Accusée par les pompiers de simuler, une ado de 13 ans décède des suites d'une hémorragie cérébrale

04/12/2023 Par Mathilde Gendron
Faits divers / Justice
Aïcha, 13 ans, est décédée le 2 juillet dernier des suites d'une hémorragie cérébrale. D'après ses parents, les pompiers qui sont intervenus le soir de son malaise ne l'auraient pas prise au sérieux. Mediapart, qui révèle l'affaire, a diffusé l'enregistrement des échanges. 

 

L'affaire n'est pas sans rappeler le cas de Naomi Musenga, jeune femme de 22 ans décédée fin décembre 2017 des suites d'une intoxication au paracétamol faute d'avoir été prise au sérieux par le 15.  

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Le 20 juin dernier, Aïcha, 13 ans, est prise d'un malaise au cours du diner. Elle a la tête qui tourne, voit flou et lutte pour rester éveillée. Sa mère appelle alors les pompiers. Mais l'équipe qui intervient vers 20h15 au domicile parisien d'Aïcha ne semble pas prendre ces signes au sérieux. Pour ces derniers, l'adolescente, qui est semi-consciente, est capable de bouger mais ne parle pas, simule : elle se forcerait à fermer les yeux, et ses tremblements seraient "provoqués".  

S'ensuivent trente minutes d'échanges, enregistrés par le père, visant notamment à "raisonner" la jeune fille… "Il va vraiment vraiment falloir faire un effort, martèle le chef d'équipe. Vous avez 13 ans, vous êtes grande. Là il faut nous expliquer. Si vous êtes capable de tenir, vous êtes capable de parler. Là, ce qu'il faut que vous compreniez c'est que le temps qu'on attend, il y a des personnes qui ont vraiment besoin de nous." "Là, ça sert à rien ce que vous faites", lance-t-il encore. 

Rassurés par les bonnes constantes de la jeune fille, les pompiers finissent par partir. Dans la nuit, vers 3 heures du matin, les parents d'Aïcha décident de la conduire aux urgences de l'hôpital Robert-Débré (AP-HP). Rapidement prise en charge, l'adolescente est installée en salle de déchocage et plongée dans le coma. Une hémorragie cérébrale et une malformation artérioveineuse sont retrouvées. Transférée à la Pitié-Salpêtrière, Aïcha y décède le 2 juillet. 

Jugeant l'attitude des pompiers non "professionnelle" et empreinte de préjugés racistes, les parents de la jeune fille ont l'intention de porter plainte. "Et si nous n'étions pas noires?", s'interroge ainsi la mère d'Aïcha. 

Contactée par Mediapart, la préfecture de police de Paris, chargée des sapeurs-pompiers de la capitale, a refusé de communiquer sur ce cas, au nom du secret médical et du secret professionnel entourant l'intervention. 

[avec Mediapart

3 débatteurs en ligne3 en ligne
Photo de profil de JACQUES BOUHOURS
345 points
Incontournable
Anesthésie-réanimation
il y a 2 ans
Une histoire triste...triste à en mourir. Bien d'accord avec les confrères qui insistent sur l'indispensable avis médical, dans des cas aussi difficiles. J'ajouterai qu'il faut de surcroît avoir un nombre déjà conséquent "d'heures de vol" pour savoir à la fois s'abstraire d'un contexte (presque) toujours étouffant (l'anxiété des proches tourne vite à l'agressivité), connaître sa séméiologie neurologique sur le bout des doigts, ne se fier qu'aux signes physiques patents, et ne pas oublier qu'en phase aigüe, les signes peuvent évoluer très vite... Il est très, très difficile de simuler une anisocorie, un clonus (du pied ou de la rotule), un Babinski, une raideur méningée, etc, mais il faut être sûr de soi quand on les recherche, et probablement, s'être beaucoup trompé, avant d'en arriver à un niveau de fiabilité suffisant. J'ai toujours beaucoup d'humilité et de compréhension vis à vis d'erreurs médicales dans de telles situations. Mais les pompiers et les ambulanciers qui "jouent au docteur" ne méritent que du mépris.
Photo de profil de yves adenis-lamarre
3,2 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
Les pompiers ne sont pas responsables! on les envoie avec des missions qui ne sont pas les leurs; ce genre d'accident avec la nouvelle politique ne peut qu'aller en augmentant. Et puis ce n'est pas non plus un problème d'ethnisme. Quand mon épouse a fait son hémiparésie, en séjour à Paris, j'ai appelé le 15 qui m'ont envoyé les pompiers. "Vous êtes sûr que sa déformation de la bouche n'est pas habituelle chez elle?" Ils se trompent de coté, je leur explique, ils me répondent qu'ils connaissent leur métier. "eh bien, on ne peut pas la transporter, vous allez appeler un médecin pour savoir ce qu'il en est" !!!! C'est à ce moment là que j'annonce la couleur, que je suis médecin. Ré-appel de leur part au centre 15 qui accepte le transport par eux!!! Mais les politiques se protègent : si le protocole administratif est respecté, en cas d'accident, ils sont couverts, et si ça se corse.... c'est de la faute au siège éjectable qui est intervenu.
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591 points
Incontournable
Médecine générale
il y a 2 ans
Combien en ai-je vu au cours de mon exercice. De prétendues alcoolisations. Des simulations. Des crises d'hystérie. Qui se terminaient mal, voire par un décès. Erreurs de quidams, de médecins, d'infirmières, de pompiers, de services d'Urgences. La leçon : Soyez toujours Votre propre contradicteur. Çà semble psycho-somatique, donc je recherche en priorité le somatique. Ça semble somatique, je complète en pensant au psychologique possible. Mais en privilégiant toujours l'intérêt du malade et l'hypothèse la plus dangereuse pour lui.
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