Journées dermatologiques de Paris - Organisées du 11 au 15 décembre 2018, les Journées dermatologiques de Paris ont traité des nombreuses avancées dans cette discipline, tant d’un point de vue thérapeutique que sur le plan des pratiques professionnelles. Ainsi, de nouvelles données sur les biothérapies ont été présentées dans le psoriasis et la dermatite atopique. D’autres sessions ont abordé les problèmes posés la prise en charge de l’acné de la femme adulte, ainsi que l’avenir de la télédermatologie.
En effet, sur ce dernier thème, si on ne sait pas bien encore comment elle va s’organiser à l’échelle du territoire, la télédermatologie est déjà une réalité en France. Plusieurs programmes régionaux ont ainsi démontré leur utilité. "La dermatologie constitue un modèle pertinent pour la mise en œuvre de la télémédecine grâce à ses caractéristiques, avec notamment une part importante du diagnostic visuel dans la pratique clinique", mentionne le Dr Tu Anh Duong, dermatologue au centre hospitalier universitaire de Créteil (94). "Il est toutefois nécessaire de structurer cet exercice et de définir la typologie de patients qui pourraient avoir recours à la télédermatologie, malades de régions isolées, personnes âgées ou en Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), populations carcérales", est-il rappelé dans le Livre blanc de la Société française de dermatologie, récemment publié*. Même si on ne connaît pas encore le nombre de dermatologues français qui participeront à la télédermatologie, des expérimentations intéressantes ont été mises en place ces dernières années. C’est par exemple le cas en Corse, où 42 médecins généralistes ont communiqué avec 6 dermatologues experts pour améliorer le diagnostic et la prise en charge de tumeurs cutanées ou de plaies chroniques dans un contexte de baisse de la démographie médicale, de vieillissement et d’éloignement géographique de la population. Une étude, réalisée entre mars 2015 et mars 2016, à l’initiative de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS)-Médecins libéraux de Corse a démontré les bénéfices de l’initiative, qui a débouché sur 721 demandes de télé-expertise chez 706 patients. Soixante-neuf cancers ont été identifiés ; 35 plaies chroniques ont été guéries totalement et 80 % des déplacements ont été évités chez ces malades qui, pour 68 %, vivaient à plus de 25 km d’un dermatologue. "Compte tenu des résultats, l’Agence régionale de santé de Corse a confirmé son accord pour le prolongement de cette expérimentation en 2018 et compte sur l’application prochaine début 2019 d’une tarification CCAM** pour pérenniser l’activité", précise le Dr Tu-Anh Duong. En Île-de-France, le projet de télémédecine en unités de consultations et de soins ambulatoires (Teledermato Ucsa) met en relation centres pénitentiaires et services de dermatologie des hôpitaux d’Argenteuil (95) et de Saint-Louis à Paris, pour éviter des déplacements de détenus. Amélioration de la prise en charge des cancers cutanés A signaler aussi la mise au point d’une application mobile, adossée à la plateforme régionale Ortif (pour Outil régional de télémédecine d’Île-de-France), qui a permis à 91 médecins généralistes de la Seine-et-Marne, du Val-de-Marne et de Seine-Saint-Denis de solliciter l’avis de 10 dermatologues experts après envoi de photographies de cancers cutanés. Depuis janvier 2018, 75 demandes ont été envoyées, et le délai de prise en charge des cancers cutanés est passé, grâce à cette application, de 3 mois à 13 jours. Également déployé sur la plateforme régionale Ortif, le programme Telderm (Télémédecine en dermatologie). Initialement mis en place à l’hôpital Henri Mondor de Créteil (94), il permet aux urgentistes d’obtenir des avis dermatologiques, par exemple pour des diagnostics de toxidermies, et assure des expertises dans des neurofibromatoses, ou des fasciites nécrosantes. *Livre blanc. Les défis de la dermatologie en France. Société française de dermatologie. Septembre 2018 **Classification commune des actes médicaux (CCAM)
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