Paiement à la qualité : pourquoi les médecins s'en méfient

Il y a ceux qui se sentent insultés et ceux qui, au contraire, trouveraient ça "normal". Le paiement à la qualité ne laisse aucun soignant indifférent. Consultés par Agnès Buzyn sur Egora, près de 1400 médecins, infirmières et autres professionnels de santé libéraux ont donné leur avis sur cette proposition phare du rapport Aubert sur le financement des soins. Plus de 78% d'entre eux s'y opposent. Ils nous disent pourquoi.
"Je n'ai pas fait 10 ans d'études pour être jugé sur ma pratique par d'autres que mes pairs. La médecine est un ART." Pour ce médecin généraliste comme pour plus de 78% des 1379 soignants libéraux qui ont donné leur avis sur le sujet, il est hors de question d'accepter qu'une partie de la rémunération soit basée sur le suivi d'indicateurs de qualité et de pertinence des soins.
"Des modes de financement à part entière"
Organisé depuis 2003 au Royaume-Uni, le recueil de ces indicateurs est considéré par la mission Aubert sur le financement des soins comme le "contrepoint indispensable" au paiement à l'acte, qui pousse à la quantité. En France, le modèle n'est autre que celui de la Rosp (qui a succédé aux Capi, en 2012) pour les médecins traitants, et des Ifaq pour l'Hôpital. Le rapport remis fin janvier à la ministre de la Santé plaide pour étendre ces systèmes de bonification à l'ensemble des structures de soins, des professions médicales et paramédicales jusqu'à en faire "des modes de financement à part entière".
Concrètement, 7 à 10 indicateurs, régulièrement renouvelés, seraient définis pour chaque profession et type de structure en concertation avec la HAS, les professionnels de santé et les représentants de patients, en capitalisant sur les travaux internationaux. "Le paiement à la qualité pour le médecin généraliste contiendrait des indicateurs simples sur les facteurs de risques principaux (mode d’alimentation, tabagisme…), faisant une place importante à des indicateurs de prévention primaire. Le paiement à la pertinence, actuellement inclus dans la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), serait également transformé...
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