Le "patron" des patients dégomme à plein tube la liberté d'installation

03/07/2018 Par Sandy Berrebi-Bonin
Système de santé

Il ne va pas se faire des amis parmi les médecins. Alain-Michel Ceretti, président de France assos santé vient de publier une tribune intitulée "Déserts médicaux à qui la faute ?", dans les colonnes de What's up doc. Il y dénonce le "dogme" de la liberté d'installation et y égrène les poncifs habituels des partisans de la coercition.

  Attention, cet article risque d'en irriter plus d'un. Médecins 'responsables' de la désertification médicale, contrainte à l'installation, encadrements des honoraires… Tous les sujets qui fâchent y passent. Ces propos sont extraits d'une tribune publiée sur le site What'up Doc, signée par le président de l'association France-Assos Santé (nouvelle appellation du Ciss), Alain-Michel Ceretti. ""Non à la soviétisation de la médecine" ! Que n’ai-je entendu dans la bouche de médecins – amis, connaissances ou représentants syndicaux – les fois où je me suis aventuré à remettre en cause le dogme (il n’y a pas d’autre mot) de la liberté d’installation des praticiens...", s'indigne Alain-Michel Ceretti en préambule de son texte. "Est-il acceptable que des dizaines de milliers de Français doivent attendre des mois pour une simple consultation chez un ophtalmologiste ? Qu’en 2018, des chefs d’entreprise peinent à recruter des salariés parce qu’ils ne trouvent pas de médecin traitant sur place ? Qu’une personne âgée soit obligée d’attendre la venue d’un fils ou d’une nièce pour faire les 30 kilomètres qui la séparent de son généraliste ?", s'interroge-t-il. Devant les conséquences "dramatiques" de la désertification médicale qui poussent les patients à aller aux urgences parce qu'ils n'ont "pas d'autres solutions", Alain-Michel Ceretti tente de trouver des solutions. Il évoque ainsi l'hypothèse de "concevoir des formes nouvelles de permanence des soins" ou encore celle "d'impliquer d’autres professionnels comme les infirmier(ère)s dits "de pratique avancée", ainsi que "les pharmaciens d’officine qui pourront ainsi participer au suivi des patients". "Enfin, il faudra bien un jour ou l’autre aborder de front "la" question qui fâche ; à savoir la liberté d’installation" tonne le président. S'il admet qu'il ne faut pas "bouleverser d’un coup le système actuel", il rappelle que "le coût des études est entièrement pris en charge par la collectivité par le biais des universités et de l’hôpital public". "Une fois leurs études achevées, les praticiens peuvent s’installer en libéral où ils veulent et pratiquer peu ou prou les tarifs qu’ils désirent. Sans la moindre contrepartie. Est-ce bien normal ?", se questionne-t-il. Sans surprise, sa réponse est non. Il propose donc de "changer les règles du jeu". "Demain, dans les zones de densité médicale insuffisante, la liberté d’exercice totale resterait la règle. Dans les zones moyennement dotées, un effort de participation à la santé publique serait demandé aux jeunes médecins, par exemple au travers d’actions de prévention auprès des populations les plus fragiles. Enfin, dans les régions où les médecins sont déjà très nombreux, leur installation serait conditionnée : pendant une durée fixe, les nouveaux arrivants auraient l’obligation de consacrer une partie de leur temps à des missions de service public et pratiquer des tarifs encadrés", suggère-t-il avant de menacer, "qu’on ne s’y trompe pas : si aucune avancée ne se produit rapidement, les solutions risquent d’être plus contraignantes encore y compris en imposant à la fin des études quelques années de résidence dans des zones de désert médical". "Après tout, c’est aux médecins de s’adapter aux besoins des Français. Pas l’inverse", tranche-t-il.  

Le mot de la rédaction

Nous avons sollicité Alain-Michel Ceretti pour qu'il nous en dise plus sur cette tribune. Devant notre refus face à sa demande de lui envoyer les questions à l'avance et de relire l'interview avant publication, ce dernier a décliné. Nous rappelons que tous nos interlocuteurs (sauf cas exceptionnels) sont logés à la même enseigne à savoir qu'il n'y a pas de relecture avant publication. Nous enregistrons et restituons fidèlement les propos de nos interlocuteurs.
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La consultation longue à 60 euros pour les patients de plus de 80 ans et/ou handicapés est-elle une bonne mesure ?

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