Personnes suivies pour troubles psychiques : 16 ans de vie en moins

17/09/2018 Par Marielle Ammouche
Psychiatrie
En plein débat sur l’insuffisance de moyens accordés à la psychiatrie en France, l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes) publie une étude sur l’espérance de vie des patients présentant un trouble psychique.

Ses résultats sont particulièrement inquiétants puisqu’ils mettent en évidence une forte surmortalité dans cette population. L’étude a comparé les décès chez les personnes suivies pour troubles psychiques (à partir du système national des données de santé, SNDS), avec ceux des principaux bénéficiaires de l’Assurance maladie. Il en ressort que l’espérance de vie à 15 ans des personnes suivies pour un trouble psychiatrique, toutes pathologies confondues, est de 48,9 ans pour les hommes et de 58,6 ans pour les femmes, soit une diminution de 16,4 ans et 12,9 ans respectivement par rapport aux autres bénéficiaires de l’Assurance maladie. Cet écart est particulièrement marqué pour les troubles addictifs (22,3 ans pour les hommes et 23,4 ans pour les femmes). Mais toutes les pathologies psychiques sont concernées, à l’image des troubles maniaques et bipolaires (-12,8 ans chez les hommes), et des dépressions et autres troubles de l’humeur (- 12,6 ans chez les femmes). Globalement, "ces individus ont des taux de mortalité deux à cinq fois supérieurs à ceux de la population générale, quelle que soit la cause de décès, et un taux de mortalité prématurée quadruplé", ajoutent les auteurs de l’Irdes. La part des décès prématurés (avant 65 ans) est aussi élevée, avec 28 % des décès dans cette population contre 20 %, ce qui correspond à un taux quadruplé par rapport à l’ensemble de la population. Chez les usagers de substances psycho-actives, elle représente même 73 % des décès, chez les personnes suivies pour des troubles psychotiques, 43 %, et chez celles présentant des troubles maniaques ou bipolaires, 35 % des décès. Les principales causes de mortalité restent le cancer et les pathologies cardiovasculaires (26 et 20% des décès). Mais les décès par causes externes (suicides, accidents de transport et chutes) arrivent en 3ème position  avec 10 % des décès, contre la 5ème position dans la population générale. Le suicide constitue le plus gros pourvoyeur de ces décès : 40 % des causes et même 57 % parmi les personnes suivies pour des troubles bipolaires (risque multiplié par 15). En revanche, chez les sujets dépressifs et névrotiques, les taux de décès par tumeurs, maladies cardiovasculaires et maladies du système respiratoire sont particulièrement élevés. Pour les auteurs de cette étude, "ces premiers résultats encouragent à développer des travaux visant à expliquer cette surmortalité ainsi qu’à mener en parallèle des actions ciblées pour réduire les inégalités de santé dont sont victimes les personnes vivant avec un trouble psychique".

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

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