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"L'heure est grave" : contre les transferts de compétence, le président de l'Ordre des médecins sonne la charge

Ces expérimentations ne sont faites que pour devenir très rapidement des généralisations, mal ou non évaluées. Aujourd’hui le médecin est au cœur du parcours de santé, mais cela ne veut pas dire que d’autres acteurs ne peuvent pas avoir des compétences nouvelles. Cela veut simplement dire qu’elles doivent être concertées et intégrées dans une coordination des soins. Ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle.

 

Vous dénoncez plusieurs mesures l'accès direct aux orthophonistes, orthoptistes, masseurs-kinésithérapeutes et IPA. S'agit-il d'un dépouillement des compétences des médecins ?

Ce n’est pas vraiment un dépouillement des compétences. Nous disons que ce qui est important dans le parcours de santé, c’est la façon dont le patient va être associé à ce parcours. En ophtalmologie, par exemple, les médecins ont fait des propositions très concrètes dans le cadre d’un parcours de santé qui intègre les autres professionnels de la filière optique. Quelle est la réponse à ces efforts d’une décennie du collège professionnel des ophtalmologistes ? L’on donne un transfert de compétence total aux orthoptistes. Ce n’est pas comme cela que l’on pourra rendre lisible le parcours de santé pour les usagers.

 

Concernant les infirmières en pratique avancée, cette évolution est pourtant une promesse du Ségur de la santé, leur raison d'être...

C’était un engagement du ministre dans le cadre du Ségur, mais ce n’était pas au départ dans les éléments que le Ségur envisageait de mettre en œuvre. Nous avions contesté le fait de diriger un rapport sur la création des compétences des IPA et nous avions acté avec le ministre qu’une mission Igas soit menée et que c’est à la suite de cette mission que des éléments structurants pourraient être mis en place dans le cadre législatif. Or nous constatons que la mission Igas n’est pas terminée, mais que le Gouvernement a, lui, déjà proposé par amendement des modifications, ou demandé à des députés de les proposer. Ça n’est pas la nature des engagements publics pris avec les professionnels médecins lors des discussions que nous avions eu sur les suites de la PPL Rist. 

Le problème n’est pas qu’il existe à l’avenir des IPA. Mais avant même d’avoir conçu et intégré la place des IPA et la façon dont elles vont pouvoir être associées dans un parcours de santé avec des professionnels, le Gouvernement pose un principe (celui de la primo-prescription) alors que nous ne savons pas comment vont se coordonner ces professions à compétences élargies. On prend le problème à l’envers. On va mettre dans l’espace du parcours de santé des professionnels qui vont être en difficulté car le système n’a pas été intégrable. Ils vont donc être au cœur d’un système compétitif et non coopératif. Or nous, médecins, voulons un système coopératif, coordonné par le patient et le médecin, et dans lequel les autres acteurs ont une place structurée en fonction des compétences qui sont les leurs.

 

Ces mesures sont conditionnées à des expérimentations ou à un exercice dans une structure coordonnée. Or vous pointez du doigt une volonté urgente du Gouvernement de généraliser ces mesures. S’agit-il, selon vous, de fausses expérimentations ?

Nous sommes tous des vieux routiers du travail avec l’Etat et nous savons très bien que ce qui prime dans l’intention...

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