"On est samedi. Je rends visite à un patient malade, qui se saoule sans arrêt. Il faut absolument l’hospitaliser. J’essaye de le lui faire comprendre, de le raisonner, je parlemente, mais rien n’y fait. Je me heurte à un mur. L’heure d’emmener ma fille à sa compétition de gym approche, alors je lui dis : “Je reviendrai”. Ce à quoi il me répond : “De toute façon, si vous m’emmenez un jour, ce sera les deux pieds devant !” L’homme profite de mon départ pour mettre la maison à sac, tout casser. Sa femme me rappelle. Je reviens, cette fois avec les pompiers, les gendarmes, pour faire un placement en hôpital psychiatrique. Le patient, lui, est descendu dans la cave de l’habitation. Et d’un coup, l’électricité est coupée. On se dit tous : “Il faut qu’on aille à la cave, car il est capable de se pendre !”
Nous descendons à tâtons, dans le noir, mais il n’y a absolument personne. On se dit : “Ce n’est pas possible, il n’a pas pu disparaître”. On remonte, sort de l’habitation, puis on demande aux voisins, qui sont à la fenêtre, s’ils l’ont vu passer. Ils nous répondent que ça fait déjà un moment qu’il est parti. Il est sorti par le petit soupirail de la cave. Comment un homme d’1,90 m et 150 kilos a pu sortir par ce trou ? Il s’est enfui. Et aucun de nous n’est serein : il a quand même menacé de se foutre en l’air. Je pars à pied, avec les pompiers. Les voisins nous ont dirigés vers un village à proximité. Sur le trajet, on ne cesse de chercher des marques de son passage. Arrivés dans un autre village, je passe de maison en maison, questionner les habitants. Ceux-ci me préviennent que dans l’une d’entre elles, une famille est en train de veiller...
un mort. Je décide d’y aller malgré tout. Tout le monde est réuni dans la cuisine. Je me dirige vers une autre pièce accompagnée de la maîtresse de maison. C’est là que repose le défunt. Elle ouvre la porte et me dit : “Vous voyez, il n’y a personne”. Si ce n’est le mort. Mais soudain, que vois-je, sous l’endroit où se trouve le mort ? Des pieds ! Mon patient s’est planqué juste en dessous du défunt. Il a profité de ce que la fenêtre soit entrouverte pour se glisser dans la pièce. Cette fois, il est coincé. Il accepte de se faire hospitaliser. Mais pose une condition : “Je ne monte pas dans la voiture des pompiers, je rentre à pied !”
Nous voilà donc repartis en direction de sa maison, à 4-5 kilomètres de là, à pied. Je marche devant, à ses côtés, une seringue de calmants à la main. Le camion des pompiers et la voiture des gendarmes suivent. Arrivé chez lui, il a pris sa valise. Il a été admis en hôpital psychiatrique. Et la conclusion de l’histoire, c’est qu’il n’a plus jamais bu."
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