Une fois la cinquantaine passée, un adulte sur 4 se plaint de gonalgies, avec une gonarthrose débutante ou plus évoluée.
La prise en charge de ces cas de gonarthrose va de simples conseils hygiénodiététiques lorsque la douleur est peu prononcée, avec deux priorités, la perte de poids en cas de surcharge pondérale et la reprise d’une activité physique adaptée aux capacités, à la chirurgie en passant par toute une palette de moyens médicamenteux, qu’il s’agisse des antiarthrosiques symptomatiques d’action lente (récemment déremboursés en France) aux injections d’acide hyaluronique en passant par les AINS et la phytothérapie. Mais l’exploration d’une gonarthrose occupe également une place importante dans la prise en charge de cette pathologie, avec une place majeure donnée à l’arthroscopie. Selon une méta-analyse publiée dans le British Medical Journal, cette place serait tout à fait exagérée ! Selon les auteurs, aux Etats-Unis, cette procédure d’investigation pour des lésions dégénératives du genou représenterait un coût annuel de plus de 3 milliards de dollars, avec un rapport coût / bénéfice défavorable. Ils ont analysé d’une part 13 essais randomisés incluant un total de 1668 patients et 12 études observationnelles ayant permis de suivre plus de 1.8 million de patients. Après avoir analysé l’ensemble des données, leur jugement est donc défavorable et ils estiment que le très grand nombre d’examens arthroscopiques (2 millions de procédures dans le monde par an) n’est pas dépourvu d’aspects financiers, l’examen étant bien coté pour le praticien et/ou l’établissement de santé dans lequel il est réalisé. Non seulement les bénéfices pour le patient sont faibles ou nuls dans la plupart des cas mais les effets indésirables doivent être pris en considération ainsi que les coûts pour la collectivité. Face à un tel constat, on peut regretter la « démédicalisation » de la gonarthrose en France après le déremboursement des antiarthrosiques symptomatiques d’action lente. Outre la susbtitution pour des médicaments à risque iatrogénique plus élevé, AINS notamment, le risque est de voir s’envoler les procédures chirurgicales, de l’arthroscopie à la chirurgie prothétique, jusqu’alors bien moins fréquente en France qu’en Allemagne. Affaire à suivre…
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