Médicaments rationnés, manque de nourriture… A Nouméa, l'hôpital est en "état de siège"
Alors que l'état d'urgence a été décrété par Emmanuel Macron en Nouvelle Calédonie, des soignants décrivent un hôpital "en état de siège" à Nouméa, transformée en "champ de bataille". L’archipel est secoué par la fronde des indépendantistes contre une réforme électorale votée par le Parlement.
A Nouméa, aux côtés de quatre de ses collègues du service gynécologie de l’hôpital calédonien, le Dr Florian Chay travaille comme il peut. Cela fait 48 heures que ces médecins, ainsi qu'"un pool de personnel médical et paramédical, font tourner l’hôpital de manière dégradée" et ne peuvent quitter les murs du centre hospitalier, situé légèrement à l’extérieur de la ville de Nouméa.
Débordées, les forces de l’ordre ne peuvent assurer la protection de l’établissement et de son personnel 24h/24. En sens inverse, aucun relais ne peut entrer, du moins sans prendre de risque personnel sur la route. "En termes de ressources humaines, ça commence à devenir difficile parce qu’on a tous des limites physiques", souffle la gynécologue Clothilde Dechanet.
Florian Chay a personnellement pris le risque de rejoindre ses confrères et consœurs mercredi après-midi, rapporte 20minutes.fr. Le médecin s’est caché dans une ambulance avec quatre autres praticiens pour prendre le moins de risques possible.
A l'hôpital, les professionnels de santé se voient obligés de rationner nourriture, médicaments, produits de soin. "On a à manger pour les soignants jusqu’à demain soir, pour les patients un peu plus. On compte les médicaments, les poches de sang, les compresses, parce que bientôt on n’en aura plus. En ce qui concerne l’approvisionnement pour le fonctionnement de l’hôpital, c’est compliqué", alerte ainsi Florian Chay. Le gynécologue estime que le site est en "état de siège".
Le bâtiment a même été visé dans la nuit, selon Clothilde Dechanet. Vers 4 heures du matin, elle évoque une tentative d’assaut de l’hôpital repoussé par la sécurité. "Ils ont aussi essayé de pénétrer dans la pharmacie pour la saccager", assure-t-elle. "Dans Nouméa, la moitié des entreprises sont brûlées, y compris des pharmacies, des écoles, des collèges, des mairies, des bâtiments qui normalement ne doivent pas subir de dommages", ajoute Cécile Boulet, médecin au service pédiatrie et néonatologie.
"Une dame a failli y rester parce que c’était impossible d’organiser son transport vers l’hôpital pour qu’on l’opère. Il a fallu la rapatrier avec l’hélicoptère de l’armée qui a fini par passer et nous l’amener mais à une heure près, elle était morte", raconte le Dr Chay.
Au centre Gaston-Bourret, le hall s’est transformé en lieu d’accueil pour huit femmes et leurs nouveau-nés. Elles pourraient rentrer chez elles si elles ne risquaient pas d’être attaquées à l’extérieur.
[Avec 20minutes.fr]
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