Médecine

"Le sujet de fond est de savoir comment revenir à une médecine robuste qui ne dépend pas des machines"

CEO et cofondateur de l’Human Adaptation Institute situé à Marseille, Christian Clot mène des recherches sur les impacts des climats extrêmes sur l’homme dans toutes leurs dimensions : cognitive, physiologique, psychologique et sociale. Il nous expose son point de vue sur la chaleur alors qu’un pré-rapport sur le sujet devrait paraître en juillet prochain.

26/06/2025 Par Isabel Soubelet
Santé environnementale
Médecine

Quels sont les grands enjeux de l’adaptation humaine à la chaleur ? 

La première chose, c’est la fonction sociale qui diminue de manière très nette. En effet, à 40-50 °C, l’être humain a beaucoup moins de capacité et d’envie d’écouter l’autre. Le discours et le nombre de mots utilisés diminuent, ainsi que la volonté d’être proche des autres physiquement. Si le monde médical n’a pas d’endroits vraiment climatisés pour travailler, il y aura des erreurs médicales, par le simple fait que l’on écoutera moins l’autre.

Faut-il dérembourser les cures thermales ?

François Pl

François Pl

Oui

Dans les années 80 j'ai été suivre (sans prescription - je suis Belge) une "cure thermale" en Auvergne, suite à une promotion tour... Lire plus

La deuxième chose, c’est que l’on ne dort plus correctement. Donc, potentiellement, certains patients auront une moins bonne récupération et une moindre assimilation de certains types de médicaments. Par ailleurs, on sait que les psychotropes augmentent la température corporelle. Aujourd’hui, la délivrance d’un médicament ne prend pas en compte les conditions environnementales dans lesquelles il est utilisé. C’est un sujet du futur dont le champ d’études, mis sur la table de manière concrète en Inde, par exemple, va devoir se développer en France.

Et enfin, la troisième chose, c’est qu’à ces niveaux de température, la plupart des machines s’arrêtent s’il n’y a pas de climatisation. En France, de nombreuses machines sont paramétrées pour 40 °C et les équipements médicaux pour 36 °C. Au-delà, ils ne sont plus catégorisés pour donner un résultat…

Vous avez créé une chambre climatique à 50 °C. Quel est son rôle ? 

L’objectif premier est de faire comprendre aux décideurs politiques et aux entreprises les enjeux d’une chaleur extrême et d’engager une démarche pour trouver des solutions. Le second est de mener des études scientifiques sur la grande chaleur parce que nous avons cette chambre dans laquelle nous menons différents programmes d’études. Nous pouvons paramétrer l’humidité, la température, tester des outils d’atténuation, pousser les matériels électroniques… Et la chambre climatique est aussi un outil pour la population générale dans le but de déclencher le changement.

Avez-vous identifié des pistes de solutions applicables à la médecine ? 

Développer les points d’eau dans les hôpitaux, déployer les zones arborées autour des établissements, porter des gilets rafraîchissants, équiper les médecins d’équipements de protection individuelle qui permettent de réduire la température centrale, réfléchir à des solutions pour se rafraîchir qui n’utilisent pas d’énergie…

Des tests et des réflexions sont en cours, mais le sujet de fond qui se pose est de savoir comment revenir à une médecine robuste qui ne dépend pas des machines.

En savoir plus : adaptation-institute.com/en/axe-3-climatic-impact 

1 débatteur en ligne1 en ligne
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Podcast Médecine légale
"On ne l’a pas écoutée" : une légiste raconte l’autopsie d’une victime de féminicide
04/08/2025
0
Ça vous a fait réagir
Les médecins favorables à la responsabilisation des patients : "Le médicament est devenu une denrée sans...
25/07/2025
0
Témoignage
"J'ai pris mon bébé avec moi en cours" : cette future étudiante en médecine raconte son quotidien de maman
30/07/2025
3