"Le remplacement intérimaire, c'est précaire" : "médecins mercenaires" ou boucs-émissaires?

Egora.fr : La proposition de loi portée par la députée Stéphanie Rist visant à lutter contre les "excès" de l'intérim médical en bloquant les rémunérations des contrats de vacation ne respectant pas le plafond réglementaire a été votée hier. Quel regard portez-vous sur cette mesure ?
Dr Jean-Pierre Rey : Depuis la publication du décret 1601, le syndicat s’oppose fermement à ces limitations réglementaires des émoluments des médecins remplaçants en milieu hospitalier. Nous avons d’ailleurs créé le syndicat pour avoir une unité d’action représentative.
Dans le cadre de la présentation de cette proposition de loi, le ministre de la Santé s’est engagé à lutter contre le "mercenariat de l'intérim médical” qui désorganise l’offre de soin dans les territoires. Le comprenez-vous ?
Les propos du ministre de la Santé n’engagent que lui. Il s’est fait un nom sur un article paru en 2014 qui dénonçait 500 millions d’euros(1)… Je ne sais pas où il a trouvé ce chiffre, c’est extrêmement difficile de colliger les données, nous n’arrivons même pas à savoir quels sont les besoins exacts de remplacements.
Nous estimons qu’il y a à peu près 30% des postes de praticiens qui sont non-pourvus(2). Quand il balance les 500 millions, Olivier Véran oublie simplement de dire combien coûteraient des titulaires à temps plein, à qui on devrait des congés payés, des RTT, etc. En tant que remplaçant, nous sommes payés à la tâche. Le surcoût est lié au différentiel entre le même travail rempli en heure de travail par les médecins titulaires et le coût, si ce même travail est effectué par des médecins remplaçants. Sa démarche à l’époque est donc purement malhonnête et médiatique, cela lui a valu qu’on parle de lui.
Notre ministre, comme l’administration, se trompe de cible. Le problème n’est pas celui des remplaçants mais celui de l’organisation fondamentale des structures hospitalières et pourquoi autant de médecins ont choisi de quitter leurs postes pour effectuer des remplacements.
Pourquoi, à votre avis ?
Nous sommes très clairs : la première des motivations, c’est le ras-le-bol de lutter contre une institution qui ne nous demande pas notre avis. D’ailleurs, le mouvement s’est amplifié ces derniers mois. C’est à cause de la technocratie administrative.
Comme cela avait été le cas en 2018, votre syndicat pourrait-il appeler à ne pas remplacer dans les établissements qui appliqueront le plafonnement ?
Nous n’avions pas....
D'accord, pas d'accord ?
Débattez-en avec vos confrères.