FMC : 10 points clésEczéma chronique des mains

Souvent d’origine multifactorielle et non exclusivement allergique, l’eczéma chronique des mains représente l’une des maladies professionnelles les plus fréquentes.

  1. 01
    Point formation n°1

    L’eczéma chronique des mains (ECM) est une entité dermatologie d’origine multifactorielle, qui évolue par définition depuis plus de trois mois ou par poussée, avec plus de deux récidives annuelles, malgré un traitement bien conduit et une bonne observance thérapeutique.

  2. 02

    Il n’est pas d’origine allergique à proprement parler. Le développement des lésions fait plus généralement intervenir des agents irritants ou caustiques, tels que les détergents, les huiles professionnelles…, qui s’associent à des facteurs endogènes (altérations de la fonction barrière cutanée), le tout pouvant survenir sur un terrain atopique.

  3. 03

    L’eczéma chronique des mains est un motif fréquent de consultation en dermatologie, représentant 20 à 35 % de l’ensemble des dermatoses des mains. On estime qu’entre 2 et 8,9 % des sujets adultes seraient concernés par l’ECM. Il survient généralement chez des sujets de moins de 40 ans (un malade sur trois a moins de 20 ans).
    Les femmes sont plus souvent concernées, même si la différence entre les sexes a tendance à s’estomper avec l’âge.

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    Les autres facteurs de risque sont l’existence d’un terrain atopique, et des facteurs génétiques. Les facteurs irritants peuvent être d’origine chimique ( détergents, produits acides ou alcalins…) et/ou mécaniques (frictions, microtraumatismes…). L’humidité, les températures élevées, l’occlusion (par la macération sous le port des gants) et l’hyperhidrose sont également impliquées.

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    Cliniquement, l’ECM se manifeste, en phase aiguë, par des lésions inflammatoires associées à un prurit intense, voire une sensation de brûlure. Mais les lésions sont souvent lichénifiées sur une peau sèche et rugueuse. La forme chronique est caractérisée par des lésions hyperkératosiques peu prurigineuses mais avec des fissures douloureuses parfois insomniantes.

  6. 06

    IL existe des formes cliniques bien identifiées :
    - La dermite irritative des mains résulte de l’application répétée sur la peau de substances chimiques irritantes (détergents, produits acides ou alcalins...), cette forme clinique étant partie intégrante du tableau d’eczéma chronique des mains (ECM).
    - L’atteinte dyshidrosiforme ou vésiculeuse, qui se caractérise par des vésicules prurigineuses et douloureuses touche la partie centrale des paumes.
    - L’eczéma lichénifié siégeant sur le dos des doigts et des mains se traduit par une peau épaissie, grisâtre.
    - La pulpite prurigineuse se développe principalement dans la zone anatomique de préhension (pouce, index, majeur, sur une ou deux mains).

  7. 07

    L’évolution des lésion d’ECM est aléatoire. Les lésions peuvent persister plusieurs années chez certains patients. Les poussées sont d’intensité variable chez un même individu.
    L’impact sur la vie quotidienne est important. L’ECM peut en effet entraîner un handicap physique mais aussi psychoaffectif. Sur le plan professionnel, l’ECM est un pourvoyeur majeur de maladie professionnelle. Ainsi, dans un cas sur deux, l’ECM est imputable à une origine professionnelle et est considéré comme l’une des maladies professionnelles les plus fréquentes, avec une prévalence de 9 à 35 % au sein des maladies professionnelles. Les professions les plus à risque sont les métiers de la métallurgie, de la coiffure, du bâtiment et de l’agroalimentaire (milieux humides, frictions…).

  8. 08
    Point formation n°8

    Le traitement préventif cible les facteurs irritants présents sur le lieu de travail, il fait appel à la substitution de ces produits et éventuellement à des mesures de protection.

  9. 09

    Le traitement symptomatique fait appel en première intention à des dermocorticoïdes puissants associés à des émollients et aux mesures préventives. En cas de persistance du tableau clinique d’ECM, l’alitrétinoïne est le traitement de deuxième intention à privilégier.

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    Peu d’alternatives sont disponibles (photothérapie). Des spécialités sont parfois utilisées en dehors de leur AMM (immunosuppresseurs).

Références :

- Halioua B, et al. Annales de dermatologie et de vénéréologie 2010;137:315-27.
- Spring P, et al. Rev Med Suisse 2012;8:736-42.

Dr Marielle Ammouche : journaliste, egora-Panorama du médecin, Global Média Santé. Elle déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.