"Vous êtes trop payés à l’acte" : la petite phrase de Macron qui suscite la colère des médecins

21/12/2023 Par Pauline Machard
Lors d’un entretien sur France 5, le président de la République a exprimé sa volonté de diminuer la part de la tarification à l’acte au profit du paiement au forfait.  

 

Interrogé mercredi 20 décembre sur France 5 par l’équipe de C à vous, Emmanuel Macron a fait une intervention louant une “politique qui permet d’éviter la surconsommation des actes inutiles”. “Ça, c’est dans la capacité à organiser les soins et la rémunération des soins. Et peut-être, même pas peut-être, sûrement, à l’hôpital comme en ville, de moins rémunérer à l’acte et de plus rémunérer aux objectifs de santé publique”. “Vous êtes trop payés à l’acte, ce qui parfois incite à faire des actes inutiles”, a-t-il lancé.  

Développant son propos, le président de la République a indiqué : “On doit vous revaloriser, parce qu’il y a des professions où il y a des longues études [...] mais si on veut le faire intelligemment, il faut qu’on prenne en compte la nature des patients, il faut qu’on valorise les actes de prévention que vous faites, la technicité de vos actes et pas simplement vos actes, mais votre suivi d’une personne. Donc il faut sans doute aller davantage à une rémunération, ce qu’on appelle à la capitation, plutôt qu’à l’acte isolé. C’est ça, la bonne méthode”.  

 

 

Des propos augurant davantage de rémunération forfaitaire et moins à l’acte qui n’ont pas manqué de faire réagir les médecins, dans une période de surcroît mouvementée, avec la démission d’Aurélien Rousseau du ministère, et alors que les syndicats et l’Assurance maladie sont en pleines négociations conventionnelles.  

Le président de l’UFML-S, Jérôme Marty, s’est ainsi fendu d’un message sur X : “Monsieur le Président ce soir vous avez insulté les médecins de villes… ‘Trop payé à l’acte ce qui parfois incite à faire des actes inutiles’. Donc en conscience (incitation à) nous ferions des actes inutiles… C’est un peu la définition de l’escroquerie, non ?”.  

 

Richard Talbot de la Fédération des médecins de France, a rappelé qu’en 2018 déjà, le Premier ministre de l’époque avait conseillé de supprimer les actes inutiles. “Je lui avais déjà fait une réponse qui n’a pas pris une ride aujourd’hui : les actes inutiles, c’est le Gouvernement et la Cnam qui nous les imposent”, écrit-il  

“Sa suffisance n’a d’égal que son ignorance du métier ; nous sommes des escrocs et les patients consultent pour rien évidemment… hors sol”, commente un autre médecin sur X. Ou encore “en temps de pénurie médicale, mais qui donc a le temps de faire des actes inutiles ?”

