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Accès précoce aux médicaments innovants : la HAS regrette l’inertie des laboratoires

La Haute Autorité de Santé (HAS) a regretté, mercredi 9 octobre, l’inertie de certains groupes pharmaceutiques concernant les procédures d’accès précoces, ainsi qu’une certaine baisse de la qualité des dossiers. 

10/10/2024 Par AFP
Antibiotiques
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Lors de sa conférence de rentrée, la Haute Autorité de Santé (HAS) a regretté mercredi 9 octobre l’inertie de certains groupes pharmaceutiques concernant les procédures d’accès précoces, ainsi qu’une certaine baisse de la qualité des dossiers. "J'ai un souci et j'aimerais dire aux industriels de jouer le jeu [...] Ce n'est pas une procédure dans laquelle on s'installe dans la durée", a déclaré Lionel Collet, président de la HAS.

Depuis plusieurs années, l'accès précoce aux médicaments est une procédure qui permet aux patients d’avoir accès plus facilement aux médicaments innovants. Elle facilite l'approbation de ces traitements, même si leur fabricant ne dispose pas encore de données probantes. Elle permet leur remboursement immédiat en attendant que le groupe pharmaceutique confirme leur intérêt.

L'accès précoce est ainsi vivement défendu à la fois par les associations de patients, qui y voient la chance de vite bénéficier de médicaments prometteurs, ainsi que par l'industrie pharmaceutique, qui le juge essentiel pour faciliter l'innovation.

Des dossiers qui manquent de qualité

Mais d'autres acteurs, notamment des sociétés médicales, "trouvent que nous allons trop loin", a admis M. Collet. Ces critiques accusent l'accès précoce d'être trop largement utilisé, abaissant les standards par lesquels les médicaments sont évalués avant leur mise sur leur marché. M. Collet a écarté ces reproches sur le fond, soulignant que la grande majorité des traitements en accès précoce avaient ensuite été jugés réellement intéressants par la HAS. Mais il a reconnu que les dossiers déposés par les laboratoires avaient tendance à perdre en qualité, conduisant l'autorité à approuver de moins en moins d'accès précoces.

Surtout, le président de la HAS a regretté qu'une partie de l'industrie pharmaceutique ait tendance à s'installer durablement dans un statut censé n'être que provisoire. "Ces médicaments n'ont pas vocation à rester deux ou trois ans dans un système dérogatoire", a-t-il insisté.

M. Collet a notamment expliqué ces dérives par le blocage de certaines négociations sur le prix définitif de ces traitements. Dans le cadre de la procédure d'accès précoce, ils sont en effet remboursés au coût décidé par le laboratoire. C'est ensuite la négociation avec les autorités sanitaires - mais pas la HAS elle-même - qui permet de déterminer le prix auquel le traitement sera remboursé dans la durée. Le laboratoire est ensuite tenu de rembourser la différence.

Références :

AFP

Faut-il mettre fin à la possibilité pour un médecin retraité de prescrire pour lui-même ou pour ses proches ?

Didier Thiranos

Didier Thiranos

Oui

Le médecin retraité ayant toujours son diplôme et acteur d'une longue carrière, donc d'expérience doit pouvoir le faire . Sauf bie... Lire plus

1 commentaire
Photo de profil de Cédric  Lebacle
947 points
Débatteur Renommé
Chirurgie urologique
il y a 2 mois
L’accès précoce aux médicaments innovants est une avancée majeure dans la prise en charge des patients, permettant de combler un vide thérapeutique tout en favorisant l’innovation. Il est cependant nécessaire de contextualiser les critiques formulées par la Haute Autorité de Santé (HAS) à l’égard des laboratoires pharmaceutiques. Premièrement, le processus de développement de nouveaux traitements, notamment ceux à forte valeur ajoutée technologique, est extrêmement complexe. Les laboratoires s’engagent dans des procédures rigoureuses, devant non seulement prouver l’efficacité et la sécurité de leurs produits, mais aussi s’adapter aux exigences réglementaires sans cesse croissantes. La baisse de la qualité perçue des dossiers soumise à la HAS n’est pas le signe d’un manque d’engagement de la part des industriels, mais bien le reflet des difficultés inhérentes à la production rapide de données probantes, surtout pour des médicaments encore en phase expérimentale. Ensuite, la prolongation du recours à l’accès précoce est souvent due à des blocages dans les négociations tarifaires avec les autorités. Le prix final des médicaments doit être défini de manière à refléter non seulement le coût de production et de recherche, mais aussi l’innovation apportée, ainsi que le retour sur investissement nécessaire pour financer les futurs développements. Critiquer les laboratoires pour ce délai revient à minimiser la complexité des discussions autour du prix de remboursement. De plus, les entreprises assument un risque financier considérable en rendant ces médicaments accessibles avant même que leur valeur thérapeutique complète ne soit confirmée. Enfin, il est essentiel de souligner que l’objectif des laboratoires reste avant tout de mettre à disposition des traitements efficaces et innovants pour répondre aux besoins de santé publique. Si des ajustements sont à apporter au processus d’accès précoce, cela doit se faire dans un esprit de collaboration entre les différentes parties prenantes, en reconnaissant que la réussite de ce modèle repose sur un équilibre délicat entre l’urgence médicale et les contraintes économiques et scientifiques. En somme, l’industrie pharmaceutique reste un acteur essentiel dans l’accès aux innovations thérapeutiques, et les retards perçus ne traduisent en aucun cas une inertie volontaire, mais bien une réponse aux exigences inhérentes à ce secteur.
 
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