Non!

"C'est l'idée même de la Sécurité sociale qu'ils suppriment" : les syndicats de médecins s'opposent à la baisse du remboursement des consultations

Alors que le relèvement du ticket modérateur sur les consultations des médecins et sages-femmes fait partie des mesures d'économies envisagées par le Gouvernement dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2025, plusieurs syndicats de médecins montent au créneau pour défendre l'accès aux soins.

14/10/2024 Par Aveline Marques
Assurance maladie / Mutuelles
Non!

La part du remboursement de l'Assurance maladie sur les consultations de médecins et de sages-femmes pourrait passer l'an prochain de 70 à 60%. Cette "option", envisagée par le Gouvernement, permettrait par un transfert de charges vers les complémentaires santé d'économiser 1.1 milliard d'euros sur le budget de la Sécurité sociale.

Si la mesure, qualifiée de "nécessaire" par le ministre du Budget Laurent Saint-Martin, doit encore être débattue, les syndicats de médecins sont d'ores et déjà vent debout. Dans un communiqué diffusé vendredi 11 octobre, MG France, attaché à "l'accès financier" aux soins, dénonce "un leurre". La hausse du ticket modérateur "ne permet aucune économie" puisque les complémentaires ont déjà prévenu qu'elles augmenteraient leurs tarifs en conséquence.

14 euros de reste à charge sur une consultation à 30 euros

"Ce que ne paiera pas l'Assurance maladie sera payé par les patients via leurs cotisations, majorées des frais de gestion de ces organismes, bien supérieurs", pointe le syndicat de généralistes. "En tenant compte de l'augmentation récente des franchises sur les consultations, le reste à charge d'une consultation payée 30€ sera de 14€, soit une diminution à 54% de la couverture par l’assurance maladie." MG France rappelle en outre que 2.5 millions de Français n'ont pas de complémentaire et devront assumer seuls cette baisse de remboursement de l'Assurance maladie.

Pour l'UFML, "c'est l'idée de la Sécurité sociale qu'ils suppriment : 'cotiser selon ses moyens, percevoir selon ses besoins'". "Demain, si cette folie continue, à 50% de remboursement par l’Assurance maladie vos mutuelles ou assurances complémentaires ouvriront des réseaux de soins fermés et vous proposeront de consulter un médecin affilié chez elles pour être mieux remboursé. Elles définiront le soin que vous allez recevoir", prédit le syndicat du Dr Marty, qui redoute la "marchandisation du soin", dans un communiqué du 12 octobre.

Reagjir signale en outre que l'augmentation des tarifs des complémentaires sera répercutée sur les contrats collectifs d'entreprise, renchérissant "le coût du travail", "qui sera déjà majoré par différentes suppressions d’exonérations de cotisations sociales". "Augmenter les coûts des complémentaires, tout en majorant les taux de prélèvement à destination de la Sécurité Sociale, consiste donc en une double peine, qui va à l’encontre de notre modèle social", considère le syndicat des remplaçants dans un communiqué du 14 octobre.

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Frederic Limier

Frederic Limier

Oui

Il est grand temps de réaliser qu’un pharmacien n’a aucune compétence pour soigner, n’ayant, pendant ses études, jamais vu un mala... Lire plus

