"Tout le monde ne doit pas passer par la même porte" : Avenir Spé défend un accès élargi aux médecins spécialistes
Publié début juillet, un rapport de l'Académie de médecine préconise d'ouvrir plus largement l'accès direct à certaines spécialités médicales, jugeant le passage "obligé" par le généraliste handicapant. Une position dénoncée par la quasi-totalité des syndicats représentatifs des médecins libéraux, à l'exception d'Avenir Spé. Auprès d'Egora, son président défend une "grande réforme" "du médecin traitant mais aussi de toute la filière".
Dans un rapport publié début juillet, l'Académie de médecine défend un assouplissement des conditions de recours aux médecins spécialistes. L'instance estime, en effet, que les difficultés d'accès aux médecins spécialistes sont "accentuées" par le passage obligatoire par un médecin traitant. "Le passage obligé par les médecins généralistes […] est un handicap particulièrement pénalisant en pédiatrie et en psychiatrie", y écrit l'instance. Et de plaider pour une "ouverture plus large à un accès direct à certains spécialistes de premier recours", comme les dermatologues, rhumatologues, urologues, etc.
Un discours qui n'a guère plu aux syndicats de médecins libéraux. Cinq d'entre eux (MG France, SML, CSMF, FMF, UFML-S), ainsi que les syndicats d'internes (Isnar-IMG et Isni) et plusieurs autres organisations (Reagjir, Médecins pour demain, SOS Médecins, les Comeli), ont dénoncé "cette remise en cause aussi brutale qu'injustifiée" du médecin traitant, "un dispositif pourtant reconnu par la littérature internationale comme un facteur clé de qualité, d'efficacité et d'efficience dans les systèmes de santé".
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Anne SAINT-MARC FUHRER
Oui
C’est évident une grève totale historique ville hôpital MG et spé pour les hésitants c'est maintenant ou jamais et pas un seul jou... Lire plus
"Parler du parcours médecin traitant comme d'un handicap, c'est confondre la boussole avec l'ornière", se sont-ils indignés, ajoutant qu'il s'agit d'un "professionnel de proximité, qui coordonne, qui suit, qui connaît ses patients et qui garantit, au quotidien, la cohérence des soins".
Avenir Spé est le seul syndicat représentatif des médecins libéraux à ne pas s'être associé à cette réponse. Contacté par Egora, son président, le Dr Patrick Gasser, prône une "évolution dans les prises en charge des patients". Pour lui, un cardiologue doit pouvoir adresser un patient qu'il a reçu à un pneumologue sans qu'il soit contraint de "repasser par la case départ". "Tout le monde ne doit [pas] nécessairement passer par la même porte." Ce qui ne signifie pas "qu'on va shunter le médecin traitant", assure-t-il.
Il faut une "grande réforme"
Patrick Gasser se défend de "créer une polémique avec les médecins généralistes". "Il n'est pas dans notre volonté d'enlever une prérogative particulière aux médecins généralistes", insiste-t-il. Le syndicaliste suggère toutefois de "faire le bilan du médecin traitant". "Le médecin traitant a été mis en place en 2004, aujourd'hui on est en 2024. Est-ce la population trouve que ça marche mieux ? Je n'en suis pas persuadé."
Le président d'Avenir Spé appelle à "une grande réforme, une réforme en profondeur, à la fois du médecin traitant mais aussi de toute la filière", afin de "définir les tâches des uns et des autres". "Chaque métier va évoluer en fonction des nouveaux outils que l'on va pouvoir avoir et utiliser ; un métier qui n'évolue pas est un métier qui est [voué à] mourir à terme", estime-t-il. "Il ne faut pas résister à ce changement, sinon ce sont d'autres qui prendront la place", met-il en garde.
"En définissant qui fait quoi, les patients s'y retrouveront mieux, auront un avis expertal à mon avis plus rapidement, on pourra mieux hiérarchiser les demandes et c'est ça qui est important", pense le président d'Avenir Spé pour qui c'est aujourd'hui qu'il faut "construire quelque chose de nouveau".
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