Les aliments ultra-transformes augmentent le risque de maladie cardiovasculaire

13/06/2019 Par Pr Philippe Chanson
Cardio-vasculaire HTA
La consommation d’aliments ultra-transformés a augmenté au cours des dernières décennies dans de nombreux pays et les études épidémiologiques ont trouvé des associations entre la consommation d’aliments ultra-transformés et une incidence supérieure de dyslipidémie chez les enfants et un risque supérieur de surpoids, d’obésité et d’hypertension de même que des risques supérieurs de cancer de manière globale et en particulier de cancer du sein dans la cohorte prospective française NutriNet Santé.

Diverses études mécanistiques suggèrent des effets cardio-métaboliques de plusieurs composés trouvés dans les aliments ultra-transformés mais on manque d’études épidémiologiques. L’étude NutriNet Santé 2009-2018 est une étude de cohorte de population française qui a inclus plus de 100 000 participants âgés d’au moins 18 ans, dont les consommations alimentaires étaient recueillies avec des questionnaires diététiques sur 24 heures permettant d’enregistrer la consommation habituelle de 3 300 items alimentaires à l’occasion de 5.7 questionnaires en moyenne par participant au cours du suivi. Ces aliments étaient classés en fonction de leur degré de transformation (classification NOVA). Dans la dernière étude publiée dans le BMJ, c’est l’association entre la consommation d’aliments ultra-transformés et les risques globaux de maladie cardiovasculaire, coronarienne et cérébro-vasculaire qui sont évalués. Après un suivi médian de 5.2 années, la consommation d’aliments ultra-transformés est associée à une augmentation du risque de maladie cardiovasculaire globale : pour une augmentation absolue de 10 du pourcentage des aliments ultra-transformés dans le régime, le hazard ratio est de 1.12 (IC 95 % = 1.05 à 1.2 ; p < 0.001). Le taux d’incidence dans le quartile supérieur des consommateurs d’aliments ultra-transformés est de 277 pour 100 000 personnes/année alors que chez les faibles consommateurs (1er quartile), il est de 242 pour 100 000 personnes/année. Pour le risque de maladie coronarienne, le hazard ratio est de 1.13 (1.02 à 1.24, p = 0.02) avec des taux d’incidence de 124 dans le quartile supérieur et de 109 pour 100 000 personnes/année dans le quartile inférieur de consommation d’aliments ultra-transformés. Quant au risque cérébro-vasculaire, le hazard ratio est de 1.11 (1.01 à 1.21, p = 0.02) avec des taux d’incidence de 163 dans le quartile supérieur et de 144 pour 100 000 personnes/année dans le quartile inférieur. Ces résultats restent statistiquement significatifs après ajustement pour différents marqueurs de la qualité nutritionnelle de l’alimentation (acides gras saturés, consommation de sodium et de sucre…). En conclusion, dans cette vaste étude prospective observationnelle, une consommation supérieure d’aliments ultra-transformés est associée à des risques accrus de maladies cardiovasculaires, de maladies coronariennes ou de maladies cérébrovasculaires. Bien sûr, ces résultats doivent être confirmés dans d’autres populations et il faut travailler sur la relation de cause à effet entre cette consommation et les pathologies observées mais différents facteurs dans la transformation comme la composition nutritionnelle du produit final, les additifs, les matériels de contact et les contaminants néo-formés pourraient jouer un rôle dans ces associations sans parler de l’augmentation de la prise calorique. Des études ultérieures sont nécessaires pour mieux comprendre leur contribution relative. Cependant, différentes autorités de santé publique dans plusieurs pays ont déjà mis en place des campagnes de promotion d’aliments non transformés ou peu transformés et recommandent de limiter la consommation d’aliments ultra-transformés.

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