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"Il est temps de cesser d'attiser les peurs" : la réponse des IPA au président de l'Ordre des médecins

Dans un communiqué diffusé le 18 juillet en réaction aux "récentes déclarations" du Dr François Arnault, président du Conseil national de l'Ordre des médecins, sur l'accès direct aux paramédicaux, l'Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa) dit "stop au corporatisme". "Ceux qui aujourd'hui s'opposent aux mesures nécessaires d'accès aux soins des patients seront comptables demain des retards de prise en charge des Français", prévient-elle.

24/07/2024 Par Aveline Marques
Paramédicaux
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La publication des textes d'application de la loi Rist de mars 2023 alimente ces dernières semaines une guerre par communiqués interposés. Pour rappel, ces projets de décret et d'arrêté, qu'Egora a pu consulter, précisent les "conditions" de l'accès direct des patients aux IPA et de "prescription initiale" par ces derniers. Ainsi, le projet d'arrêté liste en annexe les "produits ou prestations soumis à prescription médicale obligatoire" que tous les IPA seront autorisés à prescrire (paracétamol, arrêt de travail de moins de 3 jours, transport sanitaire, amoxicilline pour traiter une angine bactérienne à strepto-test positif chez l’adulte…) et ceux qui seront spécifiquement autorisés pour chaque "mention" d'IPA, avec ou sans "diagnostic médical préalable". Dans le cadre du domaine d'intervention "pathologies chroniques stabilisées, prévention et pathologies courantes en soins primaires", une IPA pourra ainsi prescrire sans diagnostic médical préalable des traitements antihypertenseurs de première ligne, des hypoglycémiants, ou encore des statines…

Des dispositions qui, pour le président du Conseil national de l'Ordre des médecins, outrepassent l'équilibre trouvé dans la loi Rist, qui cantonnait l'accès direct des paramédicaux aux structures d'exercice coordonné. Dans le dernier bulletin de l'instance, le Dr François Arnault déclare que "le Gouvernement va au-delà de la loi" et ne respecte pas "le contrat moral" avec les médecins, qui s'étaient fortement mobilisés contre un large accès direct. Il estime que ces textes ne peuvent "figurer dans les affaires courantes d'un Gouvernement qui a présenté sa démission", et annonce qu'il utilisera "tous les recours légaux" pour obtenir une modification.

 

"Positions corporatistes d'un autre temps"

Dans un communiqué diffusé le 18 juillet, l'Unipa considère au contraire que ces textes "font partie intégrante des affaires courantes, la loi ayant été promulguée depuis plus d’un an". Dénonçant les "positions corporatistes d'un autre temps" de l'Ordre des médecins, le syndicat assure que ces textes ont été "construits en concertation avec les représentants des organisations médicales". "Il est crucial de clarifier que les compétences des IPA, notamment en oncologie, néphrologie et santé mentale, ne visent pas à remplacer les diagnostics médicaux. Au contraire, elles sont destinées à améliorer la prise en charge des patients dans des domaines spécifiques, tels que la gestion des effets secondaires de la chimiothérapie, l’évaluation nutritionnelle chez les patients néphrologiques, et la correction des effets secondaires des neuroleptiques en psychiatrie et santé mentale", met en avant l'Unipa.

"Il est temps de cesser d’attiser les peurs et de reconnaître que les IPA agissent en complémentarité avec les médecins pour pallier les inégalités d’accès aux soins", déclare-t-elle. "Ceux qui aujourd’hui s’opposent aux mesures nécessaires d’accès aux soins des patients, seront comptables demain des retards de prise en charges des Françaises et Français avec des conséquences dramatiques pour la santé de ces populations, notamment les plus précaires", prévient l'Union.

4 commentaires
35 débatteurs en ligne35 en ligne
Photo de profil de B M
4,7 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 5 mois
"Il est temps de cesser d’attiser les peurs et de reconnaître que les IPA agissent en complémentarité avec les médecins pour pallier les inégalités d’accès aux soins", déclare-t-elle. "Ceux qui aujourd’hui s’opposent aux mesures nécessaires d’accès aux soins des patients, seront comptables demain des retards de prise en charges des Françaises et Français avec des conséquences dramatiques pour la santé de ces populations, notamment les plus précaires", prévient l'Union. Marrant. Et vous serez comptable du n'importe quoi organisé par vos Ordres avec la bénédiction des Politiques aux dépens des patients. Faites volontiers médecine plutôt que de vous croire indispensable magiquement. En médecine, le plus difficile à apprendre c'est de reconnaitre ce qu'on ne sait. Mais vous verrez des gens, sans plainte sans voir ni savoir ce que vous ne savez pas. S'il ne s'agissait que de prendre en charge "juste" les pathologies dites courantes ou "faciles", sans risque selon vous, pourquoi vous rémunérer 50 euros pour vos cochages de cases que dans ces conditions et points de vus complètement décalés de al réalité, un élève en CP pourrait faire???? Tout est non sens même dans vos propos. Flippant.
Photo de profil de Pierre Berton
681 points
Débatteur Passionné
Autre spécialité médicale
il y a 4 mois
Tant que les IPA et les médecins n'auront pas les mêmes cours en fac dans leurs domaines de compétence, bricolage, rafistolage, naufrage.
Photo de profil de Françoise Leprince
109 points
Médecins (CNOM)
il y a 5 mois
En Suède c’est l’ordinaire des soins et c’est très pratique et utile !
 
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