Les maladies auto-immunes affectent environ 10% de la population

26/06/2023 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Une augmentation de l’incidence de certaines maladies auto-immunes a été décrite sans que des estimations de l’incidence globale des maladies auto-immunes et des tendances au cours du temps aient été bien précisées.

Dans le cadre d’une étude de population du Royaume-Uni, une équipe britannique s’est donnée pour objectif d’étudier l’incidence et la prévalence des 19 maladies auto-immunes les plus fréquentes et d’évaluer leur tendance au cours du temps (entre 2000 et 2019), en fonction du sexe, de l’âge, du statut socio-économique, de la saison et de la zone d’habitation, à partir de données de dossiers électroniques de santé reliés entre eux. La cohorte est représentative de la population britannique en termes d’âge, de sexe et d’ethnicité.  

Sur les 22 millions de sujets inclus dans cette étude, près de 100 000 ont eu un nouveau diagnostic d’au moins une maladie auto-immune durant cette période, à un âge moyen de 54 ± 21.4 ans. 63.9 % de ces sujets étaient des femmes. Au cours de la période d’étude, l’incidence standardisée globale, ajustée à l’âge et au sexe, de toutes les maladies auto-immunes, a augmenté : le rapport d’incidence entre 2017-2019 et 2000-2002 est de 1.04 (IC 95 % = 1-1.09). Les augmentations les plus importantes ont été observées pour la maladie cœliaque avec, entre ces deux périodes, un rapport des taux d’incidence de 2.19 (2.05-2.35). C’était également vrai pour le syndrome de Sjögren (2.09 ; 1.84-2.37) et pour la maladie de Basedow (2.07 ; 1.92-2.22). En revanche, la thyroïdite de Hashimoto a diminué de manière significative (rapport des taux d’incidence de 0.81 ; 0.75-0.86). Globalement, ces 19 maladies auto-immunes touchaient 10.2 % de la population sur la période d’étude (13.1 % des femmes et 7.4 % des hommes). Un gradient socio-économique était évident pour plusieurs de ces maladies, en particulier pour la maladie de Basedow. Une variation saisonnière a été observée pour le diabète de type 1 débutant dans l’enfance (plus souvent diagnostiqué au cours de l’hiver) et pour le vitiligo (plus souvent diagnostiqué au cours de l’été). Certaines maladies auto-immunes étaient plus fréquemment associées les unes aux autres, particulièrement le syndrome de Sjögren, le lupus érythémateux systémique et la sclérose en plaques. Les patients ayant un diabète de type 1 ayant débuté dans l’enfance avaient aussi, de manière significative, des taux supérieurs de survenue de maladie d’Addison (rapport d’incidence = 26.5 ; 17.3-40.7) ou de maladie cœliaque (28.4 ; 25.2-32) ou de maladie thyroïdienne : thyroïdite de Hashimoto : rapport d’incidence = 13.3 (11.8-14.9) ou de maladie de Basedow (6.7 ; 5.1-8.5). En revanche, la sclérose en plaques avait un taux inférieur de co-survenue avec d’autres maladies auto-immunes.  

En conclusion, les maladies auto-immunes dans leur ensemble touchent environ 1 sujet sur 10 et leur importance continue d’augmenter au cours du temps à des vitesses variables en fonction de chacune de ces maladies. Un impact socio-économique ou saisonnier ou régional est observé dans certaines de ces maladies auto-immunes, ce qui suggère que des facteurs environnementaux pourraient être importants dans la pathogénie de ces maladies. Les interrelations entre les maladies auto-immunes sont aussi fréquentes.  

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