L’everolimus efficace chez les patients ayant un insulinome métastatique et une hypoglycemie réfractaire

25/04/2013 Par Pr Philippe Chanson

Les insulinomes sont des tumeurs neuroendocrines localisées dans le pancréas et caractérisées par la présence d’hypoglycémies en relation avec une sécrétion excessive d’insuline. Ces tumeurs sont rares, leur incidence étant estimée à 1 à 3/million/an. Moins de 15 % de ces tumeurs sont métastatiques mais les patients qui ont un insulinome malin ont un mauvais pronostic avec un taux de survie globale à 5 ans estimé entre 16 et 55.6 %. Pour tenter de traiter les symptômes liés à l’hyperinsulinisme, on peut augmenter le nombre de repas et les enrichir en hydrates de carbone, on peut donner du diazoxide, des analogues de somatostatine et dans quelques cas la perfusion de glucose IV ou l’alimentation entérale. L’éverolimus est un inhibiteur de mTOR donné par voie orale ; des essais de phase 2 et 3 montrent qu’il améliore la survie sans progression de patients ayant des tumeurs neuroendocrines du pancréas bien différenciées. Mais ce médicament donne fréquemment des hyperglycémies, ce qui a donné l’idée de l’utiliser dans les insulinomes malins. Le Groupe Français des Tumeurs Endocrines (GTE) a donc mené une étude multicentrique, rétrospective chez des patients ayant un insulinome métastatique traités par everolimus afin d’évaluer le temps écoulé entre la mise en route du traitement et la première récidive d’hypoglycémie symptomatique. Douze patients ayant un insulinome métastatique avec une hypoglycémie réfractaire ont été traités par everolimus entre mai 2007 et juin 2011 et leurs données ont été revues. L’everolimus, dont la dose de départ était de 10 mg par jour, sauf chez un patient qui prenait 5 mg par jour, était donné après en moyenne 4 lignes thérapeutiques préalables. Après une durée médiane de 6.5 mois (extrêmes de 1 à 35 mois), le temps médian entre le début du traitement et la première récidive d’hypoglycémie symptomatique était de 6.5 mois (extrêmes de 0 à 35 mois). Trois patients ont arrêté l’everolimus du fait d’effets secondaires, cardiaques ou pulmonaires, après 1, 1 mois et demi et 7 mois de traitement, ce qui a conduit à 2 décès. Trois patients ont arrêté l’everolimus du fait d’une progression tumorale à 2, 3 et 10 mois après l’initiation sans récidive de l’hypoglycémie. En conclusion, chez les malades ayant un insulinome métastatique avec hypoglycémie réfractaire, l’everolimus est un traitement efficace. Cependant, la tolérance doit être suivie de manière soigneuse.

 
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