médecin ou carabin, vous êtes nombreux à avoir dû ressortir le stétho alors que vous profitiez de vacances bien méritées. Sur la plage, à la montagne ou dans l'avion : vous nous avez confié vos aventures. En voici un florilège. 

   

Mac Gyver

Par S.Samuel  "J'habite en Martinique et fait plusieurs fois par an le vol Fort de France - Paris. J'ai eu plusieurs fois l'occasion d'intervenir sur ces vols, chaque fois que l'équipage appelle pour un médecin. Plusieurs anecdotes. Une fois on appelle pour un médecin et sur ce vol à la veille d'un important congrès parisien de cardiologie, il y avait à bord la moitié des cardiologues de Martinique on se connaissait tous donc en regardant autour de nous on a vu de nombreux sourires ! Autre anecdote, on appelle pour un médecin, ca se passe à l'arrière de l'avion, je me lève, mais je suis assis avec mes filles plutot vers l"avant. Donc quand j'arrive au fond il y a deja plusieurs médecins, je glisse à l'hotesse que je suis urgentiste et que si elle a besoin je suis au siège "n" et regagne mon siège, on me redonne mon repas qu'on m'avait deja repris. Et là l'hotesse revient me chercher car les médecins présents à l'arrière ne pouvait pas répondre à l'urgence, en effet il y avait un médecin de la sécu, un dermato, un psychiatre, un pédiatre. Le patient homme présentait une rétention aigue d'urine ce qui nécessite un geste technique peu familier de tous ces confrères (sauf peut-être le pédiatre ). J'ai du donc effectuer un sondage vésical, le patient couché au sol. Le matériel du bord ne contenant que des sondes rigides plutot utilisées chez la femme, sans ballonnet et comme le vol durait encore plusieurs heures et que je ne voulait pas que ce passager fasse une nouvelle rétention j'ai joué au Mc Gyver, pour fixer la sonde à son pénis et improviser un bouchon pour qu'il puisse aller vider sa vessie plusieurs fois au cours du vol, ce passager devait avoir une correspondance à Orly pour Marseille, je ne sais pas si il s'est arrété à Paris pour ce faire soigner ou si il a continuer vers Marseille."  

Interne, j'ai détourné un train

Par Anne-Sophie "Le jour où j'ai fait détourner un train! En 2ème année d'internat, j'ai pris le TGV Marseille-Paris, je lisais un bouquin de médecine quand j'ai vu passer en marchant vite et le regard inquiet plusieurs agents de la SNCF. Quelques minutes après, annonce vocale : un médecin ou une infirmière est attendu en voiture 7 ... .mes voisins de siège ont regardé mon livre, impossible de se dérober! Je me suis levé sous les regards de tout le wagon. J'ai trouvé un patient agité et découvert la trousse de secours de la SNCF. Difficile de faire un diagnostic et de soulager le patient assis dans l'entrée du wagon. Et là arrive la question cruciale: docteur soit on détourne le train pour pouvoir s'arrêter et que le patient soit pris en charge par les pompiers soit il nous reste une heure de trajet jusqu'àu terminus, que devons nous faire?! Évidemment j'ai choisi l'option détournement/pompier plutôt que de regarder un monsieur souffrir pendant une heure sans pouvoir rien faire. Moment de solitude quand je suis retourné dans mon wagon et que tout le monde m'a regardé avec un air de reproche pour avoir retardé le train !"  

Un bébé bien arrosé

Par Labousmor   "Pour fêter la fin de notre internat, nous avions décidé ma meilleure amie et moi de partir à New York. Après quelques heures de vol, retentit dans l’avion le fameux « si un médecin ou personnel médical est présent à bord, veuillez vous signalez à l’hôtesse ».... personne ne bouge..., bon bah on y va, avec notre anglais tremblant et notre jeune diplôme.. il s’agit d’un bébé d’un an environ, brûlé au deuxième degré sur les deux cuisses par le thé de sa maman.... Les cours de secourisme en tête, il faut arroser... problème, impossible dans le lavabo des toilettes trop petit.... reste les toilettes...

me voilà à tenir le petit à bout de bras tandis que mon amie lui déverse des litres d’eau minérale en bouteille que les passagers nous amènent au fur et à mesure... bien sûr les toilettes sont vite inondés, nous avec mais ça a l’air de fonctionner.... Après contact avec l’aéroport et comme nous sommes près d’atterrir, pas le droit s’ouvrir la valise d’urgence... que ça ne tienne, on lui prépare un biberon d’eau sucrée pendant qu’on l’enveloppe dans les torchons mouillés de l’hôtesse... Finalement arrivée à Kennedy, on accompagne le petit jusqu’à l’équipe médicale puis nous voilà en zone de débarquement... à faire « floc floc » sur la moquette beige.... il nous a fallu attendre nos valises pour pouvoir nous changer, sous l’œil médusé des autres passagers qui ne comprenaient certainement ce que faisait deux jeunes filles trempés au milieu de l’aéroport !"  

