Bébé mort de faim : son généraliste condamné pour non-assistance à personne en danger

03/07/2020
Faits divers / Justice
Le tribunal correctionnel de Guéret a reconnu le médecin traitant du petit Gabin, mort à 22 mois de faim et de soif en 2013 coupable de non-assistance à personne en danger. Il a écopé de neuf mois de prison avec sursis. 

C’est une condamnation rare pour un médecin. Le généraliste de la famille du petit Gabin a été reconnu coupable le jeudi 2 juillet de non-assistance à personne en danger et a écopé de neuf mois de prison avec sursis. Il a aussi été condamné au paiement de 7.000 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral au grand frère de Gabin et 900 euros à chacun des parents qui se sont constitués partie civile pour les frais de justice, rapporte France Bleu.  Lors de son jugement devant le tribunal correctionnel le mois dernier, le praticien a plaidé l’erreur d’appréciation et affirmé n’avoir “rien vu”. “L'état de Gabin ne m'inspirait pas d'inquiétude. Pendant les consultations, il était toujours propre et bien vêtu. Il était toujours dans les bras de sa mère. J'avais la famille parfaite en face de moi. Elle était très attentive à son enfant. Elle semblait s'occuper parfaitement de Gabin", a-t-il fait valoir. 

Entre 2012 et 2013, il a vu sept fois le bébé en consultation. Son dernier rendez-vous remontait à un mois et demi avant la mort du bébé, qui pesait alors 8,5 kg mais le médecin ne s’est, à ce moment, pas inquiété de son poids ni n’a signalé un quelconque problème aux services sociaux.  A son arrivée aux urgences six semaines plus tard, Gabin ne pesait plus que 5,825 kg soit le poids qu’il faisait à ses trois mois.  Le tribunal a donc dû trancher concernant la culpabilité du médecin. “Ce ne sont pas les négligences qui lui sont reprochées. Il s'agit de déterminer si le comportement du médecin était intentionnel. Était-il conscient du péril ? Est-ce sciemment et volontairement qu'il s'est abstenu d'apporter assistance à Gabin ?”, a demandé le procureur de la république pendant son réquisitoire. En le condamnant, le tribunal a donc tranché en répondant oui à cette question.  “C’est une condamnation rare. C’est la première fois dans ma longue carrière que je vois la condamnation d’un médecin pour non-assistance à personne en danger. Il y a peu de médecins pour lesquels la faute pénale est retenue pour non-assistance à personne en péril. Donc c’est un signal très fort. C’est un signal très fort à l’adresse de la profession médicale”, s’est réjouit l’avocat de l’association l’Enfant Bleu qui s’est constitué partie civile. 

En novembre 2019, les parents du bébé ont été condamnés à 17 ans de réclusion criminelle. Ils étaient poursuivis pour "privation de soins et d'aliments suivie de mort d'un mineur de 15 ans" et avaient alors affirmé être accaparés par des difficultés de couple et d'argent. Contacté par Egora.fr, le médecin hésite à faire appel, estimant avoir "servi d'exemple". Il dispose de dix jours pour rendre sa décision.   [avec France Bleu]

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