Le ministère de la Santé a présenté sa stratégie nationale 2022-2025 pour la prévention des infections et de l’antibiorésistance en santé humaine. Des propositions d’actions ont été identifiées visant à répondre à trois objectifs principaux :
- Prévenir les infections courantes, comme les bronchites, les gastro-entérites, grâce à des gestes du quotidien et à la vaccination ;
- Réduire le risque d’infections associées aux soins, notamment les infections nosocomiales ;
- Et préserver l’efficacité des antibiotiques ;
Ce plan se veut ambitieux, visant à réduire la consommation d’antibiotiques en ville de 25% par rapport à 2019 d’ici 2025, mais aussi à augmenter la couverture vaccinale de la grippe pour les professionnels de santé à plus de 80% en ville (70% en établissements), et un taux inférieur d’Escherichia coli résistants aux céphalosporines de 3ème génération, dans les infections urinaires en ville, inférieur à 10%.
L’enjeu est en effet majeur. On rencontre de plus en plus d’infections courantes ou associées aux soins, résistantes à un traitement antibiotique, avec des conséquences graves. Ainsi, en 2015, 5.500 décès en lien avec des infections dues à des bactéries résistantes aux antibiotiques ont été comptabilisés en France. En outre, la France était en 2019 le quatrième pays d’Europe qui consommait le plus d’antibiotiques, avec une consommation près de 3 fois supérieure aux pays qui sont les plus faibles consommateurs d’antibiotiques.
La stratégie nationale mise en œuvre est le fruit du travail d’un comité rassemblant plus de 100 experts, avec deux groupes de travail coordonnés par la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H) et le Conseil national professionnel de maladies infectieuses et tropicales (CNP MIT). Elle s’inscrit dans le cadre de de la feuille de route interministérielle 2016 pour la maîtrise de l’antibiorésistance, et du programme national d’actions pour la prévention des infections associées aux soins (PROPIAS) de 2015.
Les recommandations sont déclinées en 9 axes et 42 actions.
Il s’agit, en particulier, de renforcer l’information et l’adoption de bonnes habitudes de prévention, qui commencent par l’éducation à la santé dès le plus jeune âge et l’utilisation de ressources en ligne ludiques et pédagogiques. Des campagnes de promotion doivent être organisées pour le grand public. L’espace d’information Antibio’Malin, qui est un outil pratique accessible à tous sur les infections courantes, doit être valorisé.
Concernant les professionnels de santé, la stratégie prévoit de renforcer la formation initiale et continue, et de mettre à leur disposition de nouveaux outils utilisables dans leur pratique quotidienne, type Antibioclic.
Il s’agit, par ailleurs, de renforcer l’utilisation partagée des données de santé et de surveillance, et d’encourager une recherche "innovante et pluridisciplinaire" dans ce domaine.
Pour Olivier Véran, ministre de la Santé, "cette stratégie nationale nous concerne tous, que nous soyons professionnels du secteur de la santé, patient ou citoyen".
Cette stratégie se déclinera aussi au niveau européen. Ainsi, une conférence ministérielle sur l’antibiorésistance sera organisée le 7 mars 2022 dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne.
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