Gérard Maudrux a présidé la Carmf de 1998 à 2015. Crédit : Carmf
Gérard Maudrux : mort d’un visionnaire iconoclaste
Le Dr Gérard Maudrux est décédé le 5 mars dernier à l’âge de 75 ans, d’une longue maladie. Regards sur la carrière de roman d’un défenseur infatigable de la retraite du médecin libéral.
Gérard Maudrux a présidé la Carmf de 1998 à 2015. Crédit : Carmf
Pour tous ceux qui ont suivi l’histoire médico-sociale française de ces 30 dernières années, le nom de ce chirurgien urologue grenoblois reste marqué d’une empreinte très particulière. Encore aujourd’hui, lorsqu’on parle de retraite du médecin libéral, le seul prononcé de son nom entraîne soit une moue résignée, soit des yeux aux ciel pleins de reconnaissance. Toute sa vie, ce professionnel passionné, assez peu charismatique pourtant, aura suscité la polémique, tant il aura bousculé l’ordre établi, les syndicats médicaux, la tutelle, au détriment souvent de sa propre carrière de praticien. Son moteur, c’est le service de la profession et tant pis pour ceux qui lui ont prêté un costume d’agent des assurances privées, de la CIA et même du KGB russe ! Son arme : une ténacité hors norme, renforcée par l’admiration de ses adhérents et l’agressivité de ses adversaires.
Car le nom de Maudrux est indissociable celui de la retraite du médecin libéral, et particulièrement du régime de l’ASV (avantage supplémentaire retraite), lié au régime conventionnel : les caisses financent en effet les 2/3 de la facture pour les médecins du premier secteur. Ce libéral est convaincu que ce régime, construit pour permettre aux médecins hors convention de la rejoindre en acceptant une limitation de leurs honoraires remboursés, court à la faillite, du fait d’un taux de rendement excessif, et de son ouverture ultérieure aux médecins du secteur 2.
Médecins braqués
Dans son association “SOS retraite santé”, dont les statuts ont été déposés en 1993, il fait la démonstration d’une faillite inéluctable de l’ASV et d’un braquage des médecins, appelés à cotiser de plus en plus, pour un rendement ultérieur de plus en plus faible, voire anecdotique à la fin eu égard aux sommes versées, car les caisses rechignent à payer une facture de plus en plus lourde. Gérard Maudrux veut le démantèlement de ce régime, l’écrit dans de nombreux ouvrages et tribunes, se déplace partout en France pour le clamer, graphiques à l’appui. Et une foule de plus en plus dense de médecins libéraux le suit dans cette démarche iconoclaste.
Sorte de prémices des coordinations, SOS aura essaimé dans toute la France, bousculant les syndicats, et surtout ceux de généralistes très attachés au système conventionnel. La Caisse nationale de retraite des médecins (Carmf) se prend des tirs violents, au point d’agacer la tutelle. Par tactique, les adhérents de SOS se font élire partout en tant que délégués et l’impensable arrive en 1997 : Gérard Maudrux est élu président de la Carmf. Il le restera 18 ans “seulement” pourrait-on dire, car un décret ministériel spécial lui interdit de se représenter de nouveau, en tant que retraité cette fois-ci, ce qu’il a vécu comme un affront personnel.
A l’heure du bilan, cette présidence aura raté sa cible : l’ASV est vivant et sauvé, la tutelle ayant accepté de mettre la main à la poche, mais le vent libéral est tout de même passé sur la vénérable maison, au travers du concept de “retraite à la carte “ou “en temps choisi” des régimes de base, complémentaire, et ASV, concept qui porte la marque du chirurgien grenoblois.
Retraité tôt, Gérard Maudrux aura continué à défendre des causes, avec plus ou moins de bonheur, contre l’organisation de la prise en charge du Covid 19 par l’Etat, pour la défense du protocole du Pr Didier Raoult, pour l’obtention d’une RTU pour l’ivermectine notamment, en prévention de la Covid... Ce qui lui a valu les foudres de l’Ordre des médecins, qui l’ont poursuivi jusqu’au national, en 2024, pour trouble à l’ordre public. Une souffrance, d’après ses proches.
Au milieu du bruit et de la fureur, Gérard Maudrux restera un nom controversé dans le paysage médico-social français, autant qu'un grand visionnaire pour tous ceux qui l’ont suivi dans sa croisade inédite.
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