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"C'est la mort de la médecine libérale" : réactions des syndicats après le vote de la régulation de l'installation

Alors que l'Assemblée nationale a voté mercredi 2 avril la fin de la liberté d'installation des médecins à une large majorité de 155 voix contre 85, les réactions de praticiens ne se sont pas fait attendre. Les médecins dénoncent une "destruction de la médecine libérale" et un "populisme électoral".  

03/04/2025 Par Sandy Bonin
Démographie médicale
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"Nous avons la douleur de vous faire part du décès tragique de la médecine libérale survenu à l'Assemblée nationale le 2 avril 2025, fauchée en pleine agonie par la proposition de loi Garot-Bayrou. Elle laisse derrière elle des médecins désabusés, des étudiants découragés et une population qui n'aura plus de médecin libéral", écrit le président de la CSMF, le Dr Franck Devulder, sur Linkedin.

Mercredi soir, peu avant minuit, après près de trois heures de débats passionnés, les députés ont voté le rétablissement dans la PPL Garot de l'article instaurant un mécanisme d'autorisation des installations par l'ARS. Et ce malgré l'opposition du ministre Yannick Neuder, qui souhaitait laisser sa chance à une dernière concertation.

"Cette mesure, dénoncée par l'ensemble de la profession médicale, ainsi que l'Association des départements de France et l'Association des maires ruraux de France, expose notre système à une dégradation de l’accès aux soins des patients sur l’ensemble du territoire. Son seul effet sera d'interdire des installations dans les 4 580 communes non classées comme sous dotées, pourtant loin d’être sur dotées, alors même que la demande de soins augmente, que de nouveaux habitants s’y installent, et que cela répond à une logique locale. Elle ne contribuera qu’à détourner les jeunes médecins de l’installation au profit d’autres exercices, ou d’une fuite vers l’étranger", écrivent l'ensemble des syndicats et représentants de médecins libéraux, des jeunes, des étudiants, l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers ainsi que l'Ordre et l'Association des maires ruraux de France dans un communiqué commun. 

Les représentants de la profession préviennent qu'ils n'hésiteront pas à "utiliser tous les leviers à notre disposition pour permettre aux étudiants, aux internes et aux médecins de se mobiliser contre cette mesure, dans l'intérêt des patients".

"Les députés ont décidé cette nuit, de détruire la médecine libérale dans un de ses principes les plus fondamentaux : la liberté d’installation", dénonce également le SML, actant "le divorce" entre députés et médecins libéraux.

"La régulation à l’installation, loin de résoudre les difficultés des Français, va les aggraver. On ne répartit pas une pénurie, la régulation ouvre à des abandons de carrière, à des expatriations, à des changements d’orientations", pointe de son côté l'UFMLS, exhortant "les médecins à ne pas accepter ce populisme électoral dont le but premier est de tenter de maintenir les postes électifs de quelques dizaines de députés face aux prochaines échéances électorales".

'L'Assemblée nationale donne le coup de grâce à la médecine de ville", déplore l'association Médecins pour demain. "Alors même que la commission des Affaires sociales avait, dans sa sagesse, écarté cette disposition, les députés ont choisi de ressusciter, par amendement une mesure inefficace, injuste et dangereuse pour l'avenir de notre système de santé" s'inquiète le collectif. 

Guillaume Garot, député à l'origine de ce texte de loi, s'est félicité sur X de cette victoire "après 3 ans de travail transpartisan", appelant à "transformer l'essai les 6 et 7 mai prochains" pour voter l'ensemble du texte. 

En attendant, "l’UFMLS appelle à une mobilisation unitaire face à l’insulte qui est faite à tous les médecins et en particulier aux plus jeunes d’entre eux, et soutiendra logistiquement et financièrement les internes et externes qui se mobiliseront". 

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Claire FAUCHERY

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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 8 mois
Et si les médecins décidaient de s'installer en secteur 3, que ce soit en désert médical ou pas ? La sécu serait bien obligée de supprimer son tarif d'autorité ! Le problème est que les médecins sont devenus, tout comme les patients, tiers-payant-dépendants et ne réfléchissent plus en véritables libéraux. J'ai travaillé pendant près de 20 ans à l'époque du paiement direct et ça marchait bien. Il faut dorénavant prêcher non seulement pour le déconventionnement, mais pour le non conventionnement. Je ne vois que cette solution pour contrecarrer la loi GARROT ! Mais il faudra que nos jeunes confrères s'installent comme nous le faisions ils ya à 40 ans : sans compter sur aucune aide. Comme disait le Président Mao : compter sur ses propres forces ! Ce n'est qu'à ce prix que nous gagneront la guerre.
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87 points
Masseurs Kinésithérapeutes
il y a 8 mois
Il n'y a pas eu un seul émoi, un seul soutien des médecins quand la régulation s'est imposée aux kinés ou infirmières. Si on avait pu bloquer le processus avec votre aide pour les autres PS, on n'en serait pas là. Résultat: la régulation est finalement bénéfique, elle apporte une meilleure répartition pour la population, et redonne une valeur financière aux cabinets en zone surdotee. Finalement c'est que du bon . Juste que le plafond reste plus bas que les besoins réels. Chacun son tour. Les médecins étaient les derniers.
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7 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 8 mois
Perso , si on peut enfin avoir des spécialistes, ça me va? parce que imposer à un généraliste seul d'aller en désert, c'est à dire partout, (et j'y suis) ça n'a pas de sens. Marre de voir des régions où les délais sont de 24h pour un simple examen ou un simple spécialiste, alors que dans le 85, c'est de plus en plus souvent d'un an voir jamais, quitte à trouver dans un autre département.
 
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