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Délais non respectés : un interne de 50 ans interdit de soutenir sa thèse

Fouad Yanouri, âgé de 50 ans, avait entamé des études de médecine après une première vie en tant que professeur de sciences physiques. Aujourd'hui à l'université de Reims, il ne peut soutenir sa thèse à cause de délais non respectés. Sa dernière chance de pouvoir exercer la médecine générale est un recours auprès du tribunal administratif.  

23/06/2025 Par Sandy Bonin
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L'histoire de Fouad Yanouri rappelle celle des privés de thèse soldée en 2018 par un accord politique. Cet interne en médecine de l'université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) dénonce une décision "inadmissible" de sa faculté qui lui refuse de soutenir sa thèse, invoquant des délais non respectés. Cet ancien professeur de sciences physique a repris ses études pour devenir médecin en parallèle de son activité d'enseignement. En 2008, il intègre le cursus au sein de l'URCA, à Reims dans la Marne. Après la validation de ses premier et deuxième cycles, il débute son internat.

Après des difficultés de validation de stages, qui obligent Fouad Yanouri à saisir le tribunal administratif - il sera débouté -, l'interne laisse de côté la médecine pendant deux ans et demi, pour reprendre le chemin de l'enseignement à temps plein. En 2021, il choisit finalement de trouver un nouveau stage en ambulatoire pour pouvoir valider son cursus de médecine. Il obtient finalement son diplôme d’études spécialisées (DES) de médecine générale en juin 2021. Il lui reste alors trois ans pour rédiger et soutenir sa thèse, rapporte France 3 Champagne-Ardenne

Fouad Yanouri décide d'enseigner à mi-temps pour avoir le temps de travailler sa thèse, consacrée à la formation initiale en médecine. Il achève sa rédaction en fin d'année 2024, avec quelques mois de retard.  

Il est impossible pour vous de pouvoir soutenir votre thèse

En janvier 2025, il sollicite auprès de la doyenne de la faculté de médecine son inscription en année de thèse, pour pouvoir programmer une soutenance. Son inscription pour l'année universitaire 2024-2025 est validée. L'interne pense alors que la dérogation pour soutenir sa thèse en dehors des délais lui est également accordée. Mais l'université lui refuse, en mars 2025, de soutenir sa thèse devant un jury. "N’ayant pas sollicité comme le rappelle le cadre réglementaire de dérogation dûment justifiée pour pouvoir soutenir en dehors des délais impartis, il est impossible pour vous de pouvoir soutenir votre thèse", précise un courrier signé par le président de l'université.

"L’université est tenue de se conformer au cadre légal. De plus, de nombreux internes, dans des situations parfois comparables, ont veillé à respecter les délais ou à solliciter en temps utile les dérogations nécessaires. Aussi accorder un passe-droit à M. Yanouri constituerait une rupture d’équité entre les candidats", précise l'université, contactée par France 3.

Fouad Yanouri, admet être hors des délais mais juge cette décision "complètement disproportionnée". Il a déposé le 11 avril dernier une demande de recours gracieux auprès de l'université qui, sans réponse, a été refusée.  

L'interne a déposé en main propre un courrier au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche à Paris, vendredi 20 juin, pour défendre son point de vue. Son dernier recours est de saisir la justice administrative. "Je suis obligé de faire un recours au tribunal administratif dans les deux mois, donc avant le 11 août. Si je ne le fais pas, la décision risque d'être irréversible", déplore celui qui, une fois thésé, envisage de faire des remplacements dans des déserts.  

[Avec France 3 Champagne-Ardenne]

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3 débatteurs en ligne3 en ligne
Photo de profil de Clement Runel
32 points
Infirmiers
il y a 16 jours
Je pense qu’il faut faire preuve de recul et de prudence. Moi aussi, j’ai eu une première vie professionnelle, et dans celle-ci, le seul moyen d’empêcher quelqu’un d’exercer — lorsqu’on estime qu’il n
Photo de profil de Bertrand De Cagny
532 points
Incontournable
Réanimation médicale
il y a 14 jours
Il serait temps de réfléchir à l'(in)utilité de ces thèses d'exercice (à ne pas confondre avec les thèses de sciences) qui ne servent à rien, prolongent inutilement un cursus déjà bien long, et font
Photo de profil de Guy Andre Pelouze
564 points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 20 jours
Remplacer dans les déserts. C’est à dire partout! Ensuite comment peut on justifier de passer outre la loi? Nullement mais il n’est fait mention d’aucun rappel , mise en garde ou accompagnement de
 
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