Chute du BNC 2020 des médecins spécialistes : "Le risque est que l'on reste sur ces chiffres"

15/02/2022 Par A.M.
Baisse de 15% pour les ophtalmologues, de 13% pour les radiologues, de 11% pour les chirurgiens… Les déprogrammations en établissements ont pesé lourd sur les comptes des médecins spécialistes libéraux, dont le BNC est en chute libre en 2020, d'après le bilan de la Carmf. Pour le Dr Patrick Gasser, président d'AvenirSpé, en aidant trop peu les libéraux, l'Etat a mis en danger l'accès aux soins.

  Egora.fr : Les chiffres du BNC 2020 communiqués ce mardi par la Carmf font état d'une forte baisse de revenus pour quasiment toutes les spécialités. Vous attendiez-vous à une telle chute? Dr Patrick Gasser : L'explication, c'est bien entendu la crise sanitaire. Les spécialités les plus touchées sont celles qui travaillent en établissements de soin. C'est l'impact des plans blancs et des déprogrammations. Il y a des spécialistes qui ont eu une très grosse perte de chiffres d'affaires, notamment les chirurgiens esthétiques ou les chirurgiens orthopédiques.   Ces chiffres incluent pourtant les aides mises en place par la Cnam… A l'époque, Nicolas Revel [ex directeur général de la Cnam, NDLR] avait prévenu que les médecins libéraux ne seraient pas aidés de la même façon que tous les autres, que la Cnam n'était pas là pour pallier ce type de situation. L'accompagnement ne portait que sur les charges… une partie des charges! Voilà le résultat : d'un côté, nous avons des établissements de soin qui sont tous dans le vert, et de l'autre, les gens qui travaillent au sein de ces établissements et sont tous dans le rouge. Il faudrait quand même que l'Etat se préoccupe des soignants. Maintenant, nous avons un "Dipa 5" qui s'équilibre assez bien avec les établissements de soin : nous verrons si en 2022 nous aurons un rééquilibrage.

  A quoi faut-il s'attendre pour la suite? Le risque est que l'on reste sur ces chiffres. Il y a encore des plans blancs. Et nous avons un problème de ressources humaines, avec un nombre important d'arrêts maladie pour Covid et des soignants qui quittent la profession. Il faut rappeler que plus de la moitié de la population, voire les trois quarts, est prise en charge par des libéraux. On ne parle que de l'hôpital public alors qu'il ne s'occupe que d'un quart de la population. S'il y a une défaillance de la médecine libérale spécialiste, pour la prise en charge des maladies chroniques ou le dépistage, cela va poser un vrai problème, qui s'ajoute à la perte de sens ressenti avec cette pandémie. Les radiologues, par exemple, vont être surement obligés de fermer des antennes qui avaient été ouvertes pour mailler le territoire et qui ne sont pas du tout rentables. Et à mon avis, ce n'est pas le secteur public qui va répondre à leur place… On risque de renforcer l'isolement de certains territoires. Et c'est parce qu'on n'a pas aidé les professionnels qu'on est dans cette situation, qui risque de s'amplifier. Par ailleurs, alors que nous essayons de mettre en place le travail aidé, ces chiffres d'affaires en baisse ne vont pas inciter à l'embauche… L'ancien directeur de la Cnam a fait une erreur majeure. Il n'y a pas eu de vision de la crise et de l'avenir.

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