Isotrétinoïne : un courrier cible les prescriptions à risque des médecins, la FMF dénonce des "accusations brutales"

26/09/2023 Par Aveline Marques
Certains des médecins ayant prescrit de l'isotrétinoïne par voie orale en 2022 à des femmes en âge de procréer ont reçu ces dernières semaines un courrier co-signé par le médecin-conseil de la Cnam et la directrice de l'ANSM. Il leur est reproché de ne pas s'être assuré au préalable si une grossesse était en cours chez la patiente au moyen d'un dosage de ß-HCG plasmatiques. Alors que la FMF s'insurge contre cette démarche, la Cnam, sollicitée par Egora, évoque une simple lettre d'"alerte" justifiée par la persistance d'un nombre élevé de malformations congénitales imputables à la prise de ce traitement des formes sévères d'acné. 

 

Pour la FMF, c'est un "courrier d'une violence rare". Co-signé par les Drs Dominique Martin, médecin-conseil de la Cnam, et Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale de l'ANSM, la missive, arrivée ces dernières semaines dans les cabinets, cible les prescriptions d'isotrétinoïne par voie orale à des femmes en âge de procréer… pour lesquelles aucun dosage de l'hormone ß-HCG n'a été retrouvé. Il est reproché aux médecins prescripteurs de ne pas "avoir vérifié au préalable l'absence de grossesse en cours", conformément aux règles de prescription. Un courrier similaire a été envoyé aux pharmaciens "qui ne respectent pas les conditions de délivrance", précisent les signataires. 

"Ces deux administrations réalisent-elles seulement le traumatisme d’être ainsi accusé ? Tous les dermatologues et généralistes concernés, qui font consciencieusement leur travail, se sont sentis salis, stigmatisés et agressés", s'insurge la FMF sur son site. Pour le syndicat, l'absence de prescription d'un dosage de ß-HCG peut être justifiée. "Une femme 'en âge de procréer' n’est pas forcément 'en mesure de procréer'", souligne la FMF. "Imaginons qu’elle ait eu dans le passé une ligature de trompes, ou une salpingectomie, ou une hystérectomie … va-t-on pousser le respect des textes jusqu’à la prescription stupide de ßHCG ?" 

Contactée par Egora, la Cnam évoque une simple lettre "d'information et d'alerte" justifiée par le nombre encore élevé de malformations congénitales dues à la prise d'isotrétinoïne en France. Environ 170 cas annuels sont déplorés, rappellent la Cnam et l'ANSM. Un risque qui "ne diminue pas depuis 10 ans", insiste l'Assurance maladie. Les prescripteurs ont été identifiés sur la base des données -anonymisées- de remboursement du Sniiram, explique-t-on. "On n'a pas le dossier de la patiente, on ne sait pas s'il y a tel ou tel problème de conception", justifie l'Assurance maladie, qui souligne néanmoins "l'urgence" de la démarche, incompatible avec un ciblage plus fin. "Mais ce n'est pas un courrier de menace", martèle la Cnam. 

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7 débatteurs en ligne7 en ligne
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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Sans jouer au caliméro, c'est encore une fois une attaque sans fondement contre le corps médical par des personnes qui, non seulement n'ont jamais vu de patients de leur vie, mais en plus ne savent même pas croiser des données statistiques. Je n'ai prescrit de l'isotrétinoïne qu'à une seule jeune femme en 2022 donc pas difficile de la retrouver. Vérification : à chaque renouvellement, un dosage de béta HCG avait effectué le jour même ou la veille de la consultation et je me souviens avoir bien rempli et signé le petit carnet amené bien consciencieusement par la patiente, et bien contresigné par le pharmacien. Tout était en ordre !!! Cet affront généralisé mérite une lettre d'excuses publiques. Quand j'imagine le "pognon de dingue" que ces envois ont dû couter à la collectivité... pour du vent !!!!
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Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
La connaissance que tout médecin traitant a de ses patientes, de leur situation matrimoniale, de leur désir ou non de procréer, de leur mode de contraception, est en principe nécessaire et suffisant pour qu'il décide de l'opportunité de vérifier l'absence d'une grossesse en cours! Doser beta BHCG chez une patiente porteuse d'un implant contraceptif, d'un DIU, prenant la pilule, hystérectomisée...serait du dernier ridicule et mal perçu...à raison...Reste que le médecin se doit de penser au risque tératogène au moment de la prescription de pas mal de molécules (Cf Depakine) et s'abstenir de prescrire au besoin. Un autre rsique, et pas des moindres avec l'isotrétinoïne orale est le risque d'aggravation d'une dépression chez un(e) ado mal dans sa peau et de passage à l'acte suicidaire facilité par cette prise médicamenteuse. Et là aussi, la prescription devrait être faite uniquement par les médecin qui connaît le mieux la personne: son médecin traitant!!!!
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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Moi qui suis un des récipiendaires de ce courrier je ne pense pas qu’une accusation de mise en danger de la vie d’autrui soit une simple lettre de prévention,les mots ont un sens. Cette lettre signale juste un nombre de cas de prescriptions inadéquates sans precision,on ne sait pas de quelles patientes on nous parle.Cette lettre a été aussi adressée à des médecins qui ne prescrivent pas d’isotrétinoïne. Si par miracle on obtient le nom des patientes et des médecins prescripteurs on pourra se rendre compte par ex que ces soi -disant grossesses non dépistées avant une prescription d’isotretinoine-si elles existent- ne peuvent vraisemblablement pas être l’œuvre des dermatologues tant la psychose de grossesse lors d’une initiation de traitement occupe nos pensées. On pourra leur ré-expliquer comme on le fait depuis 20 ans que dépister des grossesses tous les mois n’empêche pas de tomber enceinte,comme ils semblent le croire.Et que seule la relation de confiance avec les patientes,l’information orale et écrite des risques graves à tomber enceinte en cours de traitement peuvent améliorer les choses (ce nombre de grossesses a quadruplé en 20 ans malgré le renforcement régulier des mesures de contrôle). En l’occurrence j’imagine qu’un haut fonctionnaire a dû tomber de sa chaises en découvrant l’augmentation massive du nombre d’IVG depuis deux ans et qu’ils ont dû mitrailler tous azimuts par terreur de paraître impuissants. A titre personnel j’aimerais les mettre en demeure de nous informer des patientes et des médecins en cause,de mettre en rapport ces soi-disantes négligences avec les grossesses sus-citées et d’éclairer ces accusations qui me semblent extrêmement peu étayées !
 
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