Dans l'allée des toilettes

Par mpsc007 "C'était en 2006. Ce voyage aux Maldives était prévu depuis 1 mois (mon mari était l'un des pilotes) et nous avons décollé d'Orly alors que j'étais dans un "coma de sortie de garde". Après une heure de vol, on m'appelle pour un homme qui fait un malaise. Comme d'habitude, dans les avions, on force les gens à rester assis, même en cas de malaise. Le 747 était plein et il n'y a jamais d'endroit où on puisse installer le "patient" dans ces engins. Le patient était d'une pâleur effrayante, et ne pouvait pas répondre aux questions. Alors j'ai décidé d'innover : si c'était un malaise vagal, ou cardiaque, ou n'importe quoi d'autre, il fallait qu'il soit allongé. Les PNC (hôtesses et stews) me disaient qu'il n'y avait nulle part pour l'allonger, mais j'ai trouvé : d'abord dans l'allée entre les sièges, puis en le tirant pas les pieds, jusqu'à l'arrière de l'avion, où un couloir reliait 2-3 toilettes. Ce n'était pas large, mais le patient était allongé, et a pu "revenir" un peu à lui. "Qu'est-ce qu'il a?", me demande-t-on. Bonne question. Alors je questionne le patient. Qui m'apprend qu'il vient de Belgique, qu'il a une gastro-entérite, qu'il avait dû s'arrêter dans toutes les stations d'autoroute entre Bruxelles et Orly pour se vider, par en haut et par en bas, qu'il avait déjà fait un malaise dans la queue à l'enregistrement, qu'il avait été vu au dispensaire à Orly, qu'on lui avait fait une "piqûre dans la fesse", qu'il avait 8 de tension, qu'il avait refusé d'annuler son voyage (prévu depuis 1 an, son épouse et ses deux enfants étaient avec lui dans l'avion). A ma demande, on m'a apporté la trousse d'urgence, et c'est là que j'ai découvert qu'on n'entend rien dans un sthétoscope dans un avion. Enfin si! On entend les moteurs. Les quatre moteurs. Donc, pour la tension, j'ai fait "à l'ancienne", au pouls. Et là, surprise, tension entre 6 et 7. Chaque fois que le patient essayait de s'asseoir, nouveau malaise. Et à chaque fois "mais qu'est-ce qu'il a?" et "il va gêner, là, il faut qu'il retourne sur son siège". J'ai demandé du coca, de l'eau et un verre. Et pendant plusieurs heures, nous sommes restés à terre, lui allongé, moi à côté de lui à l'aider pour boire de petites gorgées. Des passagers venaient voir, enfin, voulaient aller aux toilettes, et je leur disais de faire le grand tour pour aller de l'autre côté. Certains étaient un peu fâchés, mais bon, quand on a 10 heures de vol, faire un peu de marche dans un avion pour aller aux toilettes, c'est bon contre les phlébites...L'humanité m'étonne toujours, parfois. Je crois que j'ai dû aussi m'endormir un moment. Toujours est-il qu'une heure avant l'atterrissage, le patient était à 9 de tension, arrivait à se tenir assis, a pu retourner dans son siège et moi aussi. La bonne nouvelle, c'est que je n'ai pas attrapé la gastro-entérite pour cette semaine au soleil."  

Un congrès d'anesthésistes...

Par le Dr Castet "C’était il y a une vingtaine d’années. J’étais allée avec des amis faire une marche dans le désert marocain, et nous étions 2 médecins. Dans le vol du retour, une hôtesse fait une annonce : une passagère est malade, y a-t-il un médecin dans l’avion? Comme toujours dans ce cas, on attend 5 ou 10 secondes, en se disant: s’il y a un autre médecin, il va peut-être se lever avant moi... Puis, voyant que rien ne se passe, je me lève, imitée par mon amie médecin, et...40 autres personnes !!! Il y avait eu un congrès d’anesthésistes dans le coin...! Ce qui est drôle, c’est que le timing est toujours le même : on attend qu’un autre se « dénonce »..."  

4.200 pieds au-dessus de l'Atlantique

Par François "Quelque part entre Québec et Paris, à 4200 pied, au-dessus de l'Atlantique, en tout cas au-delà du point de non retour, la voix du commandant de bord me tire de ma léthargie : y a t-il un médecin à bord ? Spontanément je me lève et me dirige vers l'hôtesse. Un passager d'origine américaine, vient de faire un ''malaise'' . Il est cyanosé, dyspnéique, tachycarde à 130/mn et présente des signes d'insuffisance cardiaque droite... Le diagnostic d'embolie pulmonaire s'impose. je dois reconnaître que la trousse de secours de la Compagnie Air Canada, est particulièrement bien aménagée et fournie. J'ai pu administrer de l'oxygène grâce à un masque à haute concentration, perfuser le patient, lui administrer de l'aspégic par voie intraveineuse (à défaut d'autre substance) et un léger sédatif. Nous étions encore à 3 heures de Paris Charles de Gaulle. Jamais la fin du voyage ne m'a paru aussi longue, à l'arrivée à l'aéroport, le SAMU nous attendait. J'ai reçu les compliments de l'interne du SMUR pour ma prise en charge ... ce qui m'a fait sourire, je suis anesthésiste réanimateur et n'ai eu aucun mérite, sauf celui d'être présente au bon moment. Bref, tout est bien qui finit bien. Le patient a été dirigé sur un service de cardiologie parisien (je ne sais plus lequel) et j'ai reçu quelques temps plus tard les remerciements du compagnon du patient et de la Compagnie Air Canada."

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La consultation longue à 60 euros pour les patients de plus de 80 ans et/ou handicapés est-elle une bonne mesure ?

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Une fois par an en sortie d’hospitalisation ou critère strict. Il n’y a ici aucune revalorisation réelle au vu des cotations exist... Lire plus

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