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Attentat de Nice : des soignants racontent ce qu'ils n'ont jamais dit

Il y a Isabelle*, l'anesthésiste-réanimateur. Andréa, l'infirmière "amuseuse" de pédiatrie. Benoît, l'urgentiste. Ou encore Goran, l'ado qui se rêve pompier. Le soir du 14 juillet 2016, ils sont tous intervenus auprès des centaines de victimes de la Promenade des Anglais, qu'un camion frigorifique a changé en un immense linceul de 1.7 km de long. Tous ont l'impression de ne pas en avoir assez fait. Dans un "livre-mémoire" (Soigner, Ed. First) qui vient de paraître, l'écrivain et urgentiste Marc Magro, leur collègue, rend hommage à leur engagement. La cinquantaine de témoignages intimes de soignants qu'il a recueillis laisse entrevoir l'horreur, mais aussi et surtout l'humanité. Interview.

 

A lire : "Ce soir-là, j'étais seule comme jamais je ne me suis sentie dans le travail"

Demain et après-demain, retrouvez d'autres extraits des témoignages

 

Egora.fr : Racontez-nous votre 14 juillet 2016.

Dr Marc Magro : J'étais de garde au Samu de Nice, à l'antenne de Menton. J'ai reçu un premier coup de fil de ma fille ainée, en instantané des événements. Elle a d'emblée cherché à me rassurer alors qu'il venait de se passer quelque chose sur la Promenade des Anglais. Elle m'a dit de ne pas m'inquiéter pour ma benjamine de 15 ans, qui venait de voir un camion écraser des gens, et qui s'était mise à courir dans les rues du vieux Nice pour se mettre à l'abri. Sur les ordinateurs des urgences, j'ai vu une liste impressionnante de blessés et de morts qui s'allongeait à mesure que le 15 recevait des appels. J'ai appelé ma benjamine. Elle a commencé à me raconter, tout en courant, des passages de ce qu'elle avait vu. Puis elle a fini par se réfugier dans un immeuble.

Au Samu à Menton, on est resté enclavé. En réserve. Mais j'avais mon histoire personnelle à gérer : j'avais quand même trois enfants sur la Promenade, dont une qui était passée très près du camion, et les deux autres je ne savais pas où ils étaient. J'ai découvert l'événement au fur et à mesure des récits de mes collègues.

 

Pourquoi ce besoin d'écrire un "livre-mémoire" ? Vous dites que vos collègues en ont parlé tous les jours par la suite… Avez-vous mal vécu le fait de ne pas avoir pu être présent avec eux ce soir-là ?

Non, pas du tout. Je suis très content d'avoir été épargné. Pourtant, je suis habitué à voir des choses terribles. Mais quand je vois comment les gens ont vécu les événements en tant que soignant, je suis très content que ça ne m'ait pas été imposé. On en a vu assez et on verra certainement d'autres, c'est bien de se préserver. Par contre, l'un d'entre eux dans les témoignages dit "c'est terrible, mais je n'aurais pas pu être ailleurs". Il y a tous les cas de figure….

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