Cancer de la vessie : un bouleversement des traitements

02/06/2023 Par Brigitte Blond
Cancérologie
Le dépistage précoce du cancer de la vessie est d’autant plus justifié que des progrès importants ont été réalisés ces dernières années, que ce soit sur le plan diagnostique ou thérapeutique. Pourtant, force est de constater que le niveau de méconnaissance de cette pathologie est important. L’Association française d’urologie (AFU) s’est donc alliée à l’association de patients Cancer Vessie France* pour mener une campagne de sensibilisation du grand public : “Les saignements urinaires, on les considère“.

    Chaque année en France, 13 à 20 000 personnes reçoivent un diagnostic de cancer de la vessie, un cancer 4 fois plus fréquent chez l’homme. C’est encore le 2ème cancer urologique après celui de la prostate. Le taux de survie à 5 ans étant de 5 à 80 %, selon le moment du diagnostic, plus ou moins précoce… Dans la plupart des cas, 8 à 9 fois sur 10, le premier symptôme d’un cancer de la vessie, révélateur, est la présence de sang visible dans les urines : cette hématurie peut rester isolée un certain temps… ou se reproduire au fil des mictions.   Cancer de la vessie a priori « Certes, ce signe n’est pas constant, mais il est inconcevable de ne pas évoquer le diagnostic quand il est rapporté », insiste le Pr Yann Neuzillet, chirurgien onco-urologue à l’Hôpital Foch de Suresnes. Quoi qu’il en soit, si tous les saignements urinaires ne sont pas liés à un cancer des voies urinaires heureusement, une hématurie, même une fois, surtout si elle est isolée (sans autre signe urinaire), oblige à un minimum d’explorations et en priorité à une consultation : le médecin généraliste peut alors tremper une bandelette dans les urines et confirmer ou infirmer la présence de leucocytes témoins d’une infection urinaire, ce qui est le plus souvent le cas. Pas question non plus de prendre un anti-infectieux urinaire en monodose à la demande si ce saignement se répète sans s’être assuré de la réalité de l’infection. La présence d’hématies seulement invite à des examens complémentaires et à demander l’avis d’un urologue.   Tabagisme surtout Les patients ne doivent donc pas se trouver de fausses excuses pour ne pas consulter, surtout s’ils sont fumeurs ou ex-fumeurs, le tabagisme étant LE facteur favorisant. Or, la plupart l’ignorent et dans une récente enquête, il n’apparaissait qu’en 8ème position après une exposition professionnelle ou la présence de toxiques dans l’eau par exemple. Les urines embarquent avec elles toutes les toxines de l’organisme et ce ne sont pas les quelques éventuelles particules de l’eau de boisson qui créent un cancer de la vessie. En revanche, les carcinogènes du tabac, oui. Depuis les alvéoles pulmonaires, ils sont entraînés dans la circulation et métabolisés par le rein avant d’être évacués dans les urines. Les femmes qui fument aujourd’hui davantage, et sont par conséquent plus susceptibles de développer un cancer de la vessie, sont d’autant plus à risque que le rythme de leurs mictions est moindre : le temps de contact du carcinogène s’élève notablement chez elles parce qu’elles se retiennent plus longtemps pour des raisons logistiques, de toilettes peu accessibles et insuffisamment propres… Autre raison de diagnostic différé, l’absence de douleur même à un stade avancé.   Révolution des traitements Le jeu de ce diagnostic précoce en vaut la chandelle tant les progrès diagnostiques et thérapeutiques ont été constants ces cinq dernières années. L’ablation de la vessie, notamment, n’est plus systématique en cas de tumeur infiltrante et il est possible de la conserver au prix d’une surveillance plus légère… Le médecin traitant est coordonnateur pour le diagnostic, les informations, le suivi et bien sûr la prévention, en aidant à l’arrêt d’un tabagisme. La chimiothérapie ou les instillations de BCG - qui restent le traitement de référence des maladies plus agressives mais superficielles encore - , la cystectomie partielle ou totale associée à une chimiothérapie et/ou radiothérapie, sont des options de traitement aujourd’hui combinées à des anticorps conjugués ou à l’immunothérapie. Ces deux dernières possibilités étant testées au stade métastatique ou pour les tumeurs à haut risque encore superficielles comme il est d’usage pour de nouveau médicaments. « Des résultats prometteurs devraient être présentés au congrès de l’American Society of Clinical Oncology (Asco) [Chicago, 2 au 6 juin, NDLR] », annonce le Dr Benjamin Pradère, chirurgien urologue à Tours. Le diagnostic précoce de récidive (fréquente avec ce type de cancers) est désormais facilité par des biomarqueurs de différents types (ce qui permet de faire l’économie d’une cystoscopie de surveillance), ceci grâce à l’intelligence artificielle appliquée notamment aux données du registre français des tumeurs superficielles de la vessie. Enfin, chirurgie robotique ou à ciel ouvert, peu importe à condition que le chirurgien maîtrise sa technique… Si la durée d’hospitalisation et des saignements est moindre avec le robot, le bénéfice carcinologique est équivalent.   *Association de patients Cancer Vessie France, www.cancer-vessie.fr  

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