3 débatteurs en ligne3 en ligne
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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 2 mois
C’est juste un problème de modèle social vieux de presque 80 ans et issu du Conseil National de la Résistance qui reprenait les mots de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793 ce qui n’est pas rien et qu'on remet en question. Tout transfert de financement vers les mutuelles de droit privé déroge à ce principe et évolue vers une prise en charge selon ses moyens et non plus selon ses besoins. C’est vrai pour l’assurance maladie comme c’est vrai pour l’assurance vieillesse et les allocations familiales. C’est donc un principe de société. Alors on peut rétorquer qu’il ne s’agit que de quelques euros, que les mutuelles vont prendre le relai… Mais contrairement à leur dénomination les « mutuelles » ne sont pas toutes solidaires et font payer leur service en fonction du risque et non du besoin et tout ce qu’elles vont rembourser, elles le refactureront au client. Ce renchérissement détruit l’égalité devant la maladie et la vieillesse et fait renoncer les plus précaires à se couvrir donc à se soigner et progresse vers une médecine à deux vitesses: ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas payer. On peut penser que ce système est couteux mais c’est comme cela que s’est bâtie une médecine performante qui a longtemps fait référence et qui de "coups de canifs" en "reste à charge" l'a fait glisser et perdre sa place et glisser encore dans le ventre mou des classements et de ses résultats. C n'est pas seulement Inquiétant ou, décevant… Pas seulement, c'est révoltant!
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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 mois
Il est grand temps de réformer la Sécurité Sociale qui, rappelons-le, est à la base un système d'inspiration communiste basé sur le triple principe de la cotisation par les actifs, de la gestion par les cotisants et de l'universalité des bénéficiaires. Aujourd'hui, ce ne sont plus du tout les cotisants qui gèrent, mais l'État, qui est devenu littéralement fou en se fixant l'objectif totalement fantaisiste de rendre les soins de santé "gratuits", tout en donnant une définition de plus en plus délirante à la notion de soins de santé, qui bientôt couvrira également la consommation de fruits et légumes ou de produits d’hygiène. Quant à l'universalité des bénéficiaires, cela ne peut plus fonctionner dans un pays gangrené par l'immigration de masse. Enfin, la cotisation par les actifs devient problématique lorsque la proportion d'actifs diminue. Il me paraît urgent de restreindre drastiquement le champ d'intervention de la Sécurité Sociale à 2 piliers fondamentaux : la prévention et les ALD. De toute façon si on ne sauve pas le système, il va totalement s'effondrer. D'un certain point de vue, le déficit grandissant en médecins de famille n'est que l'une des manifestations de cet effondrement en cours.
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Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 mois
Voici l'heure de l'augmentation du "Ticket Modérateur" . . . . côté SS . . . . . qui aurait pu logiquement se traduire par une augmentation proportionnelle des cotisations salariale et patronale + celle de la CSG et de la CRDS . Mais, suprême ruse technocrasseuse, les décideurs de l'Etat décident de refiler le mistigri de la hausse tarifaire (ou si l'on veut: de sa trahison par l'abandon d'un pan de la fonction d'assureur) au secteur "privé" de la mutualité . . . déjà pré-empté par l'Etat en 2016 lors de l'instauration de la mutuelle obligatoire d'entreprise, . . . . . elle-même simple récidive de l'obligation faite en 1945 aux entreprises de charger leurs bilans financiers d'une part majoritaire (dite salariale) de la cotisation sociale. Un simple jeu de bonneteau dont l'inefficience ne fait déjà plus illusion à aucun entrepreneur ou acteur économique qui regarde déjà vers d'autres cieux moins cupides et anthropophages pour se réinstaller. Cette stupide "initiative" de "sauvetage" du "meilleur système du monde" vient-elle des arcanes de la haute administration ? ou fut-elle sécrétée par quelque "cabinet privé de conseil" moyennant grasse rétribution aux frais du contribuable ? Il serait temps d'interpeller la notion-même d'assurance et de comprendre l'inanité de ses algorithmes: Cotiser selon ses moyens - - - vers un pot commun collectivisé - - - - sur lequel chacun peut récupérer selon ses exigences. Une mécanique "collectiviste" structurellement inflationniste qui voue son organisme à l'apoptose inéluctable. Commençons à réfléchir à d'autres formules de "prévoyance" qui se règleraient sur la responsabilité personnelle, individuelle s'il faut préciser. Si un "Etat" se révèle enfin inefficient et donc illégitime pour "gérer" DURABLEMENT les affaires essentielles de la vie de chacun de ses citoyens, il convient désormais de ne plus jamais le laisser commencer à faire semblant de savoir y faire mieux que ses citoyens acteurs .
 
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