Un généraliste poursuivi devant l'Ordre pour avoir exclu un patient qui lui posait de nombreux lapins

20/11/2023 Par Mathilde Gendron
Déontologie
Le 9 novembre dernier, la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins a décidé de relaxer le Dr Louis-Adrien Delarue, généraliste à Angoulême (Charente). Suite à plusieurs lapins posés par un patient, le médecin avait décidé de le supprimer de sa patientèle.
 

Excédé par les nombreux lapins posés par l’un de ses patients, le Dr Louis-Adrien Delarue, médecin généraliste à Angoulême (Charente), décide de le rayer de sa patientèle. Le patient décide alors de porter plainte devant la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins pour manquement à la déontologie, manque de suivi, fausses facturations et invectives lors des consultations, indiquent nos confrères de La Charente Libre. “Nous avions eu un premier rendez-vous devant le Conseil départemental de l’Ordre des médecins. C’était une tentative de conciliation. Le but était de voir si le patient maintenait sa plainte”, reconnaît le généraliste. Mais la plainte n’a pas été retirée. Le patient comme le médecin ont alors été convoqués le 2 octobre 2023, cette fois-ci devant la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins. Le plaignant fut aux abonnés absents. “Cela m’a fait perdre une journée où j’aurais pu m’occuper de mes patients”, a de son côté déploré le généraliste. La chambre disciplinaire a rendu son verdict le 9 novembre dernier. Le médecin a finalement été relaxé. “C'est important pour moi car c’est la fin d’un an de stress. Surtout c’est un verdict important pour la profession, qui est sur les dents. Ça montre qu’on ne peut pas porter plainte en permanence. (...) Il ne faut pas avoir peur des tigres de papier”, a fait savoir le praticien. Le patient est, quant à lui, condamné à verser une amende de 500 euros pour plainte abusive. Selon le médecin, cette amende “solde l’histoire et résout une injustice en rééquilibrant les choses.” Le généraliste reste tout de même conscient que cette histoire n’est peut-être pas terminée. Le plaignant peut encore faire appel de la décision. “Si c’est le cas, je réfléchirai sans doute à une plainte au civil pour dommages et intérêts, dans la foulée du jugement du conseil disciplinaire”, indique-t-il, même s’il confie “ne pas en avoir envie”. “Je préfère passer du temps avec mes patients que dans une procédure”, poursuit le généraliste. [Avec La Charente Libre]

7 débatteurs en ligne7 en ligne
Photo de profil de D. Lef.
161 points
Incontournable
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Ayant été confronté au même problème, je vous donne l'astuce qui m'a été soufflé par un conseiller ordinal et qui m'a évité la chambre disciplinaire. Ne surtout pas jamais donner de motif du style "ne vient pas à ses RDV" "est odieux ou ordurier avec la secrétaire" "me doit plusieurs consultations" ou je ne sais quel autre motif. Dire que vous réduisez votre patientèle car vous êtes surmené, fatigué, âgé ou malade... et cela s'arrêtera au conseil départemental avec un rappel par courrier sur la continuité des soins. Hypocrite dans un monde d'hypocrisie. L'essentiel est de soigner ceux qui nous respectent et respectent les autres.
Photo de profil de BERNARD G
597 points
Incontournable
Médecine générale
il y a 2 ans
Il n'est pas toujours passionnant de se battre quand on a d'autres occupations. Il m'est tout de même arrivé 2 ou 3 fois d’être excédé par des lapins répétés ou un comportement inacceptable. Dans ce cas, consultation soigneuse et très calme très professionnelle. La ou les ordonnances qui suivent. Puis je rédige une dernière lettre (sur logiciel pour laisser des traces( et demande, sur le ton de la conversation : " Qui est Votre médecin traitant ? " " Mais Docteur, c'est Vous ! " " Non, désolé, jil va falloir faire un choix et voici une lettre que Vous lui remettrez pour le suivi " Pas d'esclandre, mais un des malades traités ainsi a failli s' étrangler d'étonnement, et en plus, ça s'est su.
Photo de profil de Anne-Bénédicte HOURST
380 points
Pédiatrie
il y a 2 ans
On m’avait jadis appris que «exercice libéral«  signifiait, entre autres, qu’il s’agissait d’un contrat librement signé entre les 2 parties et donc que chacune de ces parties pouvait refuser… sauf quand, comme le fait remarquer notre consœur le Dr Decott, il y a urgence. Libéraux nous n’assurons un service public que pendant des gardes éventuelles ! Je ne comprends même pas que le problème se pose… ou, aurai-je sauté une étape, on nous aurait retiré notre qualificatif de libéral ?
 
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