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La généraliste ne veut plus faire de gardes, les gendarmes débarquent au cabinet pour la réquisitionner

Débordée depuis le départ d'un confrère, la seule généraliste exerçant encore à Bully (Loire) n'assurait plus de gardes de PDSA depuis le début de l'année. Réquisitionnée, elle a été placée en arrêt maladie.

27/01/2025 Par Aveline Marques
Permanence des soins
gendarmerie

Les trois gendarmes se sont présentés mardi 21 janvier au cabinet. En pleine consultation, la généraliste s'est vu remettre une réquisition préfectorale lui intimant d'assurer deux gardes dans le cadre de la PDSA, dont une le soir-même, indique Le Progrès.

Choquée par cette démarche, la praticienne a été placée en arrêt maladie jusqu'au 15 février. Exerçant à Bully depuis 2017 pour le compte de l'association du centre de santé du Marais, dont elle est salariée, la généraliste "est décidée à arrêter", rapporte le directeur de l'association, Rodolphe Calandry, dans le journal local.

Après le départ d'un confrère l'été dernier, la médecin a vu sa charge de travail "augmenter" explique-t-il. Elle œuvre désormais "seule avec trois internes" et "ne peut pas tout gérer". Les gardes étant devenues trop lourdes, la praticienne n'en assure plus depuis le début de l'année. Cette décision a été annoncée il y a plusieurs mois par l'association à l'ARS, à l'Ordre et aux médecins du secteur, précise Le Progrès.

Le tableau étant "incomplet" et les urgences "débordées", le directeur adjoint de la délégation Loire de l'ARS a "proposé au préfet" de réquisitionner la généraliste de Bully. "Ce n'est pas agréable et c'est la première fois que cela m'arrive, se justifie Maxime Audin dans le quotidien. Mais je suis là pour assurer le meilleur accès possible aux soins pour les habitants du secteur qui ont le droit d'être malades et d'avoir accès à un médecin en soirée."

Les difficultés sur le secteur risquent encore de s'accentuer, un couple de médecins ayant décidé de déménager leur cabinet en juillet prochain. A eux deux, ils assuraient un tiers des gardes.

[avec Le Progrès]

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Claire FAUCHERY

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7 débatteurs en ligne7 en ligne
Photo de profil de BERNARD G
597 points
Incontournable
Médecine générale
il y a 10 mois
Les gardes devraient faire partie des obligations de tout médecin. Et ce ne sont pas des paroles en l'air. J'ai toujours assuré toutes mes gardes, sans remplaçant, débordé ou pas. En revanche, j'ai subi aussi quelques réquisitions, et là, j'étais furieux. Pourquoi, justement, ne pas réquisitionner en priorité ceux qui n'assuraient pas les gardes. Pour moi, la réquisition pouvait tomber le lendemain.....d'une garde, ou dans une période de grande fatigue, où, étant surmené, je pouvais devenir dangereux. Ou tout simplement alors que j'avais prévu un de mes très rares moments de loisir, repos, visite à la famille, tout ce dont même les médecins ont besoin !!! Le résultat de ces réquisitions sauvages fut que, tout en continuant à participer aux gardes par conviction, j'ai de moins en moins participé au service public. Docteur, on ne trouve personne pour une garde à vue, pour un certificat de décès ( pour mes malades, j'assurais ). Ah ! Désolé, je suis en pleine consultation, et avec certains patients assez urgents. Ou alors, réquisitionnez moi, mais si pendant mon absence il arrive quoi que ce soit à un malade en salle d'attente..... C'est tout ce qu'on gagne à utiliser la force !
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17,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 10 mois
Visiblement le sujet divise les médecins. Pour ma part, c'est très clair : - En tant que libéral j'estime n'avoir aucun compte à rendre en terme de continuité du service public. Ma responsabilité est d'assurer des soins de qualité pour les patients que je m'engage à prendre en charge, et bien-entendu d'assurer la prise en charge initiale des urgences VITALES dans l'attente de l'intervention du service public. - Au-delà de ça, je ne vois pas bien comment on peut légitimement exiger d'une personne qu'elle participe à des astreintes nuits et week-ends tout au long de sa carrière professionnelle, et que son unique alternative soit de changer totalement de métier. Soyons un peu raisonnables, vous ne pouvez pas savoir lorsque vous vous engagez en fac de médecine si vous vous sentirez toujours capable d'assumer des astreintes 30 ans plus tard. - Derrière cette histoire, il y a surtout la démission de l’État, qui profite de la faiblesse des indépendants pour se protéger lui-même. Tout en sachant pertinemment que c'est contre-productif. C'est particulièrement abject.
Photo de profil de DOMINIQUE DROUHIER
228 points
Gastro-entérologie et hépatologie
il y a 10 mois
J'ai fait trois mandats au Conseil départemental de l'Ordre de la Drôme et j'ai vécu l'abandon des gardes obligatoires par les médecins libéraux. Auparavant, TOUS les médecins libéraux faisaient des gardes; seuls ceux ayant dépassé un certain âge (60 ans, je crois) avaient des gardes aménagées dans leur cycle et leurs horaires. Certes, il y avait eu de gros problèmes pour nos consoeurs qui allaient assurer des gardes dans les quartiers qu'on qualifie de "chauds" à présent: elles y étaient très mal accueillies, parfois insultées, et certaines se faisaient accompagner de la police ou de la gendarmerie par effectuer les visites nécessaires. On peut comprendre leur désir d'abandonner ces gardes. Là encore, les pouvoirs publics ont fermé les yeux, attitude générale qui leur est spécifique et qui perdure. Ce fut un évènement désastreux et pour la réputation de disponibilité des médecins et pour les services d'urgence hospitaliers (publics comme privés) qui se sont trouvés très vite débordés de malades relevant de la médecine de ville. Ce état de fait est imputable autant aux médecins libéraux qu'aux pouvoirs publics et surtout qu'à l'Ordre totalement inopérant et aveugle. On arrive donc à une impasse ridicule, contraire à la vocation du médecin qui est de soigner tous les patients, contraire aussi à la vocation des autorités médicales d'organiser un système de santé efficace et juste, enfin contraire à l'utilité des politiques de résoudre des difficultés sanitaires et sociales sinon sociétales. Là dessus, encore une fois, notre pauvre pays "marche sur la tête"; il n'y a pas que les agriculteurs pour le dire. Rendez vous aux prochaines élections où j'espère que nos concitoyens sauront enfin faire le bon choix.
 
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