Diabète gestationnel : des arguments pour le traiter le plus précocement possible

26/06/2023 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie
Faut-il traiter le diabète gestationnel avant la 20e semaine de grossesse pour améliorer la santé de la mère et de l’enfant ?

La réponse à cette question n’est pas claire, ce qui a amené une équipe australienne à mettre en place une étude randomisée chez des femmes qui avaient un facteur de risque d’hyperglycémie et avaient donc réalisé, entre la 4e semaine et la 19e semaine de grossesse, une hyperglycémie provoquée orale (HGPO) avant la date habituellement recommandée (entre la 24e et la 28e semaine de grossesse) pour le diagnostic de diabète gestationnel (critères 2013 de l’OMS). Ces femmes ont été randomisées et ont, soit reçu un traitement immédiat du diabète gestationnel, soit n’ont reçu aucun traitement jusqu’au résultat d’une HGPO (refaite entre la 24e et la 28e semaine de grossesse (groupe témoin). L’étude incluait 3 critères d’évaluation principaux : un critère d’évolution néonatale (naissance avant la 37e semaine de grossesse, traumatisme de la naissance, poids de naissance > 4500 g, détresse respiratoire, nécessité d’une photothérapie, mortalité néonatale ou enfant mort-né, dystocie des épaules). Le 2e critère d’évaluation principal était les complications liées à l’hypertension gestationnelle (pré-éclampsie, éclampsie et hypertension gestationnelle) et le 3e était la masse maigre néonatale.  

Au total, 802 femmes ont été randomisées : 406 ont été assignées au groupe de traitement immédiat et 396 au groupe témoin. Les données de suivi ont été disponibles pour 98.9 % des femmes. L’HGPO initiale a été réalisée à une moyenne de grossesse de 15.6 ± 2 semaines. Un événement néonatal est survenu chez 94 des 378 femmes (24.9 %) dans le groupe traité de manière immédiate et chez 113 des 370 femmes (30.5 %) du groupe témoin, traité seulement après l’HGPO entre la 24 et la 28e semaine, donnant une différence du risque ajusté de -5.6 points de pourcentage (IC 95 % = -10.1 à -1.2). Les complications liées à l’hypertension pendant la grossesse sont survenues chez 40 des 378 femmes (soit 10.6 %) du groupe traitement immédiat et 37 des 372 (9.9 %) du groupe témoin, donnant une différence du risque ajusté de 0.7 point de pourcentage (-1.6 à +2.9). La masse maigre néonatale moyenne était de 2.86 kg dans le groupe traité de manière immédiate et 2.91 kg dans le groupe témoin, donnant une différence moyenne ajustée de -0.4 kg (-0.09 à +0.02).  

En conclusion, le traitement immédiat du diabète gestationnel, avant la 20e semaine de grossesse, conduit à une incidence modérément inférieure des complications néonatales en comparaison à l’absence de traitement immédiat. Il n’y a pas de différence matérielle pour les complications en rapport avec l’hypertension de la grossesse ou concernant la masse maigre néonatale.  

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