
"Le généraliste n’est pas un obstacle" pour l’accès aux soins : unis, les médecins libéraux dénoncent la position de l’Académie
Dans un rapport publié début juillet, l'Académie de médecine suggère d'ouvrir plus largement l'accès direct à certaines spécialités médicales, jugeant le passage "obligé" par le généraliste contraignant. Pour la quasi-totalité des syndicats de médecins libéraux, qui tirent la sonnette d’alarme, l’institution confond "la boussole avec l’ornière".

La réponse ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué diffusé ce lundi 7 juillet, cinq des six syndicats représentatifs des médecins libéraux (FMF, CSMF, MG France, UFML-S, SML) - à l'exception d'Avenir Spé -, Médecins pour demain, les Comeli, SOS Médecins, les syndicats d’internes (Isni et Isnar-IMG) et le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (Reagjir) dénoncent unanimement le dernier rapport de l’Académie de médecine consacré à la pénurie de médecins spécialistes, paru le 2 juillet.
Dans son rapport, l’institution défend un assouplissement des conditions de recours aux médecins spécialistes. Elle juge en effet que les difficultés d'accès aux médecins spécialistes sont "accentuées" par le passage obligatoire par un médecin traitant pour avoir un rendez-vous chez un spécialiste, "alors que 17% des Français n'ont pas de médecin traitant". "Le passage obligé par les médecins généralistes […] est un handicap particulièrement pénalisant en pédiatrie et en psychiatrie", écrit ainsi l'instance.
Quatrième année d'internat de médecine générale : faut-il reporter la réforme?

PHILIPPE BERGERAULT
Oui
cette 4° année me parait être simplement un "bouche trou'" pour pallier l'impéritie de la succession de décideurs qui ont été inca... Lire plus
Et de plaider : "Il faut faciliter l'accès des patients aux spécialistes, actuellement par l'intermédiaire de leur médecin traitant, à travers une information accessible et adaptée aux besoins locaux et une ouverture plus large à un accès direct à certains spécialistes de premier recours", comme les dermatologues, rhumatologues, urologues, etc.
"Parler du parcours médecin traitant comme d’un handicap, c’est confondre la boussole avec l’ornière", estiment les syndicats dans leur communiqué. Et de défendre ce "professionnel de proximité, qui coordonne, qui suit, qui connaît ses patients et qui garantit, au quotidien, la cohérence des soins".
"Nous ne pouvons que nous étonner – et nous alarmer – de cette remise en cause aussi brutale qu’injustifiée d’un dispositif pourtant reconnu par la littérature internationale comme un facteur clé de qualité, d'efficacité et d’efficience dans les systèmes de santé", s'inquiètent les organisations.
Alors que chacun tente de trouver des solutions – institutions comme acteurs de terrain – pour pallier les difficultés d’accès aux soins, les signataires du communiqué rappellent que celles-ci ne "seront pas résolues en désorganisant davantage ce qui fonctionne". "Elles ne relèvent pas d’un excès de coordination, mais d’un manque de moyens, de reconnaissance, et d’attractivité pour la médecine générale", insistent les professionnels.
Les syndicats appellent l’Académie de médecine, et plus largement l’ensemble des institutions, à "ne pas céder à une logique court-termiste de contournement, mais à réinvestir dans le cœur du soin : une médecine générale structurée, accessible, et respectée".
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