Dans un rapport récemment publié sur les réseaux de soins issus de la loi Leroux, l'Igas accorde aux réseaux des effets sur la baisse des prix, mais doute de leur efficacité en matière d'accroissement de la qualité. Les inspecteurs relèvent en revanche de réelles entraves à l'accès aux soins (différence de qualité des contrats) ou à la liberté de choix et de prescription du praticien.
En 2016, notent les rapporteurs de l'Igas dans leurs conclusions, 45 millions d'assurés avaient potentiellement accès aux réseaux de soins, qui comptent jusqu'à plusieurs milliers de professionnels de santé. Ces réseaux interviennent grâce à leurs plateformes de gestion : CarteBlanche, Istya, Itelis, Kalivia, Santeclair et Sévéane. C'est dans le secteur de l'optique que ces réseaux de soins et leurs plateformes ont le plus essaimé (un tiers des parts de marché en 2016, + 11 % en un an). Ils représentent 20 % de l'offre en prothèse auditives, une proportion en expansion, alors qu'ils sont beaucoup moins représentés dans le secteur dentaire. L'IGAS a noté plusieurs points positifs :
-Baisse de prix notable en optique : - 10 % pour les montures adultes, - 20 % pour les verres adultes. La baisse n'est que de 10 % pour les aides auditives et est encore plus réduite en matière dentaire;
- Effet positif sur la lutte contre la fraude (contrôle a priori et a posteriori des prestations); Mais l'Igas note aussi des points plus discutables. L'impact des réseaux de soins sur la qualité est plus difficile à apprécier, note-t-elle, car l'essentiel des contrôles porte sur les moyens de la qualité, y compris dans le secteur dentaire (choix des praticiens, des techniques, des règles, des dispositifs et produits), mais il lui est impossible d'apporter un jugement sur la qualité du service rendu, "faute d'indicateurs fiables". L'apport est aussi incertain concernant l'accès aux soins d'un point de vue géographique. La tendance est à l'aggravation des inégalités liées à la couverture complémentaire (qualité des contrats). Les points négatifs concernent des restrictions de la liberté de choix et de prescription, modérée pour les patients, mais très forte pour les professionnels de santé, tant sur le plan financier que de l'encadrement très strict des pratiques. L'Igas recommande en conséquence d'améliorer la connaissance encore "très lacunaire" des réseaux de soins et de leur impact sur le système de santé grâce à un dispositif structuré de recueil de données et des études ad hoc : effet prix et effet volume liés aux réseaux, impact sur l'accès aux soins. Réagissant à ces conclusions, trois syndicats d'opticiens* appellent la profession à les rejoindre dans un projet d'une organisation représentative unifiée, pour construire un véritable "contre pouvoir". Ils continueront à réclamer, disent-ils, "une information objective et transparente" sur le fonctionnement des réseaux et un encadrement des organismes de protection complémentaire ainsi que des plateformes de gestion. *Le Rassemblement des opticiens de France (ROF), le Syndicat national des opticiens réunis (SNOR) et l'Union des opticiens (UDO).
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