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"Le combat de ma vie" : ancien carabin, il a tout quitté pour lutter contre les faux médicaments en Afrique

Révolté par la contrefaçon de médicaments dans le monde, Arnaud Pourredon a décidé d’agir. A seulement 27 ans, l’ancien étudiant en médecine a déjà lancé son application Meditect pour aider les pharmaciens africains à lutter contre ce fléau et à travailler plus efficacement. Ce jeune entrepreneur engagé dans la santé a bien voulu répondre aux questions d'Egora.  

 

En 2013, Arnaud Pourredon a 18 ans. Celui qui a toujours eu envie de faire médecine rentre à la faculté de Bordeaux. Le jeune Béarnais est d’abord fasciné par l’univers des urgences, puis la recherche. Mais avec le temps, c’est la santé publique et son impact sur la population qui le séduit. "Il faut s’occuper du côté curatif mais le côté préventif est aussi important !", relève-t-il.  

Deux ans plus tard, en 2015, le Népal est touché par une série de cinq séismes. Les dégâts sont considérables, près de 9 000 morts et plus de 22 000 blessés sont comptabilisés. Arnaud Pourredon décide de s’y rendre à l’occasion d’un stage humanitaire, organisé par son université. Il intègre un dispensaire, et s’occupe des stocks de produits. C’est ici qu’il découvre pour la première fois l'existence des faux médicaments. "On recevait des boîtes, sur certaines il y avait des fautes d'orthographe et on a vite compris qu'il s'agissait de médicaments contrefaits." Arnaud Pourredon est "choqué" et "révolté" par ce qu’il voit. "C’était très difficile de comprendre que des personnes soient capables de contrefaire, ce qui était à mes yeux, le plus précieux :  le médicament, c’est ce qui soigne, c’est un vrai crime !" Arnaud Pourredon parle même d’un triple crime : "Un crime contre la santé car les médicaments contrefaits tuent, un crime économique car les faux médicaments sont vendus sur le circuit parallèle et un crime contre la société car ils frappent les plus pauvres parmi les malades."  

Parmi les médicaments contrefaits, la plupart sont des antibiotiques, mais Arnaud Pourredon découvrira plus tard que tous les médicaments sont touchés par ce fléau. "C’est ça le vrai problème", confie-t-il, impuissant. Il réalise très vite que même les produits qu’il a lui-même prescrit ou délivré peuvent être des faux produits. "On a le sentiment d'être coupable d’un crime sans le savoir, d’être complice, potentiellement d’avoir tué des gens", regrette-t-il. Pour quelqu’un qui a toujours voulu faire des études de médecine, "c’est très difficile". Avec cette expérience, il a le déclic, il veut lutter contre cette fraude qui tue des milliers de personnes.  

 

Un "problème mondial"

Les faux médicaments peuvent être modifiés de quatre manières différentes : en supprimant le principe actif du produit, en le substituant par un autre, en diminuant ou en augmentant la dose du principe actif. Arnaud Pourredon assure que ces faux médicaments peuvent être à l’origine d’un décès du patient. Sur des pathologies comme le paludisme, un patient peut mourir après avoir ingéré un médicament contrefait. "Si vous essayez de soigner un paludisme alors qu’il n’y a pas l'artéméther [le principe actif du médicament contre le paludisme, NDLR], vous n’allez pas être guéri, et donc vous allez décéder de la maladie." En effet, le patient pense être soigné grâce aux médicaments, mais ces derniers, en l’absence du bon principe actif, ne le soignent pas. Également, ces contrefaçons peuvent provoquer des complications. "J’ai rencontré beaucoup de patients qui étaient victimes d’insuffisance rénale suite à la consommation de ces faux médicaments", reconnaît Arnaud Pourredon. En plus d’endommager la santé du malade, cela a une deuxième conséquence sur ses proches. "Dès que vous avez un membre de la famille qui est touché par une insuffisance rénale, toute sa famille va devoir se cotiser pour lui payer des séances de dialyses. Donc la famille va être épuisée financièrement", explique-t-il.  

Intéressé par sa découverte, il veut en apprendre plus sur la fraude aux faux médicaments. Un an plus tard, il décide de participer une nouvelle fois à des stages humanitaires. Cette fois-ci, il part à la conquête de l’Amérique du Sud, en Tanzanie et en Bolivie, où il travaille dans un hôpital de campagne. Arnaud Pourredon réalise que cette contrefaçon...

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