2 débatteurs en ligne2 en ligne
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2,8 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
Ce jeune homme hors sol nous intime l'ordre de déclarer "inutile" un examen dont le résultat ne pourra cependant apparaître "normal", pour décréter abruptement l'"inutilité" du point de vue des financiers non professionnels soignants, qu'APRES avoir effectué ledit examen "inutile"; La seule solution "financière" et "politique" pour qui exigerait de restreindre les dépenses d'examens techniques ou biologiques consiste donc à refuser désormais le remboursement par la SS de tous les examens dont les résultats apparaîtront "normaux"; Et notre jeune technocrate qui comptait bien s'exonérer de ce "courage politique" essayait simplement de refiler au responsable soignant ce type de décision principiellement "politique" en passant soigneusement sous silence (ou en omettant par pure incompétence juridique et éthique) la règle fondamentale qui s'impose à tout soignant de ce territoire: l' OBLIGATION DE MOYENS ! Lâcheté politique, incompétence juridique et perversion éthique; voilà de quoi passer devant le tribunal de la république ! Décidément, quand on n'est pas professionnel effecteur et responsable d'un terrain ou d'un domaine, l'obligation première est de se taire; la seconde est de ne pas faire; la troisième est de laisser les décisions cruciales aux professionnels eux-mêmes ou au tandem soigné-soignant, ce qui suppose que le support financier d'un tel type de décision soit à la main de l'ordonnateur de la dépense qui n'est autre que le sujet soigné dont l'état de santé déjà altéré, ou l'inquiétude compréhensible d'une telle altération, motive la demande d'examens . La simple réflexion éthique commande donc de confier à chaque patient ordonnateur de soin la dimension financière du périmètre de ses demandes sous forme d'un compte-épargne-soins personnel puisqu'on ne saurait être tenu responsable que sur son "répondant" personnel (et qu'accessoirement, on ne saurait abuser que du bien d'autrui, fût-il commun). La collectivisation-anonymisation financière des systèmes actuels d'assurance est exactement à l'envers de cette direction éthique personnellement responsable (y a-t-il d'ailleurs une dimension collective de la RESPONSABILITE ?) et il est de la responsabilité personnelle d'un dirigeant politique (et de ses relais médiatiques) de présenter à l'assemblée citoyenne, travailler avec elle et l'éclairer sur la question de cette alternative éthique d'un budget PERSONNEL santé-social, au moins pour essayer d'en démolir les arguments un par un, si cela est seulement possible . Cette question éthique centrale pour un "vivre ensemble" aura été jusqu'aujourd'hui soigneusement esquivée autant par les politiques dont elle ruine à l'avance le fond de commerce, que par les médias qui auraient pourtant là une formidable occasion de remplir un devoir premier envers les citoyens et de remonter ainsi dans le baromètre de leur respect et de leur estime . Et jusqu'à Mercredi 20 Décembre 2023 inclus, silence radio et télé sur cette fondamentale question éthique des moyens financiers du soin ! Quand daignera-t-on s'y atteler ?
Photo de profil de Laurent LALOUM
133 points
Incontournable
Ophtalmologie
il y a 2 ans
E. Macron est le Président qui, par ses actions et ses propos fait que les médecins diplômés ne s'installent pas. Il est ainsi responsable du défaut d'accès aux soins et de la dégradation catastrophique de notre système de Santé. L'incompétence insultante de son discours n'étonne pas, ne détonne pas dans son parcours. Lui Président, il a déclaré après la première vague COVID qu'il n'y avait jamais eu de pénurie de protections pour les soignants, seulement des tensions, quand les sacs poubelles remplaçaient les protections et les masques à usage unique étaient réutilisés encore et encore. Lui Président, il a sanctionné ceux qui ne lui ont pas fait confiance pour le vaccin. Moi, médecin provaccin à 1000%, j'ai été consterné par l'autoritarisme, l'absence de pédagogie et d'empathie dans la seringue du vaccin. Comment ne pas comprendre le manque de confiance de ceux qui travaillaient avec des sacs poubelles en guise de protection et qui l'ont vu mentir effrontément sur l'absence de pénurie de protection comme sur l'inutilité du masque. Et les affirmations de l'OMS n'excusent rien : cet organisme international, comme les autres (Khadafi fut président de la commission des droits de l'homme à l'ONU!!), sert les intérêts politiques et commerciaux des gouvernants des états membres, et se fiche du BIEN. Lui Président, il a géré de sa main insouciante la pire épidémie planétaire sans que jamais, et pas encore aujourd'hui, ne soit donnée la consigne d'ouvrir les vitres dans les transports en commun. Sa seule gloire revendiquée : ne pas avoir fait pire que d'autres. Edouard Philippe et Olivier Véran partagent avec E. Macron toutes ses incompétences concernant le Covid. Je ne peux penser à aucun des trois sans voir sur leur front la tache indélébile de dizaines de milliers de morts évitables. Lui Président, il parle de prévention en médecine sans se soucier de la dégradation de l'école. La prévention médicale commence par l'instruction, commence à l'école : savoir réfléchir, raisonner est un fondement indispensable pour que les patients adhèrent à une politique de prévention. Lui Président, il prive de l'éducation civique minimale la jeunesse de notre Nation. Il n'essaye même pas de réfléchir à comment éduquerait un bon père de famille. Est-ce agir dans l'intérêt d'un jeune que de ne rien sanctionner jusqu'à ce que la faute conduise ce jeune en prison pour 10 ans ? Le bon père de famille est celui qui inflige une petite punition à la première désobéissance, pour protéger ses enfants, leur éviter de faire les pires bêtises. E. Macron, dans la droite ligne de Ch Taubira, confond indulgence et et absence d'éducation. Lorsque l'indulgence est annoncée, connue, promise, il n'y a plus d'éducation, plus de cadre légal. E. Macron est responsable de cette perte de chances pour chaque enfant de la République. Malheureusement, Emmanuel Macron n'aura jamais assez de conscience pour avoir honte de sa présidence. Dommage, il se serait abstenu de dire aux médecins comment il faut faire, une fois de plus.
Photo de profil de Quentin PATTE
13 points
Médecine générale
il y a 2 ans
Le paiement à l'acte a tout de même était à l'origine de dérive dans le passé avec des actes supplémentaires sans réelles indication... Cela se voit encore y compris dans le service public hospitalier où on encourage à faire des actes rémunérateur... Cela concerne une minorité et cela diminue car la quantité de patient à suivre au vu de la démographie médicale est telle que ceux qui en abusaient n'ont plus besoin de le faire. Les directions hospitalières utilisent ce paiement à l'acte pour marchander avec les chefs de services en exigeant plus de rentabilité, diminuer les durée de jour, coter absolument tout ce qui peut l'être durant un séjour (sur le temps médical) car la dette de la Sécu a été transférée à l'hôpital.
 
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